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La Mémoire des Chimères
Catégorie : Jeunesse
Auteur/Autrice : Chevet, Céline
À 17 ans, Moseul quitte son peuple pour traquer les créatures monstrueuses qui ravagent son territoire. Pris dans une embuscade, il est secouru par Yliope, une étudiante en médecine déterminée à protéger son île. Ensemble, ils partent explorer un monde morcelé, où chaque colonie puise sa force dans des totems dotés de pouvoirs singuliers.
Moseul et Yliope s’engagent alors dans une quête dangereuse pour comprendre le rôle des Créateurs, le fléau qui les menace, et le secret de leur propre existence…
Critique
Par Erkekjetter, le 28/08/2025
La Mémoire des chimères est un roman one-shot, classé par l’éditeur en Young Adult.
Nous suivrons Moseul, issu du peuple des mineurs, et Yliope, qui appartient pour sa part au peuple des volants. Le premier vit dans une cité souterraine, dans des conditions pour le moins difficiles, la seconde habite une ville volante, peuplée de bourgeois méprisants, très sûrs de leur supériorité et de leur capacité à tout gérer. Toutefois, les deux populations suivent les mêmes préceptes, édictés par un livre sacré – qui stipule notamment qu’ils ne doivent pas quitter « la terre qui les a vus naître ». S’ils venaient à trop froisser les Créateurs, les habitants subiraient le Fléau, une punition divine dont ils ignorent la teneur mais qui ne manque pas de les inquiéter.
Des attaques répétées par des créatures étranges sur les totems, sortes d’animaux magiques liés à chaque peuple, vont décider Moseul et Yliope à s’aventurer bien au-delà des limites acceptables, à la recherche de réponses. Toutefois, on voit très vite où le récit va nous mener et quelles seront les conclusions de l’enquête menée par notre duo. Les complexités et les détours qui vont venir s’ajouter n’apportent pas tellement de surprise, seulement des éléments supplémentaires pour étoffer le propos. Les multiples étapes qui jalonnent le voyage des héros donnent par ailleurs l’impression d’un éparpillement qui n’était peut-être pas nécessaire.
L’univers, tel qu’il est construit, permet à l’autrice d’aborder des sujets tels que l’eugénisme, le classisme, le racisme, entre autres, même si l’on pourrait trouver à redire quant au traitement desdits sujets. En effet, l’autrice ne donne finalement aucune piste, ne fait aucune proposition, elle se contente de « dénoncer » des dérives ou des fonctionnements problématiques et de les mettre en scène. Autre point qui m’a fait tiquer, l’emploi, certes unique, de l’expression « grand remplacement ». Or, ce choix pose question, tant l’expression est connotée politiquement : son usage est tout sauf neutre, et l’on peut se demander s’il s’agit d’une maladresse de l’autrice ou d’un clin d’œil volontaire, très malvenu.
Du côté des protagonistes, on bascule rapidement dans des rôles bien définis concernant les héros, Moseul les gros bras, protecteur, et Yliope la savante, qui a besoin d’être épaulée. Même s’ils évoluent, cette « répartition » ne change pas vraiment.
Des personnages présentés comme des révolutionnaires se révèlent d’une candeur ridicule : lorsque l’on remet en cause un système, on ne s’aventure pas à faire confiance à sa milice, son bras armé, par définition au service des dominants. Cela met à mal toute crédibilité des révolutionnaires en question, pourtant issus d’une caste considérée comme inférieure, et légitimes dans leurs revendications. Et cela renvoie finalement à l’idée que la solution ne peut venir que de l’extérieur. Un curieux propos.Narrativement, le moteur global repose sur des interventions divines, dont vont découler les actions des héros, ce qui donne au final une impression de « tout ça pour ça ». En effet, l’univers est étoffé, mais ça ne sert finalement pas tant l’histoire, puisque tout se résout par le biais de puissances supérieures. La résolution finale est un peu vite emballée, pour en revanche s’attarder sur l’après-résolution – qui s’émaille de considérations sur le pouvoir pour le moins affligeantes, mais dont il ne sera rien fait : il s’agit bien d’un one-shot, et non du premier tome d’une série, alors même que la direction prise par l’autrice dans les dernières pages dénote quelque peu.
À noter également le problème récurrent chez Scrineo de vocabulaire mal utilisé (la tendresse de la viande… alors que le terme approprié est « tendreté ») et de coquilles un peu nombreuses, bref, des finitions qui auraient pu être plus poussées.
En somme, La Mémoire des chimères, malgré des idées de base pas inintéressantes, peine à transformer l’essai et laisse planer une certaine confusion quant à ce que l’autrice a voulu transmettre par le biais de cette histoire.
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