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Politique, Punk, Tolkien et tout le reste par Michael Moorcock

Par Luigi Brosse, le mardi 21 août 2001 à 22:38:53

Deuxième partie

Je vous ai entendu dire que si l'on voulait devenir un écrivain de littérature fantastique, il était impératif de lire tout sauf de la littérature fantastique. Est-ce que vous vous considérez comme un "écrivain de Fantasy", ou comme un penseur et un écrivain qui a trouvé un bon moyen pour exprimer ses idées ? Ou pensez-vous que ce genre de question est hors de propos à moins que quelqu'un soit employé dans une division marketing d'un éditeur et qu'il soit en train d'essayer de demander à une chaîne de librairie sur quelle étagère il doit mettre les couvertures ?
C'est mon conseil habituel aux personnes qui veulent écrire de la Fantasy : Arrêtez de lire de la Fantasy. Je lis très peu de ce genre. Je n'ai pas d'attirance particulière pour elle, mais j'ai un certain talent pour elle, je suppose donc que vous pouvez dire que je prends la tangente. Je ne me suis jamais pensé comme un "écrivain de Fantasy" ou comme un écrivain de genre, bien que j'ai écrit dans beaucoup de genres, même le western. Mais j'ai commencé comme un journaliste professionnel et je tends à me considérer comme un écrivain professionnel. J'ai commencé au Fleet Street quand j'avais 16 ans. Pendant beaucoup d'années, je n'ai écrit que très peu de Fantasy ou de genre, mais beaucoup plus de comics sur les Vikings et les Romains !
La question n'est pas hors de propos. Le snobisme est un facteur important dans la vie créative d'un artiste - comme la mode. Catégoriser a pour effet d'aider le snob à déterminer ce qu'ils ne vont pas lire. Le snob est bien plus heureux avec l'art qu'avec la science parce que vous pouvez avoir une opinion sans rien connaître avec l'art, alors que vous devez savoir de quoi vous parlez avec les sciences. Résultats, une certaine section de sociétés "éduquées" rendent la science moins respectable que d'autres sujets - c'est à dire que le snobisme doit exclure un sujet entier car le snobisme improvise n'importe quoi. Les "Angléclairés" (Anglais éclairé) mal éduqués y sont nombreux, c'est l'un des pires aspects du phénomène. Ils ont tendance à prendre des postes d'éditeurs et vous voilà dehors. Mais c'est bien pire en Amérique où le snobisme est le dernier recours pour les incapables intellectuellement. La plupart de mes premiers livres, comme Behold the Man et The Final Programme, n'ont pas été publiés sous le genre Fiction. Aucun des livres de Cornelius, ni Gloriana, n'ont été publié sous un genre au Royaume-Uni. Ils ont été publié sous un genre aux Etats-Unis (où la plupart de mes fictions non-fantastiques ne sont pas disponibles - vous pouvez acheter Mother London en italien ou en français, mais vous ne pouvez l'acheter en Amérique).
Vous avez déjà mentionné Brackett, Steerpike, Richard III, Byron, le pervers dieu du Nord Loki, et la littérature gothique comme influence pour le Seigneur du Chaos Arioch dans votre cycle d'Elric (en réponse à ma question précédente sur le Satan de Milton comme potentielle inspiration pour le personnage). Plus généralement, quel travail écrit ou expériences personnelles vous a, selon vous, le plus influencés dans votre travail ou votre philosophie ? Qu'êtes vous en train de lire en ce moment ?
Mes influences sont une mixture, comme les influences de n'importe qui, et elles incluent le cinéma et la radio, bien sûr. Mais Peake était probablement le seul écrivain qui m'a fait réaliser qu'il était possible de bâtir mes propres trucs tout en usant d'imagerie fantastique. Il y a deux écrivains que j'admire et dont je reconnais l'influence sur moi - Peake comme un romancier imaginatif et Angus Wilson comme un romancier social. Wilson a d'abord été chroniqué comme une figure littéraire emblématique en Angleterre. Ce que les gens ne savent pas, c'est qu'il était un conseiller de SF pour Sidgwick et Jackson, et qu'il a offert Alfred Bester's Demolished Man ainsi que Tiger, Tiger, qui ont aussi été une influence massive sur ma SF. Bester reste la seule grande influence, je pense. J'admire aussi Bradbury et Dick.
Mais mes délectations romantiques allaient vers les Pulps dans lesquels figuraient, entres autres, Brackett, Bradbury et Dick. Je n'ai pas de particulière nostalgie pour les Pulps comme tels, mais en ces jours vous pouviez trouver de vraiment bons écrivains dedans, que vous pourriez appeler anti-modernistes plutôt que post-modernistes. Les Pulps, de manière générale, n'ont jamais payés attention au modernisme. Etant enfant, G.B. Shaw était une grande influence, comme l'étaient Wells et Huxley. J'ai lu History of the World de Wells et The Perennial Philosophy d'Huxley qui m'ont élargi la vue de l'expérience du monde. Je suis largement autodidacte, vu que j'ai été brièvement dans beaucoup d'écoles.
Je ne lis pas beaucoup de fictions en ce moment, car je suis en train d'écrire deux livres, ce qui est bien suffisant coté fiction. Le plus souvent, c'est quand je dois faire la critique de quelque chose. J'ai aimé Scapegoat de Dworkin à propos des hommes israéliens peinant à assimiler leurs femmes dans leur système. J'ai récemment lu Landor's Tower de Lain Sinclair, qui est, évidemment, hautement imaginatif et hors genre. J'ai apprécié Perdido Street Station de Mieville, mais ai préféré son King Rat. Perdido Street a trop d'éléments de genre pour moi pour être complètement enthousiaste. Je me suis plongé dans le merveilleux Endland Stories de Tim Etchells et j'adore les petites histoires récemment sorties - Travel Arrangements de Monsieur John Harrison. J'admire des écrivains comme VanderMeer, Rhys Hughes, Steve haylett et je sens que je devrais trouver des femmes que j'aime. Annie Proulx, Ellen Gilchrist, Sheena Mackay sont des écrivains que j'aime. Content de voir Capital de Maureen Duffy en imprimerie (roman expérimental sur Londres avant Mother London) et que Geralld Kersh soit de retour, aussi.
Je me suis inscrits à une fabuleuse compagnie appelée Persephone qui se spécialise dans les rééditions de fictions modernistes écrits par des femmes "oubliées". Elles ont accomplies de belles choses. Je suis un énorme fan d'Elizabeth Bowen, par exemple, et son Death of the Heart reste pour moi un de mes éternels favorits, tout autant que Victory de Conrad, auquel bizarrement je l'associe.
Vous êtes certainement l'un des écrivains les plus prolifiques de ce genre. En fait, je ne trouve pas le chiffre exact de livres, romans, nouvelles ou même articles que vous avez publiés. Comment réussissez-vous à être si occupé ? Et aussi, bien que nous menons cette interview par ordinateur, quand vous écrivez, utilisez vous toujours une machine à écrire, ou avez-vous changé de fournisseur pour un (attention mauvaise blague) processeur mondial ?
Bonne santé, énergie naturelle et un entraînement qui vous apprend que l'anxiété vous coûtent du temps, de l'argent et qu'il est mieux utilisé dans le travail. Je travaille avec le pouvoir de l'anxiété - ou j'avais l'habitude. Il était plus facile d'écrire un livre en trois jours que de rester assis et devenir de plus en plus anxieux au fil des semaines ... Je suis un conteur. Je raconte des histoires. Je les raconterais n'importe comment, de n'importe quel manière. Une histoire en amène une autre. J'ai, un vieux monsieur l'avait déjà dit, un esprit qui ne s'endort jamais. Je me réveille en pensant. Ma femme me déteste le matin. Je suis curieux à propos des choses.
L'ordinateur est une véritable aubaine pour moi. J'y suis venu très tard et j'ai toujours tendance à faire la plupart de mon travail avec mes longues mains - je peints les scènes assez comme un réalisateur de film le ferais - esquissant un story board. Je suis très visuel. Mes carnets de notes contiennent autant de matériel visuel que de notes écrites.

Traduction réalisée par Sylvadoc

  1. Première partie
  2. Deuxième partie

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