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Le tour des maisons d’édition d’Imaginaire en 2021
Par Gillossen, le vendredi 12 mars 2021 à 11:30:00
Le Bélial' - Olivier Girard
- Alors que 2020 se termine à peine, quel serait votre premier bilan, à chaud ?
- Eh bien comme tout le monde, j’imagine. Une année hors normes, vertigineuse, effrayante, fascinante. Une année de science-fiction, en quelque sorte. Editer, c’est anticiper. Nous travaillons sur des modules de projection à 3, 6, 12 et 24 mois. La crise sanitaire a balayé tout ça. Il a fallu s’adapter, parfois au jour le jour, sans aucune visibilité, décaler certains titres, avec cette difficulté supplémentaire propre au Bélial’ liée à la gestion d’un périodique, la revue Bifrost. À titre personnel, je suis tombé malade dès le début du premier confinement. Assez salement, tout en étant contraint de gérer des trucs aussi drastiques que le chômage partiel, la sortie de bouquins alors qu’on venait de fermer le rideau de la maison France (dont des livres aussi importants pour nous que la suite de Terra Ignota d’Ada Palmer), l’effet de sidération de toute la chaine du livre — diffusion, distribution, collaborateurs —, le paiement des imprimeurs ayant fabriqué des bouquins qui ne sortaient pas. Franchement, ça été chaud. Mais il y a aussi eu l’énorme mobilisation du lectorat au soutien du livre en général, de la librairie, de l’édition, notamment indépendante. Ça a été assez stupéfiant. Et vraiment hyper gratifiant. Avec pour résultat final que contre toute attente, le Bélial’ réalise une année comptable 2020 meilleure que 2019, qui était déjà une belle année. Je ne sais pas encore précisément de combien, je ne dispose pas de tous les détails du mois de décembre à l’heure où je te réponds, mais ce sera une progression à deux chiffres. Reste l’énorme incertitude de l’année qui s’ouvre à nous, et ce à tous niveaux, dans la mesure où la situation sanitaire est loin d’être réglée. Le nombre énorme de CV de traducteurs, de correcteurs et d’illustrateurs qu’on reçoit quotidiennement ici prouve combien, malgré tout, le secteur a dégusté, et souligne l’importante disparité des situations. Le mot d’ordre général est à l’hyper prudence, me semble-t-il.
- Avec la covid19, avez-vous senti un emballement au niveau du numérique par exemple ?
- Chez nous, c’est grosso modo une multiplication par deux, concernant le numérique. Pour le reste, comme je l’ai dit, on a globalement fait une bonne année. Si on va un peu plus dans le détail, ce qu’on constate au Bélial’, c’est que le fonds à très bien fonctionné. Plus que les années précédentes, je veux dire. La collection « Une heure-lumière » s’est bien comportée, de même que les titres « attendus » ou les auteurs « installés ». Sans surprise, on a gagné 10 % d’abonnés à Bifrost. En revanche, pour les titres moins évidents, les nouveaux auteurs, par exemple, les choses ont été beaucoup plus compliquées. Il faut dire qu’orchestrer un lancement sans le moindre salon, la moindre dédicace, le moindre événementiel ouvert au public, et surtout sans le conseil des libraires, c’est pas simple.
- Quelle place pour la fantasy dans votre programme 2021 ?
- Plus ou moins à la marge, comme d’habitude. Mais avec quelques beaux morceaux aux ambitions littéraires très marquées. Si on oublie la série « Terra Ignota » d’Ada Palmer et son troisième volet, La Volonté de se battre, qui sortira fin février prochain si Covid veut, un cycle dont certains aspects pourraient être considérés comme apparentés à de la fantasy, le lecteur francophone découvrira en mars Priya Sharma et son court roman Ormeshadow, un récit d’apprentissage âpre et bouleversant encensé par Jeffrey Ford et Tade Thompson, et lauréat du prix Shirley Jackson, une terrible plongée dans le terroir anglais de la fin du XIXe siècle. Et puis, toujours dans la collection « Une heure-lumière », Le Livre écorné de ma vie, de l’immense Lucius Shepard, qui signe ici son propre Au cœur des ténèbres (mais au Cambodge, sur le Mékong), un énorme morceau de littérature. Enfin, côté rééditions, on va aussi faire reparaître en « Kvasar » Les Quatre vents du désir d’Ursula Le Guin, son magnifique recueil lauréat du prix Locus 1983, qui sera pour l’occasion enrichi d’une très longue interview, sans oublier, en fin d’année, encore dans la collection « Kvasar », Le Grand Livre de Mars de Leigh Brackett (dans un nouveau format, donc, et sous une couverture inédite signée Guillaume Sorel). Autant de bouquins qui ont une « couleur » fantasy. Après, çà et là, il peut toujours y avoir des surprises dans Bifrost…
- Enfin, quel sera votre plus grand défi pour cette nouvelle année ?
- Garder la tête froide. Ne pas déroger à nos ambitions. Publier des auteurs francophones dans Bifrost. Parvenir à dormir plus de cinq heures par nuit —ce dernier défi, je le poursuis depuis plusieurs années en vain, mais je suis d’un naturel têtu…
Propos recueillis et mis en forme par Emmanuel Chastellière.
Pages de l'article
- Albin Michel Imaginaire - Gilles Dumay
- Simon Pinel - Les éditions Argyll
- Thierry Fraysse - Les éditions Callidor
- Aux forges de Vulcain - David Meulemans
- Le Bélial' - Olivier Girard
- Pygmalion - Florence Lottin
- Folio SF et Denoël Lunes d'Encre - Pascal Godbillon
- Le Livre de Poche - Martin Vagneur
- Fleuve Editions - Florian Lafani
- Les éditions ActuSF - Jérôme Vincent
- Les éditions du Rouergue - Olivier Pillé
- Les éditions de L'Homme Sans Nom - Dimitri Pawlowski
- Projets Sillex - Nicolas Marti
- Au Diable Vauvert - Marion Mazauric
- Les éditions Critic - Éric Marcelin
- Les éditions J'ai Lu - Thibaud Eliroff
- Les éditions Oneiroi - Camille Ragot
- Les éditions L'Atalante - Denis Detraz
- Les éditions Rivka - Milena Schwarzberg
- Les éditions Scrineo - Jean-Paul Arif
- Gulf stream éditeur - Angela Léry
- Les éditions Pocket - Charlotte Volper
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