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Les Chevaux célestes
Titre VO: Under Heaven
Catégorie : Aucune
Auteur/Autrice : Guy Gavriel Kay
Prix Elbakin.net 2015 - Meilleur roman fantasy traduit
On donne à un homme un coursier de Sardie pour le récompenser immensément. On lui en donne quatre ou cinq pour l’élever au-dessus de ses pairs, lui faire tutoyer l’élite - et lui valoir la jalousie, parfois mortelle, de ceux qui montent les chevaux des steppes. L’impératrice consort du Tagur venait de lui accorder deux cent cinquante chevaux célestes. À lui, Shen Tai, fils cadet du général Shen Gao, en reconnaissance de son courage, de sa dévotion et de l’honneur rendu aux morts de la bataille du Kuala Nor. On me tuera pour s’en emparer. On me réduira en charpie pour mettre la main sur ces chevaux avant même que j’aie regagné la capitale. » Deux cent cinquante sardiens, introduits par son entremise dans un empire qui éprouvait pour ces montures un désir insatiable, qui gravait à leur image des blocs de jade et d’ivoire, qui associait les mots de ses poètes au tonnerre de leurs sabots mythiques. Le monde vous offre parfois du poison dans une coupe incrustée de pierreries, ou alors des présents stupéfiants. Il n’est pas toujours facile de distinguer l’un de l’autre.
Critique
Par Gilthanas, le 25/06/2013
Prendre comme cadre la Chine de la dynastie Tang (618-907) pour un roman de fantasy, voilà le pari osé de Guy Gavriel Kay dans Under Heaven. Et le moins que l’on puisse, c’est que c’est un pari réussi.
Nombre d’historiens s’accordent sur le fait que cette dynastie cristallise l’apogée de la Chine classique en matière de raffinements, de culture et d’art. En s’en servant comme socle pour nous conter son histoire, l’auteur nous offre un voyage à travers le temps et l’espace, pour nous plonger au cœur d’événements qui vont changer à jamais la face de la Kitai (nom de cette Chine imaginaire).
Au fil de la lecture, on se surprend à se demander pourquoi ce roman se classe dans le registre de la fantasy, tant le travail de reconstitution de l’auteur est impressionnant de justesse et de maîtrise, comme toujours avec Guy Gavriel Kay. Tout ce qui fait l’apanage de cette période est fidèlement retranscrit : l’importance du culte des ancêtres, la poésie, l’étiquette, le protocole, le compartimentage de la société, l’équilibre des forces de la nature et bien entendu, les intrigues de cour.
Ce sont les mythes et légendes chinois qui donnent la matière à l’auteur pour introduire, par petites touches, la composante fantastique de son récit. D’abord très discrète, presque invisible, elle se révélera finalement un moteur de l’intrigue.
La force de ce roman tient en deux choses : d’abord le cadre, exotique et envoûtant, de cette Kitai au bord d’un grand bouleversement, mais aussi la profondeur des protagonistes. Si toute l’intrigue tourne du personnage de Shen Tai, celui-ci se retrouve vite ballotté par les courants du destin et de la politique de la Kitai par le don généreux d’une princesse étrangère : 250 chevaux sardes, réputés les meilleurs du monde, et biens précieux entre tous. Cet événement, d’apparence anodin, va déclencher dans l’empire des événements aux répercussions incalculables, dont Shen Tai va finalement plus être spectateur qu’acteur.
Les forces qui vont se mettre en branle le dépassent. Heureusement pour lui, il fera connaissance sur la route qui le mène à la capitale Xinan (dont le nom n’est pas sans rappeler Xi’an, capitale du premier empereur chinois) de personnages hauts en couleur, dont certains inspirés de figures historiques (notamment le poète Sima Zian). Alors que Shen Tai nous fait découvrir les méandres de la Kitai, sa sœur Li Mei nous emmène, elle, au-delà des frontières de la Grande Muraille qui entoure l’Empire, à la découverte des terres sauvages peuplées de nomades (d’inspiration turco-mongoles), là où s’estompe la frontière entre réel et magie. Son périple nous permet de porter un regard « extérieur » sur la Kitai, sur comment est perçu cet empire par les nations qui lui sont voisines et assujetties.
Car, au fil du récit, quelque chose devient de plus en plus clair pour le lecteur : la Kitai est la véritable héroïne de ce roman. On sent battre son cœur à travers les actions des divers personnages, on assiste aux mutations qu’elle subit, et on voit comment elle s’y adapte. Ses traditions sont malmenées, son territoire ravagé de l’intérieur et menacé de l’extérieur, mais elle reste présente à chaque instant au cœur du récit, que cela soit dans la description d’une ville et de ses habitants, dans un poème déclamé par Sima Zian ou dans la manière dont agissent les protagonistes. La Kitai est éternelle, peu importent les remous de son histoire.
C’est donc un roman fortement empreint de poésie que nous livre ici Guy Gavriel Kay. Cette dernière, présente presque à chaque page, constitue finalement le ciment de l’œuvre : elle permet de nous faire découvrir l’histoire et la mentalité de la Kitai, mais sert aussi d’indicateur à la pensée et aux actions des personnages. La crédibilité du roman est renforcée par l’évident travail de recherches historiques fait par l’auteur en préparation de l’écriture. Si vous aimez la fantasy historique, ou que vous souhaitez vous offrir un voyage dans un monde imaginaire, mais finalement très ancré dans notre histoire, n’hésitez pas. Pour les autres, Under Heaven sera un dépaysement assuré et un enchantement pour l’esprit, tant la poésie et la magie qui se dégagent du roman sont fortes.
9.0/10
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Auteur
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- Les Chevaux célestes
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- La Chanson d'Arbonne
- Le Fleuve céleste
- Enfants de la terre et du ciel
- All the Seas of the World
- Comme un diamant dans ma mémoire
- La Tapisserie de Fionavar
- La Mosaïque de Sarance
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- Interview de Guy Gavriel Kay sur Under Heaven
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