Le Hobbit

ISBN : 978-226702389-3
Catégorie : Aucune
Auteur/Autrice : John Ronald Reuel Tolkien

(Bilbo) le hobbit est sans doute l’un des livres de fantasy les plus célèbres et les plus lus au monde.

Sauf qu’en vérité, ce n’est pas un livre qui se lit ; c’est un conte que se laisse écouter, suspendu au discours bienveillant de l’auteur qui nous fait la grâce de ses commentaires. Il arrivera fréquemment que le lecteur soit directement l’interlocuteur attentif d’un narrateur omniscient qui ne dévoile que ce qu’il convient de savoir.

 

 

Critique

Par Foradan, le 18/12/2012

L’histoire est simple et relativement courte : Bilbo doit accompagner les nains et le magicien pour voler l’or du dragon.

Ce qui est particulier, c’est que Bilbo n’a absolument rien d’un aventurier, et pourtant, le voilà qui part en courant sans même prendre un chapeau, un  manteau, un mouchoir ou un sac. Il va subir l’aventure en regrettant d’être parti, sans même se rappeler pourquoi il a franchi le seuil de sa demeure.

En tant que lecteurs-auditeurs, nous suivons les malheurs de Bilbo, tout en nous demandant pourquoi le livre porte son nom.

Et pourtant, il suffit qu’il se retrouve seul, face à un grand péril, sans autre secours que son courage et son esprit pour qu’il se retrouve à jouer un rôle qui se révélera crucial dans l’Histoire de son monde… mais ça, ce sera pour plus tard.

Pour l’heure, il a découvert et survécu à l’aventure en solitaire, et il ne va plus s’arrêter de montrer sa valeur à ses compagnons de route, mais à sa manière, discrète et sans forfanterie, allant jusqu’à se mesurer à un dragon authentique, féroce, rusé, cruel et bouffi de certitudes.

L’histoire pourrait s’arrêter là, mais c’est un livre qui a été conçu pour plaire à un public jeune et curieux, la fin nous ramène donc là où tout a commencé – après tout, c’est l’histoire d’un aller et retour – pour découvrir que l’aventure peut s’arrêter d’un coup devant la vie de tous les jours ,aussi soudainement qu’elle avait pris vie, ou plutôt, que la vie de tous les jours peut être une aventure du quotidien.

Ainsi, ce petit livre sympathique nous montre comment il est possible d’être pantouflard, peureux, citadin, rondouillard, velus des pieds, vraiment pas grand et devenir un héros parmi les elfes, les nains et les hommes de lointaines contrées, tout en restant la même personne dans son quartier : même en terre du Milieu, nul n’est prophète en son pays.

Cependant, l’extrême richesse de ce livre permet aussi d’y voir des subtilités, des inspirations. Il est possible, à qui tend l’oreille, de discerner la psychologie des personnages selon leur registre et leur rythmique d’expression :  la détermination des nains, l’insouciance des elfes, la naïveté hobbite, la cruauté des gobelins, la malice du dragon, la duplicité de Gollum, la colère des araignées, chacun s’exprime d’une manière qui lui est propre, l’auteur n’hésitant pas à faire part de son opinion sur les – ridicules – chansons des elfes ou sur ce qui se passe dans la tête d’une araignée géante.

C’est également un enseignement très précieux sur les dragons : il est assez rare que les dragons tiennent de longs discours - que l’on puisse rapporter sans se brûler les doigts - pour que les discussions entre Bilbo et Smaug soient observées avec attention.

En prenant un peu de recul, le Hobbit est la porte d’entrée idéale pour découvrir un monde plus vaste, il est le premier pas qui part du chez soi confortable et qui mène aux montagnes lointaines, à la tanière du dragon et encore au-delà pour qui ne prend pas garde où le mène ses pieds.

Il faut alors le considérer comme étant partie de la grande histoire d’Arda, notamment grâce aux textes qui le rattachent aux autres livres du légendaire : l’expédition d’Erebor et le récit complémentaire de la quête de l’Anneau dans les  Contes et légendes inachevés, le prologue du Seigneur des Anneaux et son appendice A sur « les Gens de Durin », le Silmarillion et « les anneaux du pouvoir »…

10/10