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La Petite boutique de sortilèges

Titre VO: The Spellshop

ISBN : 979-102812409-0
Catégorie : Aucune
Auteur/Autrice : Durst, Sarah Berth
Traduction : Curie, Clémentine

Kiela a toujours eu du mal avec les gens.
Par chance, son travail à la Grande bibliothèque d’Alyssium lui a permis de vivre en recluse parmi les livres de sortilèges les plus précieux de l’empire. Mais lorsqu’une révolution éclate et que la bibliothèque part en fumée, Kiela et son assistant, Caz, une plante sentiente créée par magie, sauvent autant de livres qu’ils le peuvent et mettent le cap sur une île lointaine où Kiela était certaine de ne jamais retourner : la terre de son enfance.
Kiela espère faire profil bas dans la chaumière délabrée héritée de ses défunts parents. À son grand désarroi, en plus d’écoper d’un voisin aussi fouineur que séduisant, elle découvre que le village est dans un triste état. L’empire néglige depuis des années les gens qui dépendent de ses interventions magiques pour des récoltes fructueuses, et pire encore, la magie censée les aider a engendré des tempêtes destructrices qui ont fait des ravages sur l’île. Kiela résout de trouver un moyen d’arranger les choses… en ouvrant la toute première sortilègerie secrète de l’île.
Son plan n’est pas sans danger : partager la magie avec les gens du peuple est passible de mort. Et pour se faire une place parmi les habitants bienveillants et excentriques de son île, elle devra apprendre à abattre les remparts qu’elle a érigés.

Critique

Par Erkekjetter, le 15/07/2025

La révolution embrase Alyssium, l’empereur se fait défenestré, et un incendie se déclare dans la bibliothèque où travaille Kiela, alors qu’elle est encore en train de préparer des caisses de livres au cas où ça tournerait mal. Pour sauver sa peau et sa plante verte qui parle, elle prend donc la fuite à bord d’un petit bateau, jusqu’à trouver refuge sur la petite île qui l’a vue naître. 
Kiela est ce cliché de bibliothécaire qui n’aime rien d’autre que les livres et n’apprécie guère les contacts sociaux, qu’elle a réduits au strict minimum. Elle n’a vécu qu’entre les murs de « sa » bibliothèque ces dernières années, et bien sûr, en bonne citadine caricaturale, elle ne connaît rien à la nature, au jardinage, etc. À vrai dire, en dehors de son métier et du savoir théorique qu’elle a pu accumuler, elle n’a aucune connaissance pratique. Donc, se retrouver seule dans la maison familiale, abandonnée depuis longtemps, va se révéler compliqué à gérer. Romance oblige, son adorable voisin sexy sera là pour l’aider. 
Alors que la révolution aurait pu être un sujet intéressant à traiter, elle ne sert que de prétexte narratif pour déclencher le mouvement. Comme souvent dans ce genre de roman, l’univers n’est pas franchement développé. Il sert de toile de fond. On va ainsi se retrouver à croiser des personnages appartenant à divers peuples, mais sans avoir le moindre élément sur la société composée par tous ces gens. Kiela a elle-même la peau et les cheveux bleus, mais voilà, on n’en saura pas plus. 
Tout va se concentrer sur l’héroïne, qui va passer en vingt-quatre heures à peine de « c’est affreux d’être ici » à « oh là là c’est tellement merveilleux ». Ses difficultés sociales, mises en scène de façon un poil agaçantes, vont elles aussi se résorber très vite. L’intrigue ? Elle tient sur un Post-it plié en quatre. Tout repose sur l’aspect cosy-choupi. On a tout de même un élément perturbateur tardif et un semblant de péripéties, mais la construction paraît très artificielle et l’intérêt en est assez limité. L’utilisation de la magie décrite dans le roman évoque le techno-solutionnisme : tous les problèmes se règlent par ce biais, bien sûr ! Rien ne pousse sur l’île ? On compense avec la magie, plutôt que de trouver des espèces adaptées ou une manière d’enrichir le sol, bref, une solution qui ne rende pas les habitants dépendants d’une aide extérieure. Du coup, sans magie, eh bien, c’est la fin des haricots – assez littéralement. Et on pourra s’interroger sur la cohérence globale : ils manquent de nourriture, mais ils ont l’air d’avoir de sacrés stocks de farine, de cannelle et de sucre (s’ils ont un approvisionnement extérieur, pourquoi seulement ces denrées ?). Sans doute est-il plus vendeur de mettre en scène un beau gosse qui chevauche des créatures mi-cheval mi-poisson qu’un dompteur de betteraves sucrières… 
Reste que ce qui aurait pu être l’occasion de parler de bouleversements climatiques (l’île subit de violentes tempêtes magiques) se transforme en quête du bon sortilège. L’aspect politique, qui aurait pu être un sujet compte tenu du contexte (la révolution, l’organisation de la vie dans une petite communauté isolée et en difficulté, etc.), se résume à presque rien : l’entraide, c’est bien, et il faut que le savoir soit accessible à tous. Certes, on a affaire à de la cosy romantasy, mais cela n’empêche pas de mettre un peu de fond, sans que ça tourne au rébarbatif ou au manifeste partisan.
Ici, tout est incroyablement sirupeux. On se croirait plongé dans un pot de confiture, sans possibilité de s’en extirper : ça dégouline de bons sentiments à toutes les pages. C’est parfaitement volontaire et assumé de la part de l’autrice, pour le coup, qui voulait en gros retranscrire l’effet d’une tasse de chocolat chaud avec un roman, mais clairement, ça rebutera une partie du lectorat. C’eût été plus digeste si ça avait été un peu dilué. Il faut vraiment avoir besoin d’une intraveineuse de guimauve – et n’attendre rien d’autre – pour apprécier le texte. 

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