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Blanche-Neige et le Chasseur dans les salles

Par Gillossen, le mercredi 13 juin 2012 à 14:00:00

Les costumes

Triple-lauréate de l’Oscar des Meilleurs Costumes, pour Alice Au Pays Des Merveilles (Tim Burton, 2010), Chicago (Rob Marshall, 2002) et Mémoires D'Une Geisha (Rob Marshall, 2005), la chef costumière visionnaire Colleen Atwood fut mise au défi de présenter aux spectateurs contemporains les personnages de ce conte revisité grâce à des créations riches et hétéroclites.
Collaboratrice de longue date de Rupert Sanders dans la publicité, il déclare à son propos : «Colleen a plus d’expérience que nous tous réunis. C’est formidable qu’elle ait accepté de travailler sur ce film car les costumes y jouent un rôle primordial. Le défi était d’arriver à un parfait équilibre entre réalisme et fantastique.»

La costumière travailla sur les symboles, si chers au réalisateur. Les armoiries du Roi Magnus, par exemple, représentent la bonté et la bienveillance du monarque, durant le règne duquel le royaume a prospéré. Elles sont riches et chatoyantes, et son blason symbolise la paix. Il contient la pomme, élément emblématique du conte des frères Grimm. Colleen Atwood débute chaque nouveau projet par une période de recherches, et elle est particulièrement friande de musées. La Wallace Collection à Londres abrite une des plus impressionnantes batteries d’armes et d’armures (mais aussi d’œuvres, de mobilier et de porcelaine) au monde, et s’avéra une aide inestimable. Mais la costumière se rendit également à Istanbul où elle prit quelques jours pour dénicher tissus et accessoires. Ça m’a aidée à élaborer le look du film», explique-t-elle. «J’ai utilisé chaque élément que j’y ai chiné. J’ai bien sûr aussi eu recours à des centaines de pièces de confection, mais Istanbul est une mine de produits fabriqués à la main et ils ont été une grande source d’inspiration.»

La créatrice était excitée à l’idée de travailler avec Rupert Sanders sur son premier long-métrage. Elle savait qu’elle serait en mesure de rendre hommage aux souvenirs que les spectateurs gardent de Blanche-Neige, tout en y infusant sa propre vision du conte. «C’est un des premiers dessins animés Disney que j’ai vu, enfant», se souvient-elle. «Certains éléments demeurent magiques à mes yeux, et j’adorais le costume de Blanche-Neige, mais notre personnage ne pouvait décemment pas être vêtu de rouge, de bleu et de jaune.»
La Blanche-Neige incarnée par Kristen Stewart est physiquement très active et Colleen Atwood dut concevoir un costume d’apparence moderne qui allait subir plusieurs transformations au cours de l’histoire. «Son costume principal est taillé dans un daim magnifique, du même vert que les yeux de Kristen. La robe a plusieurs épaisseurs et est complétée par des jambières qui permettent à la comédienne de réaliser toute sorte de mouvements sans avoir à se soucier d’ajuster sans arrêt sa tenue ou d’attacher ses jupes à ses bottes», précise la costumière. «On commence avec une robe longue que le chasseur lui raccourcit au cours de leur périple, révélant un look plus moderne qui devrait plaire aux filles d’aujourd’hui, tout en restant cohérent et adapté à l’histoire.»

À la fin du film, Blanche-Neige part en guerre contre l’armée de Ravenna, et son costume, comme son personnage, évolue.
Atwood explique : «Quand elle part au combat, elle n’a pas le temps de se constituer une armure appropriée. Nous avons donc assemblé différents éléments pour donner l’impression qu’elle s’est équipée à la hâte. Elle peut monter à cheval et se battre, mais il y a des pièces manquantes et le costume n’est pas symétrique. J’ai une fille de l’âge de Kristen et je souhaitais créer une garde-robe qui parle à leur génération. Je travaille souvent sur des films fantastiques ou d’époque, mais j’adore la façon de s’habiller des jeunes femmes d’aujourd’hui.» Le chasseur arbore le même costume tout au long du film, mais chaque élément en est constitutif, et les matériaux utilisés correspondent parfaitement au personnage. S’inspirant du milieu dans lequel il évolue (la nature sauvage et les forêts) et des formes et matières caractéristiques du Moyen-Âge, l’équipe d’Atwood lui a assemblé un costume en peaux et toile brute. «Sa tenue contient de nombreuses épaisseurs, et chaque élément doit avoir son utilité. Ainsi, son lourd pardessus en cuir lui sert également de couverture la nuit», explique la costumière. Mais le personnage ne serait pas complet sans son artillerie et ne se déplace pas sans sa double hache et son ceinturon bardé de couteaux.

La garde-robe la plus élaborée reste cependant celle de Ravenna. À l’opposé du Roi Magnus, la Reine maléfique règne sur un royaume funeste et famélique, et sa cruauté se lit dans les symboles qui lui sont propres. Ses armoiries représentent l’obscure emprise qu’elle exerce sur un pays autrefois prospère. L’arbre sur son blason est noir et racorni, et ne porte aucun fruit.
Pour la costumière, «créer la garde-robe d’un personnage comme Ravenna équivaut à de la haute-couture, et une actrice comme Charlize Theron lui donne toute son ampleur.» À travers Ravenna, Colleen Atwood voulait représenter le mal différemment, en y incorporant une touche de vulnérabilité. Ravenna apparaît dans douze costumes principaux, et chacun d’eux a été cousu main, nécessitant de longues heures de labeur. Au cours de la préparation, la chef costumière s’est longuement entretenue avec la comédienne. «Charlize souhaitait aussi s’amuser avec son rôle et ne pas se cantonner au cliché de la Reine maléfique. Nous voulions la rendre humaine. Elle a des obligations royales et n’est pas totalement dénuée de sentiments, qui ont un rapport avec son passé. Mais à mesure que l’histoire progresse, sa folie aussi. Son monde se désagrège et la démence prend petit à petit le dessus. J’ai travaillé sur le matériau et le rendu de ses tenues. Au début, ses costumes ont une forme propre et définie, et deviennent de plus en plus spectraux et arachnéens, comme une métamorphose progressive», explique Atwood.
Ravenna se nourrit de la jeunesse et de la beauté de tout ce qui l’entoure. Une fois ce festin terminé, l’univers dans lequel elle survit commence à se détériorer. «Quand sa robe et sa cape dorées se transforment, on voit aussi sa beauté s’altérer. Sa splendeur est le résultat d’une usurpation, alors que celle de Blanche-Neige vient de l’intérieur et se déploie au cours de l’histoire», commente la costumière. Sa pèlerine en plumes de corbeaux demanda quatre semaines de labeur à un fin couturier. Chaque plume dut être taillée à la main avant d’être appliquée à cette parure de haute-couture, qui ne coûta pas moins de 20 000 £.
La comédienne loue le travail d’Atwood, précisant que la créatrice a su faire figurer «le diable dans chaque détail des costumes», et ajoutant : «Colleen a parfaitement compris la thématique de cette histoire. Ravenna est attachée à l’aspect de chaque chose, c’est sa philosophie. Elle évolue dans un monde d’hommes et croit que l’unique valeur d’une femme est sa beauté. Je m’attendais à des costumes spectaculaires, mais Colleen s’est surpassée. Pour moi, ces robes sont des instruments de torture car, d’une certaine façon, Ravenna est plus cruelle envers elle-même qu’envers qui que soit d’autre.» Il fallait entre deux et six heures de maquillage pour réaliser le vieillissement accéléré de la Reine, et la comédienne débutait régulièrement ses journées à l’aube, avant de revêtir un de ces instruments de torture.

Pour les besoins du film, l’équipe d’Atwood se procura des matériaux venus du monde entier : des carapaces de scarabées de Thaïlande, des tissus de Turquie, des paillettes de Chine et des cottes de mailles conçues au Royaume-Uni mais fabriquées en Inde. La créatrice de renom Cathy Waterman a signé les bijoux. Et pour leur plus lourd jour de tournage, l’équipe dut revêtir de tenues moyenâgeuses pas moins de 400 figurants.

  1. Synopsis
  2. D'Alice à Blanche Neige
  3. Le casting
  4. Les Nains
  5. Les costumes
  6. L'univers
  7. La chronique d'Alana Chantelune

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