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Editorial

Vouloir classer l'ensemble de la production tant littéraire que cinématographique ou bd en fantasy en multiples sous-genres avec un soucis quasi-scientifique serait une entreprise vaine. L'imagination s'y déploie avec tant de diversité et de vigueur que les cloisonnements sont parfois dépassés. Mais on va quand même tenter de vous présenter les principaux courants de la fantasy actuelle, histoire que ceux qui désirent avoir quelques repères soient contentés. Vous trouverez donc des références aux oeuvres marquantes dans chaque catégorie mais sachez que tout n'est pas répertoriez ici - loin de là - et que d'autres oeuvres tout aussi intéressantes ne peuvent y être rangées.

Les principaux courants

Heroic fantasy, encore appelé Sword and sorcery :

L'heroic fantasy, avant tout, met en scène un héros, de toute extraction sociale possible exceptées les plus hautes strates de la société. L'intrigue se focalise autour de lui. L'heroic fantasy a pour cadre un monde secondaire, totalement séparé du nôtre (au mieux, il lui est parallèle comme dans le multivers de Michael Moorcock), que ce soient des contrées mythiques comme l'Atlantide ou un monde propre à l'auteur, mais toujours un univers très fortement inspiré du Moyen-Âge européen. Le héros - qui ne semble guère vieillir - ne se repose que sur son force physique et son courage pour mener à bien ses aventures qui le voient affronter sorciers, dragons,... maléfiques qui, à la différence du héros, tirent leur puissance de forces surnaturelles. On peut voir l'heroic fantasy avec ces personnages au caractère bien trempé, bravaches, ou parfois rusés, comme l'héritière des romans de cape et d'épée. L'heroic fantasy propose ainsi des romans d'aventure qui n'a d'autre but que de divertir son lecteur.
Le terme d'heroic fantasy a été forgé par L Sprague de Camp pour qualifier l'oeuvre de R.E. Howard ; Fritz Leiber avait, quant à lui, inventé l'expression Sword and Sorcery qui est devenu peu à peu synonyme d'heroic fantasy (dans l'acceptation étroite qui est faite ici ; mais certaines personnes, de la vieillle garde, utilisent le terme d'heroic fantasy pour désigner ce que nous désignons par fantasy). Les premiers récits relevant de l'heroic fantasy parurent dans les années trente dans les pulps (magazines américains imprimés sur du mauvais papier, qui publiaient du fantastique, de l'heroic fantasy, de la science-fiction... avant la Deuxième Guerre et l'avènement du livre de poche). On peut citer ainsi : The Worm Ourouboros de E.R. Eddison, Cycle de Barsoom de E.R. Burroughs, Conan de R.E. Howard, Cycle des Epées de Fritz Leiber et Jiriel de Joiry, oeuvre ayant pour personnage principal une guerrière éponyme, la première du genre, que l'on doit à C.L. Moore.
Après guerre le genre connaîtra certaines évolutions comme avec Michael Moorcock dont Elric, anti-héros, est l'image complètement renversée du héros d'heroic fantasy tel qu'il était jusqu'alors : faible physiquement, albinos, nécromant...
L'humour devient plus présent, et les héros qui jusque-là ne comptaient que sur leur propre vaillance, apprennent à s'entraider et à faire des compromis. Après les cycles de high fantasy c'est l'un des genres les plus populaires aujourd'hui de la fantasy, Conan et ses compagnons ayant été tirés de l'oubli lors du succès du Seigneur des Anneaux dans les années soixante, d'une manière qui n'a pas toujours été au bénéfice de l'heroic fantasy. On pensera à certains navets cinématographiques...
Exemples :


High fantasy :

L'histoire, en high fantasy, est traitée avec un certain manichéisme dans sa représentation de la lutte du Bien contre le Mal, ce dernier finissant toujours par être vaincu, aussi puissant qu'il puisse paraître au début (et ce après pas mal de tomes reprocheront certains...). Une prophétie peut servir assez souvent de mécanisme narratif. Le canevas classique est la quête initiatique du jeune garçon promis à un grand destin - ou dont l'ascendance prestigieuse sera révélée -, que se voit entouré par un groupe d'aventuriers qualifiés (le vieux sorcier bien sympathique, le rusé de la troupe, etc). Ici plus qu'ailleurs peut-être on affectionne les longs cycles ce qui permet les mondes secondaires amoureusement dépeints par leurs auteurs - avec force cartes et arbres généalogiques au besoin - où l'on croise des civilisations non-humaines (elfes, naines, etc.), le développement psychologique, le recours à un grand nombre de personnages et d'intrigues secondaires. L'histoire se place le plus souvent au niveau des dynasties régnantes - dont le jeune héros fait le plus souvent parti en fin de compte, ou, en tous cas, évoluant au sein de cet univers; les mariages dynastiques sont l'occasion de sceller des amitiés et/ou régler certains problèmes. L'atmosphère est plus féerique que ce n'est le cas pour l'heroic fantasy qui se concentre, quant à elle, sur les scènes de combat (mais place est laissée aux scènes de bataille bien sûr en high fantasy).
Le Seigneur des Anneaux de J.R.R. Tolkien , à défaut d'être peut-être l'oeuvre fondatrice de ce courant, est en tout cas la référence en la matière (il est amusant de remarquer que cette oeuvre se démarque quelque peu de la définition de la high fantasy de par une "anti-quête" et l'ambivalence des personnages), et nombreux sont ceux qui en fantasy aujourd'hui se réclament de Tolkien. Katherine Kurtz, avec ses intrigues politiques, dynastiques, a oeuvré aussi à l'établissement de ce courant mais certains font remonter la high fantasy à Lord Dunsany . Aujourd'hui la high fantasy constitue une part majeur de ce qui se fait en fantasy, proposant de nombreux cycles (plutôt longs) dont le succès commercial ne se dément pas. D'où la dénomination de BCF - big commercial fantasy - que l'on doit au magazine Locus pour désigner ce sous-genre.
Exemples :

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Fantasy mythique :

Plus merveilleuse, plus proche du conte de fée et de la légende que les précédentes. Ce qui compte le plus, c'est sans doute moins l'intrigue ou les personnages que l'atmosphère, le monde de merveilleux, de légendaire qui y règne et berce le lecteur. On pourrait qualifier cette fantasy de contemplative. Ici se rencontrent souvent des variations modernes sur des contes, des légendes anciennes dont les auteurs ne gardent parfois que le ton, forgeant alors de nouveaux contes.
Exemples :


Fantasy burlesque (ou light fantasy) :

Ayant recours à des procédés comme la parodie, par son ton léger et bien souvent humoristique, la fantasy burlesque n'hésite pas à secouer les canons de la fantasy, s'en prenant particulièrement à l'heroic fantasy. De la fantasy distrayante par excellence.
Exemples :


Dark fantasy :

Il s'agit là d'une fantasy pessimiste, voire désabusée. Les rôles sont inversés par rapport à la high ou l'heroic fantasy ; c'est le Mal qui prend le dessus sur le Bien. La dark fantasy est une fantasy qui inclut des éléments d'horreur mais ça n'en devient pas pour autant de l'horreur. L'un des plus anciens auteurs de ce genre est Clark Ashton Smith qui faisait partie du cercle de Lovecraft, et a donc subit son influence pour les univers baroques et cauchemardesques.
Exemples :


Réalisme magique :

Ce courant désigne d'abord un mouvement littéraire apparu en Amérique du Sud au cours du 20ème siècle - mais en fait la littérature fantastique sud-américaine, que l'on appelle réalisme magique, ne relève pas toujours, loin de là, de la fantasy; le fantastique le plus pur, horrifiant, y est bien présent. En réalisme magique, la magie est nettement plus subtile que dans les précédents cas de fantasy, l'auteur porte alors un regard émerveillé sur le monde qui l'entoure, univers où s'entremêlent, fusionnent monde réel et monde imaginaire. L'oeuvre, en réalisme magique, se concentre souvent moins sur un personnage en particulier que sur une contrée, un pays, qui, bien que parfaitement ancré dans la réalité - parfois la plus crue - voit le merveilleux opérer. Le réalisme magique est particulièrement présent dans les pays qui ont acquis leur indépendance au milieu du 20ème siècle, jusque-là sous la tutelle des puissances européennes (aussi bien dans le domaine politique qu'intellectuel) : Inde, Afrique noire... où modernité et tradition se mêlent. Le réalisme magique constitue ainsi souvent une littérature engagée, portant un regard critique sur la condition humaine et la société.

Le réalisme magique " est fondé sur une représentation à la fois subjective et objective du monde, une représentation dans laquelle la fantaisie et la réalité ne s'opposent pas mais, au contraire, composent un tout indissociable " (Julio Cortazar, écrivain argentin, 1914-1984)
Exemples :

  • Livres : Cents Ans de Solitude de Gabriel Garcia Marquez, Les Enfants de Minuit de Salman Rushdie , Le Djinn dans l'Oeil-de-Rossignol (dans le recueil du même nom) de A.S. Byatt , En attendant le vote des bêtes sauvages d'Ahmadou Kourouma...


Fantasy urbaine :

A pour cadre notre univers moderne où les êtres féeriques n'existent pas seulement dans les histoires que l'on lit aux enfants. Mais là où le fantastique crée la peur, la fantasy urbaine nous plonge doucement dans le merveilleux... L'auteur dévoile ainsi souvent un autre monde où se sont réfugiés les créatures féeriques et parfois les exclus de nos sociétés modernes.
On devrait plutôt l'appeler fantasy contemporaine - mais "fantasy urbaine" est semble-t-il l'expression consacrée - car bien que le ville soit le cadre privilégié de l'action, elle n'en est pas toujours l'unique. La fantasy urbaine subit progressivement l'influence du réalisme magique, qui lui apporte problématique et réflexion sur la société en divers domaines.
Exemples :

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Science fantasy :

étiquette utilisée avec plus ou moins de justesse par les éditeurs. Et pour cause : il n'est pas toujours aisé de la distinguer de la science-fiction, si ce n'est qu'elle a recours au merveilleux et pas seulement à la technologie qui est parfois réduite à la portion congrue. On y rencontre la plupart du temps des cycles planétaires mettant en scène des migrants humains débarqués sur une planète puis étant retournés à une époque médiévale.
Exemples :


Fantasy animalière :

La fantasy animalière, comme son nom l'indique, a pour héros des animaux anthropomorphes. Ces animaux "savants" sont issus de différentes espèces, vivant en bonne harmonie ou s'affrontant. Il y a focalisation interne : on adopte le point de vue des animaux. Contrairement à la fable, ils ne sont pas - de manière évidente ou insistante quand c'est la cas - des parodies des hommes. Mais l'allégorie est souvent présente.
Exemples :

  • Livres : Le Vent dans les saules de Kenneth Grahame, Le Bois Duncton de W. Horwood , Rougemuraille de Brian Jacques (dont il a été tiré une série) , Watership Down de Richard Adams...
  • BD : De Capes et de Crocs, d'Ayrolles et Masbou.


Fantasy historique ou uchronie :

Cela peut aller d'une Histoire inaltérée, mais où oeuvrent dans l'ombre des sociétés secrètes, où ont lieu des conspirations à grande échelle, à une Histoire alternative, où le cours de l'Histoire a été complètement changé à un temps donné, où le merveilleux, la magie existe au vu et au su de tous. Les périodes de prédilections sont l'Antiquité gréco-romaine, le Moyen-Âge européen ou chinois (les " chinoiseries "), la Renaissance, la fin du XIXe siècle... Concernant cette dernière époque, on remarquera le cas où se rencontrent fantasy et steampunk dans un univers typiquement victorien.
Exemples :

  • Livres : Alvin le Faiseur d'Orson Scott Card , The Iron's Daughter de Michael Swanwick (steampunk-fantasy), , Ptah Hotep de Charles Duits (l'Empire romain n'est jamais tombé et est perpétuellemenr décadent)...


Une histoire de fantôme comme son nom l'indique, mais un fantôme à la personnalité bien définie - et pas seulement là pour épouvanter les passants - tient un rôle majeur dans l'intrigue.
Exemples :

On pourrait encore évoquer d'autres distinctions. On se contentera de celles-ci pour le moment...

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