Vous êtes ici : Page d'accueil > Interview > Interview traduite

Interview carrière : Tad Williams

Par Nak, le mardi 2 novembre 2010 à 15:46:18

TadTad Williams est un auteur de science fiction et de fantasy qui a écrit de très bons romans, comme la série Autremonde ou la série L'Arcane des épées.
Les Royaumes des marches est sa série actuellement en cours, dont le troisième des quatre tomes est prévu pour début 2010, sous le titre Shadowrise. Il écrit également une série pour jeunes adultes Ordinary Farm avec Deborah Beale, son épouse : le second volume, prévu pour 2010, s’intitule A Witch at Ordinary Farm. Si vous n’avez jamais lu ses œuvres, nous vous conseillons de commencer avec L'Arcane des Epées bien sûr… ou de lire l’interview que voici pour en apprendre plus sur l’auteur !

En discuter sur le forum

L'interview traduite

Sur votre site vous dites que vous avez fait plus de boulots que n’importe quelle personne saine d’esprit voudrait bien l’admettre. Sans inclure l’écriture, quel est le travail que vous avez le plus aimé ? Le plus détesté ?
Que j’ai aimé le plus ? Peut-être travailler chez Apple, surtout parce que c’était intéressant d’observer la culture de cette entreprise. J’ai aussi bien aimé faire des extraits de films éducatifs et des manuels en tant qu’artiste technique. C’était une boîte sympa et j’appréciais beaucoup les gens. J’étais le meilleur pour dessiner les mains ! Celui que j’ai le moins aimé c’était surement le temps que j’ai passé à faire du porte-à-porte en costume-cravate, pour réclamer les loyers impayés auprès de gens qui n’en pouvaient plus, qui étaient tristes, au bout du rouleau.
A quel moment de votre vie avez-vous décidé que vous vouliez devenir écrivain ?
Quand on m’a offert mon premier contrat pour une série de livres. J’ai toujours su que je voulais être un CRÉATEUR, mais quant à savoir quelle forme allait prendre ces créations, ce n’était pas encore bien défini. Si on m’avait d’abord proposé un contrat pour faire des cartoons ou écrire des scénarios, on aurait réalisé une interview très différente aujourd’hui.
Comment avez-vous décroché la première grosse vente chez DAW (NdT : éditeur américain de SF/Fantasy) ? Avez-vous pris un agent avant de soumettre votre manuscrit ?
Nan, j’étais un auteur roue de secours – en d’autres termes sur le côté de la pile. On a tous été chanceux que ça marche ; finalement on s’est entraidés pour vendre quelques livres au fil des années.
Si vous deviez choisir une date à retenir dans votre carrière d’écrivain, ce serait laquelle ?
Oh, je pense recevoir ma première lettre d’acceptation. C’est à ce moment-là que vous vous rendez compte que c’est réel. C’est là que vous commencez à penser, Peut-être que ma vie prend forme après tout… !
La série Autremonde est une de mes séries préférées. Mais un voyage de milliers de kilomètres commence avec un simple pas, donc quel a été votre premier pas quand vous avez eu cette idée. Quand est-ce que l’intrigue pour cette série a commencé à faire boule de neige dans votre tête ?
Je disais à l’époque (sincèrement) que ça a commencé quand j’ai entendu l’auteur de Et au milieu coule une rivière être interviewé à la radio, et que j’ai commencé à penser aux rivières comme des métaphores, puis à une rivière qui était SEULEMENT une métaphore, ce qui m’a ensuite conduit à la rivière virtuelle de l’histoire. Mais j’ai réalisé plus tard que ça a vraiment commencé quand j’avais six ans et que j’étais captivé par l'attraction du Pays des Contes de Fées à Disneyland, où Blanche-Neige s’assied dans le bateau et dit, Oh regardez, il y a le manoir du crapaud ! Et le château de la Belle au Bois Dormant ! alors que vous passez devant ces petites miniatures. Cette idée – d’avoir toutes les histoires sur la rive d’une seule rivière – a été la véritable genèse de Autremonde.
Très tôt dans L'Arcane des épées, il y a une scène où Simon se glisse furtivement dans la salle du trône et regarde le trône, une scène qui prendra tout son sens deux livres plus tard, dans une révélation sur les véritables origines de Clou-Radieux. Est-ce que vous mettez plus d’efforts dans ce genre de scène, parce que vous savez qu’elle se rattachera à une autre plus tard ?
Non, parce que souvent je ne sais pas pourquoi ça a tant d’importance quand je l’écris. (Dans ce cas précis, je ne me rappelle pas très bien ce que je savais déjà.) Si je le découvre plus tard, je peux faire quelques changements de réécriture pour être sûr que ce que je veux voir apparaître est bien clair sans en dévoiler trop, mais souvent je laisse en état pour que ça coule de la manière la plus naturelle possible. Je suis assez fier du fait que la meilleure façon de lire mes livres soit lors d'une relecture, pour repérer les choses qui avaient été reléguées au second plan la première fois.
L’expérience a-t-elle été différente entre soumettre puis publier un livre pour jeunes adultes et un roman pour adultes ?
C’est difficile à dire, parce qu’il y a eu beaucoup de hauts et de bas pour celui-là – notre maison d’édition a dû laisser partir plusieurs éditeurs, dont un des nôtres qui avait fait grand cas de notre livre. On a ensuite été confiés à un nouvel éditeur dont la charge de travail venait de passer d’environ 18 livres à 60. Elle a fait un travail formidable, mais nous n’avons pas eu autant d’attention que ce que nous aurions pu avoir. J’en saurai plus quand les choses se seront un peu stabilisées.
Est-ce que la co-écriture a été différente de l’écriture solo ? C’est plus ou moins difficile ? Comment vous et Deborah vous partagez-vous le travail ?
Le premier livre allait dans tous les sens parce qu’on l’a commencé et retravaillé plusieurs fois. En général on se met d’accord sur l’intrigue, ensuite Deborah écrit le premier jet, puis je réécris puis on se passe le manuscrit de l’un à l’autre jusqu’à ce qu’on soit satisfait. Quant au processus en lui-même, on ne l’a pas assez expérimenté pour que je puisse être plus spécifique – après avoir réécris le second tome je serai plus à même de généraliser. Mais j’aime beaucoup faire ça et elle est une excellente collaboratrice (et ma personne préférée).
Quand vous écrivez une série, à quel point planifiez-vous à l’avance ? Savez-vous comment ça va se terminer avant d’avoir écrit le moindre mot, ou est-ce que tout est un peu dans le flou jusqu’à ce que vous arriviez à la fin ? Vous préférez dresser les grandes ou au contraire être très précis ?
Je marche toujours sur la corde raide entre trop de grandes lignes et pas assez. Si vous planifiez tout, alors vous perdez en spontanéité, sans parler du fait qu’avec un très gros livre c’est un exercice théorique très complexe – vous ne pouvez PAS imaginer tout ce qui se passera. Mais si vous ne faites aucun plan alors toute votre structure en souffre, l’histoire part dans tous les sens, toutes sortes de mauvaises choses arrivent. Donc c’est à vous de trouver l’exact point d’équilibre entre les deux, d’apprendre à croire en vous-même et d’y aller.
Qu’est-ce que vous préférez lire, la Science-fiction ou la Fantasy ?
Ca n’a pas d’importance. Ce que j’aime le plus c’est une bonne histoire – et c’est vrai même pour de la non-fiction. L’apparence extérieure que cela prend n’entre presque pas en compte, bien que j’aime les choses fantastiques. Mais si vous me demandiez de nommer mes dix livres préférés ils seraient assez également répartis entre les différents genres de fictions, d’histoires et de journalisme.
Quel est votre environnement d’écriture idéal ?
Une pièce avec une vue sympa sur l’extérieur, un bon éclairage, et beaucoup de matière à réflexion à portée de main (ce qui, dans mon cas, veut dire surtout des livres et internet). J’utilise un ordinateur, donc j’ai besoin de ça aussi. Et j’aime le calme, mais je ne suis pas non plus un enragé du silence.
Si vous pouviez donner un seul conseil aux apprentis écrivains, qu’est-ce que ce serait ?
Écrivez. Écrivez et écrivez et écrivez. Oh, et finissez les choses (Ca fait deux, je sais. Hey, vous parlez à M. Livres Énormes.)
Si vous pouviez rencontrer un personnage de fiction qui n’ait pas été créé par vous, lequel ce serait et pourquoi ?
La Fée Bleue (NdT : de Pinocchio !), pour qu’elle fasse de moi un vrai petit garçon.
Quel est le dernier livre que vous ayez lu ?
Le dernier livre que j’ai TERMINÉ ? Now Dig This — the Unspeaking Writings of Terry Southern. Le dernier livre que j’ai lu… Probablement une douzaine de pages de La bataille de Hastings ce matin en promenant les chiens.
Votre livre préféré ?
Un de ceux-là : Le Seigneur des Anneaux, Riddley Walker, Fear And Loathing In Las Vegas, The Proud Tower, The Once And Future King.
Quel est votre auteur préféré ?
Je ne pourrais pas en choisir un. Moi je suppose, parce que je suis toujours content quand de bonnes choses arrivent à cet auteur-là.
Quel est le dernier film que vous ayez vu ?
Au cinéma ? La-haut. A la télévision ? Loudquietloud : A Film about the Pixies.
Quel est votre film préféré ?
Choisissez : Le magicien d’Oz, The tin drum, Topsy-Turvy, Taxi driver, My fair lady.
Est-ce qu’on devrait surveiller des publications de votre part prochainement ? Pouvez-vous nous en dire un peu à leur sujet ?
Les troisième et quatrième parties (la fin ; NdT : soit du 5e au 8e roman pour nous en France si j’ai bien compté…) de la série des Royaumes des marches sortiront au printemps prochain, Shadowrise et Shadowheart. Peu de temps après il y aura notre second livre Ordinary Farm, provisoirement intitulé A Witch at Ordinary Farm.
Avez-vous du travail en cours dont vous aimeriez nous parler ?
Juste un nouveau lot de livres, qui devraient être un peu différents – plus courts, plus modernes, mais toujours pleins d’action ! (Désolé, je me suis mis dans la peau de Stan Lee pour un instant.) Le premier devrait s’appeler Sleeping Late on Judgement Day.

Interview originelle
Traduction réalisée par NAK


Dernières critiques

Derniers articles

Plus

Dernières interviews

Plus

Soutenez l'association

Le héros de la semaine

Retrouvez-nous aussi sur :