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Politique, Punk, Tolkien et tout le reste par Michael Moorcock

Par Luigi Brosse, le mardi 21 août 2001 à 22:38:53

Michael Moorcock est évidemment bien connu pour être un écrivain populaire de Science-Fiction, l'auteur de la série Elric ainsi que de différents autres cycles. Peu, cependant, le connaissent comme un musicien dont la carrière dans le fertile underground londonien a vu naître des groupes tels Hawkwind ou Mötorhead, et encore moins connaissent Moorcock pour sa passion de la politique. Quelques unes de ces opinions, nous le pensons, ne sont pas si éloignées de celles des lecteurs de Corporate Mofo.

Nous vous proposons aujourd'hui la traduction de cette interview dans laquelle Moorcock revient sur sa carrière, sa philosophie, et sa vie.

Première partie

Corporate MoFo : Tout d'abord, j'espère que vous êtes en bonne santé et que votre famille (y compris les chats !) se porte bien.
Michael Moorcok : Selon mes critères, ma santé est à chier. Toute ma vie, j'ai toujours été en très bonne santé, mais depuis que j'ai déménagé au Texas, il semble que j'ai attrapé toutes les plus étranges maladies. J'ai une sale maladie auto-immune qui est en cours de rémission ainsi qu'une sérieuse neuropathie progressive qui est douloureuse et qui rend quelquefois difficile mes déplacements et, malheureusement, ça empire (bien que je vive dans l'espoir !) mais cela n'a pas l'air de ralentir beaucoup mes doigts volants. J'exerce mes doigts actuellement à la guitare et au banjo ! Les vieux joueurs de blues m'ont dit autrefois de continuer à jouer, que cela faisait stopper les arthrites. Les chats vont bien et sont en ce moment terribles. Nous espérons voyager ensemble dans un mois ou plus.
Cela ne vous dérange pas qu'on écrive à propos de votre maladie ?
Je ne voudrais seulement pas qu'une maladie soit gardée secrète si cela pouvait inquiéter quelqu'un ou pousser un éditeur à ne plus acheter mes prochains livres et je n'ai pas cette sorte de maladie. Je fais toujours mes interviews selon le principe que, si je dis quelque chose à l'interviewer, ce n'est pas un aveu de crime qu'on pourrait me reprocher, puis je m'y tiens.
Je voulais vous remercier de m'avoir répondu si vite. J'ai remarqué que vous étiez vraiment ouvert aux questions aussi bien des fans, des journalistes ou de la communauté. Trouvez-vous ça pénible ? Les mêmes banales questions arrivent-elles à chaque fois ? Et, si c'est le cas, voudriez-vous que l'on vous pose des questions plus pointues ?
Je me considère inconsciemment comme une partie d'une communauté. C'est, si vous préférez, une communauté d'esprit et de tempérament dont les liens se renforcent et se développent via Internet, mais j'ai toujours eu l'impression d'être une seule voix dans une communauté de voix. Je tends donc à considérer mon travail comme partie d'un dialogue incessant avec les lecteurs et je suis disposé à noter les questions ou demandes des lecteurs et j'essaie le plus souvent de les satisfaire dans mes fictions. Bien que je le fasse seul en général, je vois tout de même mes intérêts autant que ceux de mes lecteurs.
Pour moi, être disponible aux lecteurs en a toujours été une partie. Cela conduit à quelques problèmes spectaculaires dans les années 60 et 70 quand j'étais à l'apogée de mon succès, mais Hawkwind avait la même attitude, nous allions dans un pub et nous buvions avec notre public. Vous êtes seulement traité comme une superstar quand vous le voulez. La plupart des gens sont polis en temps normal et plus vous ressemblez à eux, plus ils vous traitent comme eux ils se traitent.
Je suis un anarchiste naturel. Je ne crois pas sincèrement aux leaders, bien que je commence à découvrir l'intérêt des parcmètres ... J'ai été élevé pour penser et jouir d'un degré de liberté très large. J'ai été élevé pour respecter les gens et écouter leurs expériences et leurs idées. J'ai été élevé virtuellement sans idées préconçues. Ma grand-mère et ma mère étaient de ferventes adoratrices de la liberté et ma famille est plutôt "ronchonne" dans ses attitudes. J'ai donc l'habitude d'argumenter et j'aime ça. J'adore les échanges avec les lecteurs, comme j'adore les écrits et les discussions quand je voyage. De manière générale, je suis béni comme vous pouvez le constater d'après le site de Q&A, avec des lecteurs très intelligents dont beaucoup sont des écrivains ou veulent le devenir.
Je sais que je suis plus "généreux" de mon temps que d'autres auteurs, mais je pense avoir un groupe de lecteurs vraiment généreux. Cela sonne comme très sentimental, mais j'aime simplement ces personnes. Je ne ressent aucun besoin de m'évader de ce monde, je n'ai pas de problèmes sociaux à vivre à l'intérieur, j'ai donc tendance à utiliser mes écrits de Fantasy comme une méthode pour confronter certaines idées, plutôt que de m'y soustraire.
Je disais à Mike Harrison l'autre jour que quelques lecteurs avait une vision d'Elric, par exemple, et qu'ils devenaient positivement enragés par le fait que je ne l'avait pas fait plus câlin et sympathique. Ces lecteurs voient Elric comme un moyen d'évasion raté. J'ai toujours utilisé la méthode de la fiction d'évasion pour regarder le monde moderne. C'est ce que la Science-Fiction m'a donné. Quand j'ai lu mon premier vrai livre de SF (Tiger, Tiger/Stars My Destination by Bester), j'ai vu qu'il était possible d'écrire des fictions originales contemporaines et qui incorporent des idées et des idéaux. Pour moi ce livre était un grand roman américain. Je l'ai lu à Paris, où je l'ai trouvé, et c'était typique de l'idéalisme américain - avec cette fin si merveilleusement populiste. Faites confiance aux gens. C'était un livre qui m'a fait décidé à ne pas abandonner la Science-Fiction contemporaine.
Mais la plupart de la meilleure Science-Fiction américaine, désormais, propose vraiment de très belles solutions sociales et souvent brillament. Pohl et Kornbluth en sont les deux éminents spécialistes. C'était quand le socialisme américain était encore en vie, même en piteux état, sous Joe McCarthy. Ce que le Rock-and-Roll et la Science-Fiction ont offerts aux lecteurs anglais, c'était une voix de la véritable Amérique, venant de la classe ouvrière et d'une Amérique engagée politiquement, dont nous pouvions déjà voir la chute. Nous étions sensibles au blues des noirs ou aux chants de protestations sociales des blancs parce que nous étions désespéré d'entendre la voix des véritables américains, non des horreurs du fascisme populiste, qui semblait avoir été amené des bottes des soldats qui revenaient ... On doit beaucoup à la SF et au Rock and Roll, pas seulement pour le divertissement, pour autre chose. Cela a rapproché les américains des européens - le Jazz le faisait aussi - et a produit le patron culturel qui pouvait en résulter dans une explosion de talent des deux côtés de l'Atlantique à travers les années 60. Je l'ai dit avant - mais Joe McCarthy, en envoyant ses goûts pour Kubrick et Ramblin' Jack Elliott en Angleterre, a fait du monde de l'Art un pouvoir de bien. Cette influence américaine est revenu quelques années plus tard en tant qu'Invasion Britannique.

Traduction réalisée par Sylvadoc

  1. Première partie
  2. Deuxième partie

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