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Un entretien avec François Baranger

Par Gillossen, le jeudi 16 novembre 2023 à 12:03:07

FBFrançois Baranger s'est lancé cette année dans Ars Obscura, un grand cycle de fantasy au cœur des guerres napoléoniennes.
Entre la récente sortie du tome 2 et en attendant celle du tome 3 en mars prochain, l'auteur a aimablement accepté de répondre à quelques questions pour le compte d'Elbakin.net !
Découvrez le résultat de cet entretien ci-dessous !

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L'interview

Comment est né ce projet d’envergure chez Denoël ?
D’abord dans ma tête ! C’est un projet que j’ai longuement mûri dans mon coin, avant de le proposer aux éditeurs. Pascal Godbillon, le directeur éditorial de Lunes d’encre a tout de suite été emballé lorsqu’il a lu le premier jet et j’ai apprécié cet enthousiasme. J’ai donc signé chez Denoël.
Se lancer dans un cycle de quatre tomes, c’est mine de rien très ambitieux en Imaginaire. Avez-vous toujours envisagé un tel nombre de volumes ?
C’est ambitieux, et pas conseillé ! En effet, j’ai senti de nombreuses réticences chez les éditeurs à accueillir une série ! Dès le début, je savais que je voulais écrire une série longue et touffue, afin d’avoir la place de faire vivre de nombreux personnages. Toutefois, je n’avais aucune idée préconçue sur le nombre de tomes. La division en quatre parties s’est imposée peu à peu en fonction des développements narratifs que j’entrevoyais au fur et à mesure de l’écriture. Puis, comme les deux premiers tomes sont profondément interconnectés (davantage que le troisième et le quatrième), s’est posée la question de sortir la série en deux (très) gros tomes, plutôt qu’en quatre. Mais le coût aurait été tel que le prix final pour le lecteur aurait été prohibitif.
Pourquoi le choix de cette période historique ?
Là, c’est le hasard de l’inspiration qui a parlé ! Un jour, sans que je puisse expliquer pourquoi, j’ai songé que les guerres napoléoniennes avec de la magie noire, ce serait intéressant. Les idées de récit me viennent souvent comme ça, avec une association d’idées. Comme je ne suis pas un passionné d’histoire ni de Napoléon, j’ai mis longtemps à développer ce point de départ. Mais, dès que j’ai commencé à l’approfondir, j’ai senti que cela allait fonctionner. Alors, il a fallu que je me documente beaucoup sur cette période afin de ne pas raconter trop de bêtises en arrière-plan de mon histoire.
Les deux premiers tomes se distinguent par leur grand nombre de personnages. Là encore, avez-vous toujours imaginé autant de figures à mettre en avant ?
Oui, j’ai très vite décidé de faire un récit « choral », selon l’expression consacrée. En fait, tous ces personnages vivent et racontent la même histoire, mais la multiplication des points de vue permet de dire beaucoup sur les événements et sur l’univers sans être trop explicatif. Je pense que c’est une grande force narrative, même si, bien évidemment, c’est un peu plus long pour le lecteur de s’immerger dans le récit et de s’attacher aux personnages. Mais, au final, cet attachement sera beaucoup plus fort.
Après le succès d’un Dominium Mundi très Science-Fiction, basculer dans la fantasy faisait-il partie de vos envies ? Trouvez-vous que les deux publics se ressemblent ?
Étrangement, sans que je puisse vraiment en expliquer la raison, j’ai eu envie de changer de registre à chaque nouveau roman. SF pour le premier (Dominium Mundi), thriller historique pour le deuxième (L’effet domino), aventures contemporaines mâtinées de SF pour le troisième (Tepuy) et uchronie/fantasy napoléonienne pour le dernier (Ars Obscura). Il est certain que je ne me facilite pas les choses du point de vue des ventes, car ce n’est pas toujours le même lectorat, ce qui me fait presque repartir de zéro à chaque fois. Cependant, j’ai choisi de me laisser guider par mon inspiration plutôt que de rester dans la SF après le succès de Dominium Mundi, juste pour ne pas perdre le lectorat qui me connaissait déjà.
Qui dit fantasy, dit, le plus souvent, magie…
Ah ah, oui, il y aurait beaucoup à dire. Je suppose que si l’on n’introduit pas de surnaturel en fantasy, on prend le risque de faire du roman historique déguisé. Sans la magie et les dragons, Game Of Thrones ressemblerait finalement à la Guerre des Roses ou aux Rois maudits. Donc, je suppose que le surnaturel est un peu consubstantiel de la fantasy (mais je confesse ne pas être un spécialiste de ce domaine…).
Êtes-vous amateur de romans historiques, aviez-vous des références précises en tête dans ce domaine ?
Pas plus que cela. J’ai une faiblesse pour Ken Follet (notamment Les piliers de la terre) qui, en dépit de quelques facilités narratives, parvient à faire revivre comme personne les périodes qu’il traite. Chez les Français, je pense que celui qui m’a le plus marqué demeure Robert Merle avec sa série-fleuve « Fortune de France » (de toute façon, il faut lire tout Robert Merle. À mon sens, l’un des plus grands écrivains de genre que l’on ait eu en France et qui reste pourtant très peu lu dans le milieu de l’imaginaire).
Vous êtes bien sûr également connu pour vos talents d’illustrateur ! On suppose donc que vous êtes quelqu’un de très « visuel » quand vous écrivez ?
Inévitablement. On me dit souvent que je parviens à rendre mes descriptions très visuelles. C’est certainement dû à mon entraînement, en tant qu’illustrateur, à susciter des images précises dans mon esprit avant de pouvoir les peindre en détail. Cette faculté devient très utile lorsqu’il faut faire vivre un univers fictif dans la tête du lecteur !
Quel est votre regard sur le marché de l’Imaginaire en France en 2023 ? Avez-vous noté des évolutions en + de 10 ans ?
J’avoue que je sors peu de ma bulle et que je ne saurais pas vraiment évoquer une évolution sur ce marché. Il me semble néanmoins que les difficultés financières des Français avec l’inflation galopante à fini par rattraper l’édition et que les ventes ont nettement chuté en 2023. En tout cas, sur mes livres, même ceux qui se vendaient de manière régulière depuis longtemps, c’est assez net. Il faut espérer que ce n’est que passager, sinon il va y avoir de la casse chez les éditeurs (ce qui a d’ailleurs déjà commencé).
J’en profite pour signaler aux lecteurs un fait dont, j’ai remarqué, ils ont rarement conscience : lorsqu’une série vous intéresse, n’attendez surtout pas (comme je l’entends souvent) que tous les tomes aient été publiés pour commencer à l’acheter. En règle générale, si vous êtes sûr de vouloir un livre, il faut l’acheter durant les toutes premières semaines après la sortie (si vos finances le permettent, bien sûr). En reportant un achat à plus tard, l’éditeur peut croire à un échec de la série et parfois décider de l’interrompre, ou de ne sortir les derniers qu’en poche.
À quoi s’attendre avec le tome 3, un petit indice ?
(Attention, spoilers !) Des personnages que l’on croyait mineurs vont se révéler essentiels, d’autres qui semblaient importants vont mourir, Ludwig et Éthelinde vont accomplir un périple mouvementé dans les contrées égyptiennes, terres ancestrales de magie, lors duquel tout ne va pas dérouler comme prévu. Élégast, le fameux sorcier, poursuit son inexorable ascension vers le pouvoir absolu, mais la menace russe ne cesse de grandir et l’ombre de leur mystérieux sorcier commence à s’étendre au-dessus de toute l’Europe… Rendez-vous en mars 2024 pour tout savoir !

Propos recueillis et mis en forme par Emmanuel Chastellière.


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