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Rencontre avec Patrice Louinet au Salon du Livre 2009

Par Altan, le jeudi 10 septembre 2009 à 02:04:52

Patrice Louinet - Yozone.frPatrice Louinet, spécialiste de l’œuvre de Robert E. Howard dont les traductions et les écrits se retrouvent aussi bien sur les étagères des librairies américaines que françaises, est un nom connu sur Elbakin.net.
Comme l’an passé, nous avons profité du Salon du Livre de Paris pour l’interviewer. Solomon Kane est entre-temps passé par là, et la curiosité pour Conan n’a fait que croître au sein des lecteurs français, comme Patrice Louinet nous le raconte lui-même.
Bien que cette entretien se soit déroulé au printemps dernier, et que le réalisateur de l’adaptation de Conan soit par exemple connu aujourd’hui (Marcus Nispel), les échanges sont loin de perdre en intérêt ; et surtout quelques jours après la sortie du Seigneur de Samarcande, qui explore encore un peu plus l’univers héroïc d'Howard.

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Interview de Patrice Louinet

Finalement, l’image de Robert E. Howard et notamment de Conan a changé relativement rapidement en France, d’un salon du livre à l’autre
J’en ai été effectivement très surpris. Je savais certes que les livres étaient bons et j’avais vu les résultats aux États-Unis. Mais le retournement qu’il y a eu en France en l’espace d’un an et demi, deux ans, est tout simplement incroyable. Des gens qui n’avaient jamais lu Conan ou Howard ont lu les livres du fait du bouche à oreille, des critiques (élogieuses), des échos qu’ils en avaient, etc. et ont trouvé ça génial. A chaque fois, la remarque qui ressortait, c’était C’est vraiment totalement différent de l’image que je pouvais en avoir et systématiquement le point de référence était la BD ou les films. C’est vraiment très impressionnant. J'ai également remarqué cela sur les forums, où pas mal de gens disaient que le changement qui s’était opéré en deux ans sur l’image d’Howard était hallucinant. Il devient un auteur dont on peut parler. J’en suis heureux, c’est évident, ayant toujours pensé que cet homme n’avait jamais eu la réputation qu’il méritait. Je suis content de voir qu’enfin, on commence à s’intéresser de façon sérieuse à son œuvre.
Et tu l’espérais ou tu pensais que ça arriverait de toute façon, mais qu’il faudrait peut-être cinq, six ans ?
Je me disais qu'il avait fallu un travail de fond aux États-Unis. Les livres ont commencé à y paraître en 2000 et, progressivement, ils sont entrés dans les mœurs, c’est quelque chose qui s’est établi au fil des ans. L’édition américaine est devenue en huit, neuf ans, l’édition standard. En France, ça c’est fait en un an. C’est vraiment le raz-de-marée qui a été surprenant. Pas tellement le fait que cette évolution se fasse, mais sa vitesse.
Est-il maintenant possible, avec un peu plus de recul, de comparer l’accueil américain et le français ?
Les grosses différences, c’est cette rapidité dont je parlais, et le fait que cette reconnaissance a très vite débordé du cercle des seuls amateurs de fantasy en France. C'est-à-dire qu’on a eu une presse cinéma, voire une presse généraliste, qui a fait des papiers (ainsi le Figaro, dernier en date [au moment de l’interview], ce qui est quand même assez hallucinant). Il y a eu aussi Chronic’Art, ou Mad Movies, qui est tout de même avant tout une revue de cinéma. J'ai envie de dire que la France a été beaucoup plus perméable, et que la réception a été saluée par des milieux qui ne s’intéressent logiquement pas à ce genre de littérature, ce qui est très agréable.
Bragelonne est-il aussi satisfait que toi (sur le strict plan financier, par exemple ) ?
Il est vrai que sur le plan des ventes, je suis très heureux. Le premier Conan était une édition collector tirée à 8000 exemplaires à 35€, ce n’est pas rien. Avant que le livre paraisse, sur les forums, on lisait des Oh, ce n’est pas la peine de vous précipiter, de toute façon, à 8000 exemplaires, vous aurez largement le temps d’en acheter un ! Ce collector s’est en fait épuisé en 6 mois. C’est quand même monstrueux ! Et le broché marche aussi bien. C’est vrai que le livre a trouvé le public qui l’attendait depuis longtemps, ainsi que tout un nouveau lectorat qu’il n’avait pas au départ, ce qui est encore mieux. Donc oui, effectivement, c’est une satisfaction sur tous les plans.
Et finalement, avec du recul, est-ce-que tu as quand même un regret dans l’édition française ou américaine ?
On peut toujours avoir des regrets. Sur l’édition américaine, je n’en ai pas, car je l’ai menée comme je voulais. Si je devais chercher la petite bête, ce serait le fait de ne pas avoir pu mettre la main sur un ou deux manuscrits qui m’ont échappés. Mais voilà, ils ont disparu depuis 25 ans. Et sur l’édition française, je crois que si j’avais eu plus de temps, j’aurais traduit entièrement le premier, pour une question d’uniformisation, mais c’est là encore pour chercher la petite bête. Je suis vraiment content du résultat.
Uniquement à cause de la question ?
Oui, il fallait que je trouve une réponse à cette question, et j’en ai trouvé une...
Justement, 2008 a été une année quand même assez chargée sur le plan des publications en rapport avec Howard. Qu’as-tu pensé par exemple des titres sortis aux Moutons Électriques ?
Ah, les livres de Simon (Sanahujas) ? Il a fait un superbe ouvrage sur son voyage au Texas, lié indirectement à Howard, un livre dont les photos sont merveilleuses. Le deuxième livre est un recueil critique. Simon voulait que j’écrive pour lui, mais malheureusement, vu le temps dont je disposais, ça a été rigoureusement impossible. J’avoue que la biographie de Conan, c’est un truc qui m’a jamais passionné. Je suis aujourd’hui incapable de dire si telle nouvelle se passe avant ou après « la Reine de la Côte-Noire ». Je n’en ai strictement aucune idée et, en fait, ça ne m’intéresse pas du tout. Par contre, toute la deuxième partie du livre était captivante.
Pour toi, ce sont des ouvrages qui, justement, il y a deux ans, n’auraient pu sortir ?
Ils auraient pu sortir, mais il est clair que le public n’aurait pas été aussi nombreux, et que l’effet boule de neige de Conan les a aidés à trouver leur lectorat, c’est évident. Les critiques des ouvrages se sont retrouvées automatiquement liées les unes aux autres sur les sites internet. S’il peut y en avoir d’autres, je suis partant. Il y a d’ailleurs un ouvrage qui va sortir fin mai... Échos de Cimmérie, chez L’œil du Sphinx, et celui là, je l’attends avec impatience. L’important, c’est qu’il y a des gens qui se mettent à écrire sur cet auteur et qu’on commence enfin à avoir un véritable appareil critique. En France, c’était quand même le désert ! Aux États-Unis ça commence à être un peu moins vrai.
Cela démarre un peu là-bas ?
Oh, cela fait 5-6 ans ; c’est en pleine ascension. Il y a eu un fanzine publié tous les deux mois, durant 5 ans, entièrement consacré à Howard. Cela reste encore du fanzinat, mais toute la future génération de critiques est en train de se faire les dents dans ces revues-là. Il n’y a plus qu’à espérer que, d’ici quelque temps, de véritables livres sortent en librairie.
C’est quelque chose qui t’intéresse aussi ?
Plus que ça ! D’ici 5-6 ans, je devrais publier ma biographie d’Howard, et j’ai ce fameux bouquin, toujours inachevé, une critique complète de l’œuvre howardienne, dont s’inspirent en partie mes articles dans les ouvrages Bragelonne. Mais je n’en ai écrit qu’un peu plus de la moitié, et en anglais. J’espère m’y remettre cet été. Je pense que ça pourra sortir en France. J’ai écrit en anglais car mon sujet d’étude est américain, mais mon premier travail quand il sera terminé sera de le traduire en Français.
Solomon Kane est aussi sorti en édition collector. Penses-tu qu’il a pu profiter de l’essor de Conan ?
C’est la première fois en France que l’œuvre d’Howard est publiée chez le même éditeur. Avant, on avait Conan d’un côté, et tout le reste de l’autre. Maintenant, grâce à Bragelonne, les deux sont réunis, ce qui fait, qu’effectivement, des gens qui ont acheté Conan se sont dit Tiens, je vais essayer Solomon Kane, qui n’est pas aussi connu que le Cimmérien. Il y a eu une perméabilité plus facile du lectorat du fait de l’unité de la collection. On a retrouvé les lecteurs de Conan sur Solomon Kane, avec là encore des avis très favorables. Toutes les nouvelles de Kane ne sont pas extraordinaires, mais le personnage en lui-même est fabuleux ! C’est vraiment un type incroyable. Enfin, le livre va profiter de la sortie du film, qui s’annonce mauvais... mais bon, cela ajoutera à la visibilité de l’œuvre chez les libraires... On commence à avoir l’habitude avec Howard au cinéma.
Et la prochaine parution française...
Cela va s’appeler Le Seigneur de Samarcande. C’est un livre qui me tient particulièrement à cœur, car il contient parmi les meilleures nouvelles de toute la carrière d’Howard. C’est un volume extrêmement sombre, dans lequel Howard décrit l’époque des Croisades – principalement les dernières, quand l’Empire d’Outremer est en train de s’écrouler devant les musulmans. A chaque fois ses héros sont des gens qui ont quitté leur chez-eux ou en ont été exilés, pour se retrouver dans un univers qui est dans une déliquescence complète, et dans lequel tout le monde trahit tout le monde et où tout le monde meurt à la fin. Ce sont des nouvelles épiques, donc ceux qui ont aimé les nouvelles de Conan avec de grandes batailles vont s’y retrouver. Le personnage de Cormac FitzGeoffrey est le véritable ancêtre littéraire de Conan : c’est le premier personnage d’Howard qui jure par Crom !, ce qui est assez révélateur, et c’est un personnage encore plus dérangé que Solomon Kane. Il y a énormément de passerelles entre ces nouvelles de Croisades et celles de Conan, un vrai sentiment de nihilisme profond qui s’en dégage. Pour moi, c’est parmi ce que Howard a écrit de mieux dans toute sa carrière. Pas de trolls et de licornes : c’est dans le domaine historique, il n’y a pas de Fantasy, mais franchement, on ne voit pas de différence. On est entre le 11e et le 16e siècle, au temps des croisades, lors du siège de Vienne pour la nouvelle qui met en scène la fameuse Sonya la Rousse, avec des héros brisés par la vie, ou qui vont mourir dans l’épreuve.
Tu as fait beaucoup de recherches pour ce recueil-là ?
Ce n’est pas une traduction d’un recueil américain, je l’ai entièrement composé. En termes de recherches, mes travaux personnels déjà accomplis m'ont grandement facilité la tâche. Je me suis par contre attaché à la chronologie de la composition des nouvelles et à en rechercher les sources, mais ce ne sera pas une encyclopédie. De toute façon, Howard prend des libertés avec l’Histoire et il ne s’en cache pas.
Existe-t-il un ouvrage parallèle de l'autre côté de l'Atlantique ?
Oui, il y a cinq ans, une Université américaine du Nebraska a publié un livre intitulé Lord of Sarmacand pour lequel j’avais rédigé la préface (que je reprends ici en grande partie, d’ailleurs) et suggéré certains contenus. Mais le tirage était assez ridicule par rapport au marché américain. La France aura donc la chance d’avoir l’exclusivité encore une fois.
Et pour la suite...
Bran Mak Morn va paraître à la fin de l’année. Pour Kull, on n’a pas encore établi le planning de 2010, mais il est clair qu’il ne saurait tarder. Ce sera la traduction de l’édition Wandering Star, que j’avais dirigée pour le marché anglo-saxon, mais je rajouterai quelques inédits... On trouve toujours de nouvelles choses et je n’ai pas encore terminé l’inventaire des manuscrits howardiens (je commence malheureusement à approcher de la fin !). Je pense que je mettrai le brouillon de la première version de la nouvelle de Kull dans le volume français, pour me faire plaisir, et il y aura d’autres surprises...
A ton avis, pourquoi voit-on en Kull l’ancêtre de Conan ?
C’est simple, la première nouvelle de Conan est une réécriture d’une nouvelle abandonnée de Kull. Le physique des personnages étant le même, la conclusion parait évidente : l’un est la version améliorée/modifiée de l’autre. Mais dans le ton et dans l’esprit, ils n'ont rien à voir. Dans la nouvelle dont je parlais sur les Croisades, Cormac Fitzgeoffrey est un Gaël, ce qui correspond à un Cimmérien dans le monde de Conan. Il jure par Crom, est bâti comme Conan, tue ses ennemis comme ce dernier, se trouve confronté à des civilisés décadents, des hordes de barbares attendant de les envahir ; en lisant Fitzgeoffrey, on comprend avec une évidence redoutable que ce personnage-là est un Conan avant l’heure. C’est une tendance qu’avait Howard de faire de ses personnages des types qui ne sont pas sans peur et sans reproches, mais, au contraire, des êtres peu recommandables qu’il ne vaudrait mieux pas rencontrer le soir, dans une ruelle sombre, en sortant d’une taverne... Kull, quant à lui, est le suzerain d’un royaume qu’il essaie de sauver de la décadence. C’est beaucoup plus contemplatif, philosophique. Il y a quelques scènes d’action, mais c’est un personnage beaucoup plus torturé, perdu, moins sûr de lui, qui ne s’intéresse par aux femmes comme Conan. Il n’a rien en commun avec le Cimmérien.
On a l’impression que dans la deuxième partie des nouvelles de Conan, Howard fait ce qu’il veut...
Absolument. Il faisait ce qu’il avait envie avec Conan... Une fois le succès au rendez-vous, il se permettait beaucoup de choses. On retrouve cela dans les récits de Croisades d’ailleurs. Il était là-aussi soutenu par son éditeur, qui adorait ces histoires et l’encourageait en ce sens... En revanche, pour Kull, Howard cherchait à trouver sa voix et le marché qui accepterait ses nouvelles, mais ça n’a pas bien fonctionné, commercialement parlant. Il y a deux ou trois nouvelles vraiment fabuleuses, et pas mal de choses plus expérimentales. Bref, les gens qui veulent plus de nouvelles style Conan trouveront davantage leur compte dans les Croisades que dans Kull.
Howard est-il un auteur adaptable au cinéma si l’on reste fidèle au texte ?
Personnellement, je n'ai jamais compris Hollywood. Il y a tout ce qu'il faut dans les nouvelles de Howard pour l’adapter... Malheureusement, certaines personnes veulent absolument imprimer leur patte et ne pas se retrouver simplement au service de l’œuvre, quitte à prétendre à avoir mieux compris un personnage que Howard lui-même. Par exemple, dans le film Solomon Kane, on va lever le voile sur les origines du personnage. Vaste programme profondément idiot. Pour pondre ça, il faut ne pas avoir lu les nouvelles, ou n’y avoir rien compris ! Je pense qu’on peut très facilement adapter Howard du moment qu’on comprend l’esprit et les personnages ; après on peut faire plus ou moins ce que l’on veut. Malheureusement...
Et les bruits de couloirs sur un téléfilm...
Le fameux téléfilm anglais ? Je suis en train de me renseigner. Ce que je peux dire, c’est qu’aucun nom n’est donné, que cette information n’est apparue que sur le forum Conan américain, et je compte parmi mes amis un producteur de cinéma anglais très impliqué dans tout ce qui est Howard. Je l’ai vu il y a trois semaines et il ne m’en a rien dit. Pour l’instant donc, je me méfie. Si cela était avéré, le projet serait assez complexe... Jouable, certes, mais il serait un peu compliqué d’éviter les avocats de Paradox. On sait qu’avec la télé anglaise, on a les moyens de faire des choses superbes. A partir du moment où on peut éviter le syndrome Hollywood (Le héros voit ses parents se faire massacrer sous ses yeux et passe sa vie à essayer de les venger), c’est bon ! Si le 2e film Conan devait se faire, il devrait adapter fidèlement une nouvelle d’Howard...
Ne serait-ce pas difficile à négocier, avec la rupture de ton ?
C’est ce qui me fait peur : que le premier film soit mauvais ou s’effondre au box-office, compromettant gravement les chances d’un n°2 ; que le ton passe d’un film gentillet (même si ce n’est pas l’intention du réalisateur) à un truc très sombre, cela ne collerait pas.
On a vu ce qu’a donné Watchmen, Howard peut très bien être adaptable...
Howard a une écriture visuelle, il a été illustré par des dizaines d’artistes totalement différents et ça fonctionne ! Pourquoi ne serait-il pas possible d’avoir ça au cinéma ? A partir du moment où Conan n’est pas vu comme un gros bodybuilder... Le matériau des nouvelles suffit à faire un film ! Tout cela reste un grand mystère...
On a l’impression cependant que les projets d’adaptation n’avancent pas.
Ça avance, il y a 3-4 projets en cours. Paradox a repris le contrôle d’Howard il a cinq ans maintenant, mais ils n’ont aucun contrôle sur les projets lancés auparavant (le Solomon Kane, entre autres). On peut les accuser de tous les maux, mais ils essaient de développer des choses plus fidèles à l’esprit d’Howard. Maintenant, ce n’est pas très facile.
Je sais qu’ils ne sont pas dans le projet de Rodriguez qui voulait produire Sonja la Rouge...
C’est différent, car Sonja la Rouge n’appartient pas à Paradox. Et Rodriguez va utiliser le personnage de la BD (dérivé de Roy Thomas) plutôt que celui de Howard, qui apparait dans L’Ombre du vautour, nouvelle que l’on trouve dans le recueil des croisades. Rose McGowan s’est encore blessée. Apparemment, elle passe son temps à ça...
Question plus légère maintenant, avez-vous testé le MMO ?
Non, 2008 a été une année où je ne me suis pas levé de ma chaise, je n’ai pas eu de temps pour moi, mais là, d’ici huit jours, je vais pouvoir envisager la vie plus sereinement, et voir si ce MMO se remet de ses déboires.
C’est vrai que c’est dommage...
Au niveau univers, ils avaient tout pour que cela fasse un carton monstrueux, et c'est resté sans suite. Je pense que la faute en incombe à la société de développement. Le jeu a été retardé encore et encore, alors qu’ils auraient dû attendre d’être au point avant de l’annoncer. Quand on voit le carton que cela a été au début, c’est dommage pour eux. Si on recommence à attendre le film...
Qui sera réalisé par...
Par quelqu’un !
Ce ne sera pas McTiernan ?
Non, pas McTiernan. J’aurais aimé que ce soit Verhoeven, mais non. Ce type adaptant les bouquins d’Howard sur les croisades avec Schwarzenegger, cela aurait été monstrueux ! J’aurais adoré. Autant je n’aime pas Schwarzenegger en Conan, autant il aurait été fabuleux dans un de ces personnages-là. C’est l'un de mes grands regrets cinématographiques...
Question finale, que peut-on te souhaiter pour les parutions howardiennes et pour 2010 ?
J’espère que les gens qui ont redécouvert Howard par Conan ne s’arrêteront pas là et poursuivront cette redécouverte du reste de l’œuvre, car la qualité est là. On commence à peine à redécouvrir le plus intéressant. J’espère que cela continuera à marcher aussi bien. Sur un plan personnel, j’aimerais prendre des vacances, savoir ce que c’est que dormir... et alléger mon rythme !
N’y a-t-il pas un risque que les lecteurs se détournent de certains héros moins connus ?
Le problème, c’est surtout que les gens fassent le premier pas. Après, je pense qu’il y a moins de souci. Qu’ils dépassent simplement les pastiches de Conan et découvrent la production howardienne. Ce sont tout de même des textes qui ont fondé la Fantasy moderne. Ce qui m’inquiète, donc, c’est que les lecteurs ne suivent pas sur des nouvelles sans élément de Fantasy, alors qu’elles sont tout aussi bonnes, et parfois meilleures. Une fois passé ce cap, il n’y plus de soucis. Au-delà, j’aimerais continuer sur des choses qui ne sont pas forcement de la littérature, sur la correspondance, etc... mais on n'y est pas encore...

Entretien réalisé par Emmanuel Chastellière


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