La parole aux maisons d’édition - la cuvée 2022 !

Par Gillossen, le dimanche 3 avril 2022 à 11:00:00

Alors que 2021 se termine à peine, quel serait votre premier bilan, à chaud, concernant votre maison ou la situation globale de l'édition en Imaginaire ?: Je serais bien incapable de parler de la situation globale de l’édition en Imaginaire car je ne suis pas au fait du bilan de chacun, mais je peux clairement affirmer que 2021 a été une année riche en émotions pour la maison 1115. Au final, nous n’avons publié que deux titres au second semestre, une novella de Lionel Davoust (« L’Impassible armada ») et un cadavre exquis réunissant treize auteurs (« La Faculté des Idées Noires »), mais l’un comme l’autre ont été si magnifiquement accueillis qu’ils ont suffi à notre bonheur. En août 2021, la maison fêtait également ses cinq ans. L’occasion pour moi de dresser le bilan de ce premier lustre en tant que chef d’orchestre. Ou, comme on dit en interne, en tant que contrôleur aérien. Et de mon point de vue, ces cinq premières années n’ont été que ravissement, ciel bleu et vols sans encombre. Une chance que je goûte chaque jour comme on savoure un cru hors de prix.

2021 fut aussi une année de pandémie, comme 2020, mais ces deux années sont-elles très différentes l'une de l'autre à vos yeux ? Avez-vous retenu un événement ou une décision particulièrement marquants ?: Comme je le disais précédemment, 2021 a été une année riche en émotions pour la maison 1115. Ne serait-ce qu’à la faveur des salons qui ont repris dès le mois de juin, avec leurs cohortes de retrouvailles, de rencontres incroyables et d’échanges passionnants. C’est fou ce que ça peut faire du bien de se retrouver tous ensemble, lecteurs, auteurs, éditeurs, pour parler livres et voyages littéraires. Surtout après l’année d’hibernation qu’a été 2020. Et pareille effervescence ne pouvait rester sans conséquence. De fait, une large mesure de ce qui va faire notre année 2022 tient à ces événements qui ont jalonné 2021. À ces amitiés nées autour des stands, ou à ces décisions prises sur les routes. Entre autres, après deux longues années à courir les salons ensemble, Thomas Fouchault (jusqu’alors auteur et trésorier de la Ligue des Auteurs Professionnels) et moi avons décidé de nous associer pour transformer la microentreprise 1115 en une SAS codirigée cinquante-cinquante. Rien que pour ça, 2021 aura marqué un virage décisif dans l’histoire de la maison.

Quelle place pour la fantasy dans votre programme 2022 ?: Celle qu’elle aurait dû avoir en 2020, si la crise sanitaire n’était pas passée par là. Et si l’actualité des prochains mois le permet bel et bien. En somme, lancer la collection grand format qui s’ouvrira avec la réédition du roman fantasy « Dans l’ombre des miroirs » de Marge Nantel, et qui fera ensuite escale dans un deuxième temps par « La cité sous les Cimes » de la même autrice, dont l’action se situe dans le même univers, mais des années après l’intrigue de son premier roman. Pour le reste, nous continuerons à proposer des voyages tous azimuts, qu’ils soient plutôt fantastiques, science-fictionnels, ou tout simplement inclassables. En janvier, nous avons publié notre premier recueil de micronouvelles corrosives (« Cent gouttes d’acide » de Frédéric Gaillard) ; en février nous sortirons trois nouvelles dans la collection ChronoPages, « Le troll médecin » de Silène Edgar, « Sirène à la source » de Gauthier Guillemin, et « Les Tiges » de Thomas Geha ; puis nous avons déjà programmé deux novellas avant la fin du premier semestre, que sont « Monsieur Merlin » d’Arnauld Pontier et « Le cauchemar de Mortimer Sax » de Gwen Geddes. Chez 1115, c’est notre philosophie : qu’importe le genre, pourvu qu’il soit livresque.

Enfin, quel sera votre plus grand défi pour cette nouvelle année ? (On songe notamment à la crise du papier.): Des défis, cette année, nous allons devoir en relever plus d’un ! Mettre la SAS sur les rails avec un plan à cinq ans, lancer la collection grand format, aborder sérieusement la question de la distribution/diffusion, revoir nos conditions tarifaires pour assurer l’équilibre financier au vu des évolutions du marché, j’en passe et des meilleurs. Et c’est sans parler de la crise du papier qu’il nous faudra surmonter comme tout le monde. Bref, 2022 va sans doute nous donner du fil à retordre. Mais ça ne m’inquiète pas. Thomas et moi sommes deux joueurs dans l’âme, on aime les défis. Et puis ce serait idiot de la part d’une maison qui compte trois 1 dans son nom, d’avoir peur d’une année qui compte trois 2. Après tout, les triples chiffres, ça nous connaît.

Propos recueillis et mis en forme par Emmanuel Chastellière.