La parole aux maisons d’édition - la cuvée 2022 !

Par Gillossen, le dimanche 3 avril 2022 à 11:00:00

Alors que 2021 se termine à peine, quel serait votre premier bilan, à chaud, concernant votre maison ou la situation globale de l'édition en Imaginaire ?: Chez Agullo 2020 et 2021 ont été tout compte fait deux bonnes années et particulièrement 2021, notre meilleure année depuis notre création en 2016. En 2021 c’est notre ligne de noir qui a vraiment bien décollé (notre polar croate L’Eau Rouge a reçu de multiples prix littéraires et le nouveau roman de Frédéric Paulin La nuit tombée sur nos âmes était très attendu). Du côté de l’imaginaire nous avons publié deux titres Mars, un recueil de nouvelles fantastico-féministe de la bosniaque Asja Bakic et une novella Oiseau de l’auteur lapon originaire de Norvège Sigbjorn Skaden. Tous deux étaient publiés dans notre nouvelle collection Agullo Court lancée en 2021 avec un premier recueil de nouvelles entre humour noir et territoire Presqu’îles, premier texte du médocain Yan Lespoux, qui de façon assez surprenante a été une de nos meilleures ventes de l’année également.
Avec la publication de ces deux formats courts d’imaginaire Mars et Oiseau nous continuons à explorer la littérature contemporaine de genre provenant notre si importante Europe.

2021 fut aussi une année de pandémie, comme 2020, mais ces deux années sont-elles très différentes l'une de l'autre à vos yeux ? Avez-vous retenu un évènement ou une décision particulièrement marquants ?: En premier lieu nous avons été ravis d'apprendre que Djinn City avait reçu le Prix Elbakin.net ! Saad Z Hussain auteur bangladais écrivant en anglais est en train de devenir une plume incontournable de la scène fantasy française. Pour nous, 2020 et 2021 ont été comparables en termes de limitation d’événements. Chez Agullo nous pensons qu’il est important de mettre en présence nos auteurs souvent porteurs à travers leurs écrits d’une culture ou histoire peu connue avec les lecteurs français et nos auteurs européens sont donc régulièrement invités en France, en libraire ou sur les salons. En 2020 quelques évènements ont réussi à passer à travers les mailles du filet à l’automne 2020 avant la nouvelle période de vrai-faux confirment. Mais à partir de juin 2021 les salons ont recommencé à exister à partir de la fin du printemps sous des formes un peu différentes, plus aérées et nos auteurs pour la plupart arrivant de pays européens, ont pu voyager jusqu’à nous. Et puis nous nous sommes ouverts à différentes formes de rencontres et d’échanges que nous n’avions pas du tout creusé auparavant comme les rencontres en visio, nous ne sommes pas encore des pros mais on y travaille !

Quelle place pour la fantasy dans votre programme 2022 ?: En mai 2022 nous republions dans notre nouvelle collection Agullo Court, l’OLNI qu’est l’Installation de la peur du portugais Rui Zink. Un texte « d’utilité publique » comme l’a décrit un journaliste de radio à sa sortie en 2016 en France. Un texte engagé qui dénonce la politique par la peur que nous impose les dirigeants au sein notre société contemporaine. Les peurs primaires comme la peur du noir ou du loup mais aussi les peurs abstraites comme la peur de l’étranger, de la maladie, de la pauvreté, etc, un texte intemporel qui a d’ailleurs reçu le prix Utopiales à l’époque. En 2022 c’est la saison culturelle franco-portugaise, on pourra rencontrer Rui sur plusieurs salons.
Et nous sortons en septembre le 2ème roman de Sigbjorn Skaden qui ne relève pas du domaine de l’imaginaire cette fois mais nous emmène en plein cœur de la culture et l’histoire de la société lapone d’hier et d’aujourd’hui avec toujours une plume poétique et noire.

Enfin, quel sera votre plus grand défi pour cette nouvelle année ? (On songe notamment à la crise du papier.): En 2022 nous continuons d’explorer des nouveaux territoires et lançons 4 nouveaux auteurs : en provenance de Pologne (Mme Mohr a disparu de Maryla Szymiczkowa roman à la fois historique, whodunit, et drôle d’une autrice très particulière, d’Italie avec Rien pour Elle, 1er roman de Laura Mancini, roman qui révèle une nouvelle voix à la Elsa Morante), de Suède avec un Agullo court poétique et empreint d’humour Petit traité de Taxidermie de Maja Thrane paru en janvier 2022 et de Portugal avec un premier polar politico-financier Château de cartes de Miguel Szymanski.
Et nous retrouverons nos auteurs déjà publiés : le serbe Dragan Velkicic avec fenêtre russe, l’italien Valerio Varesi avec une nouvelle enquête parmesane La Main de Dieu, et le croate Jurica Pavicic avec un superbe roman noir et psychologique La femme du 2ème étage.
Pour le moment la crise du papier ne nous a pas trop affectée, les prix ont monté bien sûr mais nous essayons d’ajuster nos tirages au plus juste. Pour nous l’important en 2022 ce sera de pouvoir repartir sur les routes de France avec nos auteurs !

Propos recueillis et mis en forme par Emmanuel Chastellière.