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Blanche-Neige et le Chasseur dans les salles

Par Gillossen, le mercredi 13 juin 2012 à 14:00:00

La chronique d'Alana Chantelune

Voici une adaptation bien éloignée du dessin animé Disney ou du film volontairement comique et involontairement ridicule de Tarsem Singh sorti ce printemps.

Le scénario de ce Blanche-Neige se permet d’approfondir les personnages et leurs failles, mais ceux-ci restent des figures de conte ; c’est un véritable bonheur de les voir évoluer dans ces décors merveilleux et avec ces magnifiques costumes, exactement ceux que l’on attend d’un conte de fées. Ces images absolument superbes valent à elles seules l’achat du billet. On devine bien que le réalisateur s’est formé dans le clip, la pub et surtout l’animatique de jeux vidéo. Mais l’esthétique n’est pas le seul élément de qualité du film.

Le casting offre aux deux rôles principaux, Blanche-Neige et le Chasseur, une partition intéressante, très physique, quoique très classique. La jeune princesse subit un parcours initiatique qui lui révèle son rôle d’Elue dans une tradition très christique. Sa mort et sa « résurrection » renforcent cet aspect messianique (un peu trop appuyé, ce film recevra certainement le label des Conservateurs Chrétiens Américains). Kristen Stewart, diaphane, fait une Blanche-Neige très crédible, portée par son rôle (jusqu’au retournement final mais on y reviendra). Elle apprend peu à peu à faire confiance au chasseur, qui lui aussi subit une transformation. Cet ivrogne désespéré au comportement limite suicidaire se mue peu à peu en véritable chevalier servant. La carrure de Chris Hemsworth, qui dépasse sa partenaire d’une bonne tête, fait merveille dans la première partie, quand il agit en homme bourru et agressif. Étrangement, voir le personnage s’apaiser lui fait perdre de sa superbe dans la dernière partie.
Blanche-Neige a sur lui, et sur d’autres, un pouvoir de guérison et d’espoir : sa seule présence attire les animaux, encourage les femmes du village de roseaux, éveille les créatures merveilleuses de la forêt, et elle apaise en quelques mots le tourment de William, son ami d’enfance. Celui-ci est le « Prince » de l’histoire, en réalité le fils d’un Duc fidèle au roi, qui se reproche de ne pas avoir sauvé sa princesse, et tente de noyer cette culpabilité en adoptant un comportement téméraire. Il aurait pu être éclipsé par le rôle du Chasseur, mais il parvient à exister ; sa témérité face aux agents de la Reine et la façon dont il a idéalisé Blanche-Neige le rendent particulièrement touchant.

Enfin, il faut parler des méchants, absolument fascinants et qui apportent énormément à l'histoire : la reine et son frère, un personnage ajouté spécialement pour le film. Ces deux-là sont en réalité d’anciennes victimes devenues bourreaux, vidés de toute compassion. La Reine absorbe la jeunesse et la vie autour d’elle, celle de jeunes filles mais aussi celle du pays tout entier : les plans montrant le château et ses environs donnent l’illusion que la présence de la Reine agit comme une tumeur qui grignote peu à peu le royaume. Alors qu’à l’inverse, Blanche-Neige éveille les forces de la nature, la Reine les fait dépérir. Persuadée que seule la jeunesse et la beauté lui permettent de survivre, elle n’a d’autre but que de poursuivre éternellement sa propre existence grâce à la sorcellerie héritée de sa mère.
Son frère, Finn, visage blanc dans un costume noir, incarne le vide émotionnel. Il laisse libre cours à sa perversité sur les femmes qu’il amène à sa sœur et reproduit ainsi le mal que d’autres leur ont fait du temps de leur enfance. Son dévouement pour elle semble toutefois cacher une fascination quasi-incestueuse. Leur relation est particulièrement fascinante par son abjection. La Reine, quant à elle, est tout simplement le plus beau personnage du film. Charlize Theron, ahurissante de beauté, incarne avec brio sa cruauté et un certain désespoir qui lorgne peu à peu vers la folie.

A côté de la splendeur visuelle des décors, de Charlize Theron et de ses costumes époustouflants, à côté du caractère original de la réécriture du conte, se cachent tout de même plusieurs bémols. Le parcours de l’héroïne est assez répétitif : à chaque lieu, elle va rencontrer un allié (le Chasseur, les femmes du village de roseau, les nains, et enfin son « Prince ») et faire de nouvelles découvertes sur sa destinées, et devoir affronter les agents de la Reine. C’est cependant la dernière partie qui coince : lorsque vient l’épisode de la pomme, puis l’attaque finale où Blanche-Neige se mue trop vite en leader de guerre, on assiste à un remodelage complet du conte qui risque d’en choquer plusieurs (dont moi). Les personnages délaissent à cet instant leurs doutes, et c’est bien dommage : ils perdent également ce qui les rendaient attachants.
Le beau voyage est terminé, on retombe dans un film d’action/fantasy classique, où les gentils ne connaissent que la charge de cavalerie (à croire que le royaume est vraiment riche en chevaux !). Si les décors sont magnifiques, il y a aussi fort sentiment de déjà vu : la Sombre Forêt est le sosie des Marécages de la Mélancolie de L’Histoire sans Fin ; le village de roseau (très beau concept que ces femmes qui se balafrent pour échapper à la Reine) rappelle à la fois un épisode des Cités d’Or et le conte du Roi qui interdisait que quelqu’un soit plus beau que lui ; le thème musical sonne furieusement comme celui de Narnia ; et surtout, la très belle scène du Sanctuaire (où fées et animaux saluent l’héroïne) est un pompage éhonté de Princesse Mononoke.

En conclusion, malgré quelques réserves sur l’originalité du projet, une dernière partie trop « déjà-vu » et sa dimension un peu trop mystique, ne privez pas vos mirettes du plaisir de ces visions enchanteresses et d’un casting fort efficace que Charlize Théron écrase de sa présence lumineuse.

  1. Synopsis
  2. D'Alice à Blanche Neige
  3. Le casting
  4. Les Nains
  5. Les costumes
  6. L'univers
  7. La chronique d'Alana Chantelune

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