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Feuillets de cuivre

ISBN : 978-291768995-0
Catégorie : Aucune
Auteur/Autrice : Fabien Clavel

Prix Elbakin.net 2016 - Meilleur roman fantasy français

Paris, 1872. 
On retrouve dans une ruelle sombre le cadavre atrocement mutilé d’une prostituée, premier d’une longue série de meurtres aux résonances ésotériques. Enquêteur atypique, à l’âme mutilée par son passé et au corps d’obèse, l’inspecteur Ragon n’a pour seule arme contre ces crimes que sa sagacité et sa gargantuesque culture littéraire. 

Critique

Par Saffron, le 10/11/2015

Le steampunk traditionnel a beau plonger ses racines dans l’Angleterre victorienne, les auteurs français sont de plus en plus nombreux à s’approprier le genre et c’est tant mieux. Cette fois-ci, c’est au tour de Fabien Clavel de nous proposer sa vision d’un Paris qui aurait pu être, sous la forme d’un roman policier mâtiné de vapeur et d’éther. Pour les novices en la matière, la préface d’Etienne Barillier (auteur du Guide steampunk, de Tout le steampunk ! et généralement de plein de choses avec le mot « steampunk » dedans) permet de mettre en place quelques bases indispensables, même les éléments purement steampunk du roman sont discrets au point de se faire oublier.
La première force de Feuillets de cuivre est sans nul doute son personnage principal, Ragon, que l’on qualifierait d’atypique quel que soit le genre littéraire : souffrant d’obésité morbide, marié à une prostituée, d’une nature profondément triste et amoureux des livres jusqu’à l’obsession, l’enquêteur sort du lot, dans l’univers fantasy comme dans le roman policier.
La structure même du roman doit ensuite être soulignée. Car oui, c’est bien un roman, même si cela ressemble au premier abord à un recueil de nouvelles policières à la Conan Doyle. Il s’agit d’une série de courtes enquêtes étalées sur 30 ans (le prologue se situe en 1872, l’épilogue en 1912), qui nous permet de suivre toute la carrière de Ragon, de simple policier de patrouille à commissaire divisionnaire. Des enquêtes sans lien apparent, dont la logique se révèle finalement lorsque que Ragon rencontre son Moriarty à lui.
La première partie se lit donc comme une série télé policière classique (« le cadavre de la semaine », pourrait-on dire), éther, magie et automates en plus. Quant à la deuxième partie, elle s’articule autour d’un fil rouge machiavélique que Clavel maîtrise particulièrement bien. Le tout est rythmé par la constance de Ragon et par sa façon bien à lui de démasquer les coupables : en se basant uniquement sur… des livres.Car au fond, Feuillets de cuivre est une ode de 350 pages aux livres, à leurs auteurs et à l’influence qu’ils peuvent avoir sur notre vie… ou notre mort. La culture littéraire classique de l’auteur (et, par extension, de Ragon) est ébouriffante, encyclopédique, mais pas élitiste pour autant : le lecteur est subtilement guidé au fil des références, même s’il ne les possède pas, et n’est jamais laissé sur le bord de la route. Au-delà des livres, Fabien Clavel impressionne par ses connaissances en matière de musique et de peinture, et par une espèce d’intimité troublante avec le Paris de la toute fin du 19e siècle (on fait le pari que vous voudrez en savoir plus si la ligne 2 du métro et ses stations rebaptisées au fil des décennies).
Il faut lire la postface d’Isabelle Périer (ou avoir la même culture stupéfiante que l’auteur, mais c’est plus compliqué) pour en prendre toute la mesure, mais Feuillets de cuivre pousse très loin la métatextualité : entre les références évidentes à de nombreux auteurs, la réécriture d’extraits classiques, les « caméos » discrets de personnages historiques et la transversalité de certains personnages dans l’univers de Clavel, le roman ressemble à des poupées russes littéraires décorées avec du cuivre et des engrenages. Chapeau.
Vous l’aurez compris, Feuillets de cuivre n’est sans doute pas à conseiller aux allergiques à la littérature française dite « classique ». Pour les autres, c’est un univers particulièrement riche et mené de main de maître qui mérite le détour.


8.0/10

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