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Neil Gaiman évoque Mirrormask, Death, et bien plus encore

Par Luigi Brosse, le vendredi 6 août 2004 à 19:58:29

Neil Gaiman, le genre de touche à tout que même les professionnels ont du mal à définir, n'est pas inconnu à la Comic Con de San Diego. Créateur de bandes dessinées (Sandman), romancier (American Gods), essayiste, diariste online, scénariste (Neverwhere), réalisateur (Death : The High Cost of Living, qui vient d'être annoncé), Neil Gaiman est peut-être un des plus fameux fantaisistes vivants aujourd'hui et aussi un des derniers reclus. Figure populaire avec ses nombreux fans et habitué de la Comic-Con, Gaiman apparaît cette année pour soutenir Mirrormask, un projet de film compliqué sur lequel il travaille avec le réalisateur Dave McKean et la société de Jim Henson qui existe depuis plusieurs années dans la création de films. IGN FilmForce a eu la chance de discuter avec Neil Gaiman et voici ce qu'il avait à dire...
Nous vous proposons aujourd'hui la traduction de cette interview.

L'interview traduite

Que ressentez-vous par rapport au circuit de convention et à quel point les fans se sentent-ils à l'aise par rapport à vous en ce moment ? Comme vous apparaissez souvent et que vous faites des séances d'autographes et que vous vous montrer vraiment, avez-vous le sentiment que des inconnus se permettent peut-être trop de familiarités avec vous ?
Oh, mon Dieu non ! Ils sont gentils. Mais c'est étrange. C'est comme si Ringo Starr arrivait à une convention des Beatles. La sécurité et ce genre de choses existent, donc je peux aller simplement d'un point A à un point B, autrement j'arrêterais.
En entretenant cela et en bâtissant une communauté de fans et en vous faisant un nom... est-ce que ça vous aide à Hollywood quand vous montez des projets tels que Mirrormask et d'autres, de la même manière que vous êtes capable de vous établir une image de marque ?
Je suppose... Je fais partie de ces gens qui existent dans une sorte d'état, comme le Chat de Schrodinger, dans le sens où il y a de nombreuses personnes dans le monde qui sont célèbres ou connues d'une certaine manière, même si on ne sait pas exactement ce qu'elles font. Alors que, j'existe comme... Ce n'est pas du genre Oh, Neil Gaiman ! C'est soit, Je n'ai jamais entendu parler de lui ou Oh, mon Dieu ! Neil Gaiman ! Il n'y a pas beaucoup d'intermédiaires. Ce qui tend donc à signifier qu'à Hollywood, les cadres et les gens parcourant les studios n'ont jamais entendu parler de moi. Ils ne lisent pas pour le plaisir ou d'une autre manière. D'un autre côté, quelque part parmi les gens qui travaillent pour eux se trouve quelqu'un qui lit pour le plaisir et en ce qui concerne cette personne, c'est Oh mon Dieu - c'est Neil Gaiman !
Alors quand vous entrez dans une pièce, vous évaluez tout de suite qui sera comme ça ?
Normalement vous le savez parce qu'ils viennent et ils vous trouvent dans le couloir et vous demandent de signer quelque chose. Donc c'est utile. Non, vous ne bâtissez pas une communauté de fans en disant, Oh, cela sera vraiment utile un jour d'avoir énormément de fans. Ce que vous faites, c'est que vous écrivez des bandes dessinées, des livres et ensuite ils sortent et ils se font des amis. Dans mon cas, il y a des choses étranges comme d'avoir le site web, qui était juste supposé promouvoir American Gods parce que j'allais tenir un journal pendant trois mois et à la fin de ces trois mois, cela aurait été comme d'arrêter l'héroïne. J'avais cette plate-forme ! A cet instant, je ne voulais pas l'abandonner parce que 20'000 personnes le lisaient. Je pensais, Whouah ! 20'000 personnes lisent tout ce que j'écris ! - ce qui était tellement génial. Le mois dernier, nous avions 680 000 visiteurs.
Si un auteur reçoit ses "jalons" en se liant à son lectorat d'une certaine manière, est-ce que vous trouvez une différence dans la façon d'appréhender l'écriture d'un autre projet ?
Eh bien, je pense que j'ai complètement abandonné l'idée de l'anonymat total de Thomas Pynchon (rires). Cela m'est maintenant refusé - à moins que j'aie décidé de faire le genre de choses de Richard Bachman et de créer une personne complètement nouvelle. Mais nous faisons partie d'un monde dans lequel un éditeur s'attend à ce que vous sortiez, et signiez des autographes. S'ils vous paient un million de dollars pour un roman, ils attendent de vous que vous vous démeniez d'une certaine manière. En fait, je parlais à un auteur nommé Steve Erickson il y a quelques années et j'ai dit, Quelques fois je pense que j'aurais dû suivre la stratégie de Thomas Pynchon. Et il a dit, J'ai déjeuné avec Thomas Pychon la semaine passée et nous parlions de sa stratégie et il a dit, Je ne pourrais pas faire ça maintenant. Des éditeurs voulaient des séances d'autographes pour le premier roman et je disais, "oui!" Il a réussi à être accidentellement anonyme au point de décider de le rester. Honnêtement je ne trouve pas du tout ça horrible... de mon point de vue, le fait d'avoir le journal est super parce que nous faisons une séance d'autographe cet après-midi. Dark Horse et la Legal Defense Fund mettent des billets en jeu et je peux publier quelque chose comme, De 14h à 15h nous ferons ça et ils mettront des billets en jeu et ainsi de suite et ils supposent que plusieurs milliers de personnes présents à la Comic Con voudront être au courant. Je peux mentionner le journal dans lequel nous sommes et le fait de faire le panel pour Mirrormask et les gens qui aimeraient savoir - ils sauront.
Pouvez-vous nous apprendre rapidement ce qui s'est passé avec Mirrormask depuis la présentation à la Comic Con de l'année passée ?
La meilleure chose que je peux dire, c'est que si vous voulez le savoir avec précision, venez au panel, ainsi vous entendrez Dave [McKean] car c'est celui qui l'a fait !
A quel point êtes-vous impliqué en ce moment ?
En fait, je suis très impliqué. J'étais à la projection la nuit dernière. Il y avait un moment après le premier montage où je devais faire quelques petites ré-écritures sur les choses que nous avons re-tournées parce qu'on n'en avait pas assez. Et il y a probablement certaines choses où je dirai, Oh, je dois écrire une ligne ou deux pour traiter ça. Mais c'est vraiment Dave. Mirrormask est un peu comme... en 2002, Dave et moi sommes partis pour dix jours dans la vieille maison de Jim Henson à Hampstead, une maison qu'ils n'avaient pas encore décorée jusqu'à ce que Jim meurt, ou la change d'une quelconque manière - nous avions un "Kermit" dans le couloir et des choses comme ça - et Dave et moi sommes arrivés avec l'histoire et avons écrit le premier brouillon du scénario. J'étais assis, en train d'écrire au sous-sol pendant que Dave était assis à l'étage, en train de jouer du piano. C'est un peu comme l'instinct paternel quand on a un bébé. J'ai eu deux semaines de plaisir. Dave a ensuite eu deux semaines de travail incroyablement dur, qui n'est pas encore tout à fait fini.
Quand vous voyez ce que McKean a fait, est-ce que ça représente ce que vous aviez à l'esprit pendant que vous tapiez au clavier ?
C'est Dave McKean ! Ce film est aussi étrange pour moi qu'il l'est pour n'importe qui, et je l'ai écrit ! Il y a une scène que vous verrez aujourd'hui où une fille est transformée en princesse par plusieurs poupées très bizarres et des boîtes musicales. J'avais écrit cette scène et je disais, Oh, Dave va faire quelque chose d'amusant avec ça ! Ensuite ce que Dave en a fait était au-delà de tout ce que je pouvais imaginer. C'est quelque chose de formidable.
Sur quoi êtes-vous en train de travailler en ce moment ?
J'écris un nouveau roman, c'est la chose principale sur laquelle je travaille en ce moment. Je suis à la moitié du prochain roman qui a comme titre provisoire Anansi Boys et c'est vraiment amusant. C'est un roman très différent de American Gods, de Neverwhere et de Stardust - bien plus amusant que ceux-ci, bien qu'effrayant d'une certaine manière. Donc je travaille là-dessus.
Et la prochaine chose qui sera à l'écran ?
La prochaine chose que je ferai et qui sera à l'écran - à moins que Bob Zemeckis ne finisse Polar Express en avance et commence soudainement la création de The Fermata, que j'ai écrit pour lui il y a quelques années, et qu'il a prévu de faire pendant Polar Express et il a ensuite découvert que ça occupait toute sa vie. Donc à moins que cela se produise, je pense que la prochaine chose sera Death, bien que New Line Video sortira le DVD de mon film, qui a été montré ici à la Comic Con l'année passée - A Short Film about John Bolton. Alors ça sortira en septembre.
Est-ce que le fait de savoir que lorsque vous travaillez avec un grand studio où une grande quantité d'argent venant d'une autre personne est en jeu et pas un petit projet indépendant que vous avez financé vous-même affecte votre sentiment concernant le fait d'assumer quelque chose comme ça - ou pouvez-vous contourner cela ?
Je ne sais pas. On verra. Le marché avec le diable pour Mirrormask était très simple. C'était, On vous donnera 4'000'000 de dollars. Vous ferez ce film de 40'000'000 de dollars avec ça, mais aucune personne ne viendra jamais vous faire des remarques. Et c'était le marché et ils étaient d'accord. Henson est arrivé. D'une part, nous n'avons pas eu assez d'argent pour faire le film, mais nous l'avons fait. Personne ne deviendra riche grâce à Mirrormask, mais comme l'a dit Dave McKean, Eh bien, faites-moi confiance - Ce que nous avons fait ! Avec Death par New Line - c'était annoncé dans Variety la nuit passée...
Félicitations !
Nous essayions de le mettre en place avec la Warner depuis des années car celle-ci en est propriétaire parce qu'ils possèdent DC, mais ça devenait juste stupide. Nous avons finalement obtenu le script que tout le monde aimait et j'ai dit, Ok, sommes-nous prêts ? et ils ont dit, Non, ça ressemble à un film de 12-15 millions de dollars. On a dit, Oui... et ils ont dit, Eh bien, la Warner ne fait pas ça. Alors ensuite nous devions trouver ce que nous allions faire et finalement New Line - qui est une subdivision de la Warner - a dit, Tenez le coup - nous pouvons le faire ! Nous ferons des petits films et nous adorons ça !
New Line a acheté des scripts et des livres et des licences et tout le reste maintenant, et ils se préparent à faire plein de films. Pensez-vous bientôt commencer ?
En ce moment, nous en sommes au point où New Line prépare les arrangements financiers à partir du script, et ensuite ils reviendront et je ferai un autre brouillon du script basé sur le budget, qui sera le genre de chose où ils diront, Eh bien, vous pouvez soit avoir le vaisseau spatial alien géant qui atterrit, soit la fille-qui-se-transforme-en-fleur, mais vous ne pouvez pas avoir les deux. Ou quelque chose comme ça. C'est le moment où je dis, Oh, ok.
Décrivez-vous toujours des vaisseaux spatiaux pour que vous puissiez dire ensuite, Oh, je comprends... au revoir le vaisseau spatial et finalement avoir ce que vous vouliez au départ ?
Non, je ne l'ai jamais fait. Bien qu'occasionnellement, quand j'étais très jeune, je mettais p***** où je savais que quelque chose de controversé pouvait se produire afin que l'éditeur puisse très fièrement enlever le mot p***** et laisser tout ce qui restait.
Quel serait, pour vous, l'endroit idéal pour tourner Death ?
On verra. Ca se passe à New York...
L'endroit le plus cher dans le monde pour tourner.
On m'a dit au départ, Eh bien, nous pourrions faire un tournage de trente jours à New York ou un tournage de quarante jours à Toronto. Qu'est-ce que vous préférez ? On verra. Je pourrais finir par le déplacer, ou le laisser où il est, mais transférer certaines choses. Je pourrais finir à Sydney. Je n'en sais rien.
Est-ce que ça vous enthousiasme d'assumer la réalisation de votre premier long métrage comme ceci ? Le public a tellement de bon sens aujourd'hui qu'il semble de plus en plus difficile d'effacer son incrédulité face à un projet de Fantasy où on ne dépense pas beaucoup d'argent. Quel est votre sentiment par rapport à ça ?
Intéressé ? Mmm... ça sera amusant. A la fin de la journée, j'adore trop le projet pour vouloir le donner à quelqu'un et dire, Oui, vas-y, p***** Je pense que c'est le même genre de chose que Frank [Miller] traverse avec Sin City. Vous ne voulez pas que quelqu'un d'autre parte et fasse le film Sin City. Si vous le faites, vous voulez que ce soit à vous. C'est Death et je peux imaginer trop de façons dont les gens peuvent le modifier. J'ai travaillé avec trop de réalisateurs qui n'obtenaient pas vraiment quelque chose et ensuite tout devenait étrange. Neverwhere. J'ai vu des choses se produire sur Neverwhere avec la BBC qui étaient fascinantes. Le meilleur Neverwhere jamais obtenu était la vérification du script autour d'une table. Puis le patron de la BBC a marché sur les pieds du réalisateur et disait - considérez une histoire mise en place à Londres - Je pense qu'il y a trop d'accents du sud de l'Angleterre - avec un héros Ecossais ! Pouvons-nous être un peu plus local ? Soudainement, cette note hasardeuse d'organisation décidait que ce personnage était maintenant Ecossais, cet autre personnage était maintenant Africain, et j'ai dit, Mais... ! Ca devenait simplement bizarre. Cela n'avait rien à voir avec de la création artistique. Cela concernait un idiot qui voulait justifier le fait qu'il avait un boulot.

Interview originelle
Traduction par Guybrush


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