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Découvrez notre interview exclusive avec Tad Williams !
Par Gillossen, le vendredi 23 mars 2007 à 17:33:21
A l'occasion de la parution en français de Château d'Ombre, nous ne pouvions faire moins que de tenter d'en savoir plus auprès de l'auteur en personne, et c'est ce que nous vous proposons aujourd'hui même !
De cette nouvelle trilogie à sa carrière de façon plus générale, Tad Williams répond à nos questions ! Un entretien que vous pouvez retrouver traduit en français évidemment, ou bien directement en anglais.
Merci encore à Calmann-Lévy pour nous avoir donné cette opportunité.
Entretien avec Tad Williams, version française
- Le premier volume de la trilogie des Royaumes des Marches, Château d'Ombre, vient juste de sortir en France. Quelle est donc votre actualité du moment aux Etats-Unis ?
-
Shadowplay, le second volume, sera disponible en anglais le mois prochain (NdT : en fait, ce mois-ci, l'interview a été réalisée en février). Je suis présentement en train de travailler sur le troisième et dernier tome, Shadowrise.
- Pouvez-vous expliquer à vos lecteurs français comment est né le projet des Royaumes des Marches ?
-
Au départ, l'idée a pris forme quand j'ai eu l'opportunité de réfléchir à comment faire de la fantasy dans le cadre d'une série télévisée[1]. Le projet ne s'est pas concrétisé, mais j'ai beaucoup aimé l'histoire que j'étais en train de développer, alors j'ai décidé de tenter l'aventure d'un feuilleton sur internet[2], avec un chapitre toutes les deux semaines. Ce fut une expérience très amusante, mais je ne pouvais pas me permettre d'écrire une trilogie entière de cette façon (nous perdions de l'argent), alors je l'ai reprise en tant que roman.
- Quand avez-vous décidé que Château d'Ombre connaîtrait un destin plus classique ?
-
Quand il est devenu clair que j'aurais à écrire deux romans par an si un Château d'Ombre en ligne devait être l'un d'eux - car le roman imprimé aurait dû me rémunérer aussi pour l'écriture de Château d'Ombre. Ce qui n'était pas un très bon usage de mon temps et de mes ressources.
- Existe-il des différences entre la version en ligne et la version finalement publiée de façon traditionnelle ?
-
Oui, le roman est plus long et mieux écrit. Puisque je n'écrivais plus en ayant une date limite online en ligne de mire, j'avais donc du temps pour revenir en arrière, réécrire certains passages, polir le tout, et mieux préparer le terrain pour ce qui allait suivre. J'ai également ajouté un fil d'intrigue complètement inédit, avec Quinnitan, cette jeune femme du sud, qui n'apparaissait pas dans la version en ligne.
- Comparée à vos travaux précédents, est-ce que cette trilogie occupe une place spéciale dans votre cœur ?
-
C'est la première fois depuis des années que je me suis essayé à ce qui est considéré comme de la Fantasy Epique traditionnelle, et c'est donc très intéressant d'être maintenant un écrivain très différent, et de revenir à ce que certains considèrent sans doute comme mon domaine de jeunesse.
- Quelle a été votre réaction quand Calmann-Lévy a acheté les droits de Château d'Ombre pour la France ?
-
Satisfait, car il s'agit d'une maison de qualité et que j'aime avoir des relations solides avec mes éditeurs. Je préfère de loin construire une relation à long-terme que passer d'un éditeur à un autre constamment.
- A ce propos, avez-vous été consulté au sujet de la traduction française du roman ?
-
J'ai reçu quelques questions. J'apprécie toujours d'être consulté au sujet de mon travail.
- Château d'Ombre s'est hissé au 15eme rang des meilleurs romans fantasy de 2004 aux Locus Awards. Êtes-vous influencé par les critiques, ou recherchez-vous avant tout à écrire quelque chose qui vous contente ?
-
Je ne lis même plus que très rarement les critiques. J'avais l'habitude d'être très intéressé par ce que les gens avaient à dire de mes écrits, mais maintenant, j'ai atteint le point où je sais que les mauvaises critiques me déprimeront bien plus que les positives me remonteront le moral. De même, les gens savent généralement que je peux écrire passablement bien, donc c'est principalement la question de savoir si tel ou tel chroniqueur apprécie mon style ou pas.
- Les Royaumes des Marches avait donc été conçu au départ comme un film, puis comme une série télévisée. HBO vient d'acheter les droits d'adaptation du Trône de Fer. Y a-t-il donc encore de l'espoir pour votre propre roman ?
-
Oh, je suis sûr qu'un de ces jours, quelqu'un fera un film ou bien une série télévisée en se basant sur ma bibliographie. Si cela se fait, ce sera amusant, mais si pour une raison ou une autre cela ne se fait jamais au contraire, je ne serais pas particulièrement contrarié pour autant. Je suis très heureux de la façon dont la vie m'a souri jusqu'ici.
- Est-il possible de comparer Les Royaumes des Marches avec L'Arcane des Epées ? L'Arcane des Epées a été plusieurs fois réimprimée en France et représente toujours une trilogie majeure.
-
Je pense que j'ai la main plus sûre à présent en ce qui concerne la caractérisation des personnages, et Château d'Ombre utilise beaucoup ses personnages. Toutes les deux sont des histoires très vastes, de grande envergure, très semblables d'une certaine façon. Mais quoi d'autre ? Il y a probablement plus de monstres dans L'Arcane des Epées, mais il y a plus de dieux (bons ou mauvais) dans Les Royaumes des Marches !
- Désolé de vous embêter avec ça, mais peut-on encore espérer une suite ?
-
À L'Arcane des Epées ? Je ne sais pas. Mais ce qui est certain, c'est que je vais faire un ouvrage de nouvelles, avec une histoire bien structurée, se déroulant toutes dans le monde d'Osten Ard. Il faut juste que je trouve le temps.
- Alors que la traduction de Château d'Ombre arrive en France, nous attendons toujours la traduction de War of the Flowers[3]. Est-ce que l'on en découvrira un jour plus au sujet de Théo, le héros ?
-
Je l'espère. C'est l'un de mes romans favoris, et généralement celui que je conseille aux gens qui ne connaissent rien de mon travail et veulent essayer quelque chose.
- Vous êtes un auteur majeur dans le domaine de la Fantasy. Vous avez énormément de fans, et ce, dans le monde entier. Est-ce que leurs attentes vous pèsent parfois ?
-
Je dois dire que non, c'est même plutôt l'inverse. Ça ne me dérange pas d'avoir eu à abandonner ce brin de liberté que les attentes des lecteurs ont créé, en échange du plaisir de savoir qu'il y a en fait beaucoup de gens qui veulent lire ce que je vais écrire. La chose qui m'aide le plus à passer à travers les moments difficiles, eh bien, c'est de savoir qu'il y a des gens qui en fait attendent le livre qui est en face de vous.
J'avais l'habitude de penser que je recherchais la reconnaissance critique, mais je dois dire que bien que j'y ai eu droit au fil des ans, je m'y intéresse moins à présent. Je suis beaucoup plus intéressé par le fait d'avoir impliqué les lecteurs.
- Comment voyez-vous le genre Fantasy ? Quels sont vos auteurs favoris ? Est-ce qu'il peut y avoir un sens de compétition entre certains d'entre vous ?
-
La plupart de mes auteurs favoris, qu'ils soient encore de ce monde ou pas, sont du genre à ne pas réécrire encore et encore toujours une même sorte d'histoire. Parmi mes contemporains, j'en apprécie beaucoup : Dan Simmons, George R. R. Martin, Steven Brust, et China Miéville me viennent à l'esprit pour ce qui est plus particulièrement de la Fantasy, et des gens comme William Gibson et d'autres, pour ce qui est de la Science-Fiction, et aussi Neil Gaiman et Alan Moore, qui viennent tous deux du monde du comics (et font ce qu'il y a de mieux dans ce domaine, à mon avis.)
Pour ce qui est d'une compétition, je me sens toujours en train de concourir, mais pas forcément contre eux. J'essaie de me hisser au niveau de Charles Dickens, Victor Hugo, Thomas Pynchon, Jane Austin, William Shakespeare… De cette façon, j'ai toujours un but en vue. Comme le disait Browning[4], « Il faut vouloir saisir plus qu'on ne peut étreindre, - Sinon, pourquoi le Ciel? »
- Et pour finir, avez-vous un message pour vos lecteurs français ? Est-ce qu'on peut espérer vous voir faire le voyage un de ces jours ?
-
J'aimerais beaucoup revenir en La Belle France[5], je ne m'y suis pas rendu depuis au moins dix ans maintenant et cela me manque vraiment. Je serai à Epinal en 2008 de façon certaine, alors j'espère rencontrer beaucoup de mes lecteurs à ce moment-là, si ce n'est plus tôt !
Notes
[1] On peut trouver des traces de ce projet.
[2] Le site officiel, et notamment son forum, sont toujours actifs.
[3] Prévu en fait à la rentrée chez Fleuve Noir.
[4] Poète britannique (1812-1889) qui porta à sa perfection l'art du monologue dramatique avec des oeuvres comme Dramatis Personae ou l'Anneau et le Livre.
[5] En français dans le texte !
Pages de l'article
Auteur
Tad Williams
Biographie
Bibliographie
- La Guerre des Fleurs
- Caliban
- Légendes II
- The Dragon Book: Magical Tales from the Masters of Modern Fantasy
- Songs of the Dying Earth
- Warriors
- La Légende du noble chat Piste-fouet
- The Heart of What Was Lost
- L' Arcane des épées
- Les Royaumes des marches
- Bobby Dollar
- La Ferme des dragons
- The Last King of Osten Ard
Les interviews
- Tad Williams répond aux questions
- Découvrez notre interview exclusive avec Tad Williams !
- Imaginales 2008 : les interviews !
- Tad Williams revient avec Shadowmarch
- Interview carrière : Tad Williams
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