Vous êtes ici : Page d'accueil > L'Actualité fantasy

Bilan 2024, l’année fantasy des maisons d’édition

Par Gillossen, le 31 mars 2025 à 07:30

Les éditions Callidor - Thierry Fraysse

Alors que 2024 se termine à peine, quel serait votre premier bilan, à chaud, concernant votre maison ou même la situation globale de l'édition en Imaginaire ?: L’année 2024 a été une année décisive pour Callidor, une année d’ouverture. Et cette ouverture, on la doit surtout à un titre, Shōgun de James Clavell. Portée par la série TV de FX (que je recommande chaudement), l’édition a fait bien plus que rencontrer son public, donnant une visibilité inédite à notre catalogue. Le résultat a rejailli sur l’ensemble de nos titres, permettant à des lecteurs et des libraires de découvrir ou de mieux connaître la maison. Mais l’année ne faisait que commencer (les deux tomes de Shōgun ont paru en mars et avril), puisque dès la sortie suivante, Lilith de Georges MacDonald, un nouveau pari fou (celui de remettre en avant un auteur du XIXe siècle complètement oublié aujourd’hui) était gagné. Et ce fut également le cas – dépassant même nos espérances – pour notre dernière parution : l’édition collector de Dracula de Bram Stoker, illustrée par Christian Quesnel. Avec ce titre, il y a clairement eu un avant et un après pour la collection « Collector », ainsi que pour Callidor.
Bref, une année qui fut marquée par une très nette progression des ventes et du nombre de lecteurs de notre côté, et qui est clairement la meilleure de la maison depuis sa création en 2011. Le sentiment est celui d’avoir passé un cap. Reste à savoir si cette année 2024 sera celle de l’exception.

Avez-vous retenu un événement ou une décision particulièrement marquants ? On songe à l'usage de l'IA dans l'édition, ou aux coûts de production en hausse, aux difficultés rencontrées par beaucoup de maisons indépendantes...: La mauvaise santé financière de certaines maisons indépendantes (je pense bien entendu à ActuSF et aux Moutons électriques) est évidemment alarmante. À mon sens, cela n’est pas de bon augure pour l’imaginaire de façon générale, mais surtout pour les maisons qui n’ont pas la possibilité d’avoir de grosses licences. Autrement dit, les indépendants.
Cela m’incite personnellement à ne pas m’éparpiller, à creuser la niche dans laquelle Callidor s’est fait connaître et à conforter sa position, qui est celle de faire de la littérature de qualité à travers la publication de livres-objets. À l’heure du numérique et de l’IA, je suis convaincu que l’angle du bel écrin et de l’illustré est le bon pour être visible et se démarquer. L’avenir nous dira si ma conviction est la bonne ;)

Quelle place pour la fantasy dans votre programme 2025 ?: La fantasy est le cœur même de Callidor. D’ailleurs, j’en profite pour dire que la collection « L’âge d’or de la fantasy » célèbre cette année ses 10 ans. Une longévité dont je suis très fier et qui prouve que cette littérature a su trouver son public.
Et pour ses 10 ans, « L’âge d’or » accueillera deux nouveautés en 2025. La première concerne un auteur encore jamais traduit en français, un de mes écrivains préférés, sans doute la plume la plus drôle de la première moitié du XXe siècle. Je suis tenté de dire (et je ne serai pas le premier) qu’il s’agit du Terry Pratchett de son temps, mais à vrai dire il serait plus juste de dire que Terry Pratchett est le James Branch Cabell de son temps ;) Et pour commencer, j’ai prévu en juin son titre phare : Jurgen. Un roman de 1919, drôle, actuel, d’une finesse et d’une modernité stupéfiantes. J’espère vraiment qu’il aura du succès, et si c’est le cas, je compte revenir tous les ans avec une nouvelle parution de Cabell.
Puis, à l’approche des fêtes, je remettrai en avant un autre titre de Lord Dunsany, car il est plus que temps que cet Irlandais soit reconnu comme l’un des plus grands auteurs de l’histoire de la fantasy, et l’un des plus grands conteurs de la littérature du XXe siècle.

Enfin, quel sera votre plus grand défi pour cette nouvelle année ?: Avec l’excellente année 2024 de Callidor, il s’agit maintenant de garder le rythme. Cette année, il s’agira même d’augmenter légèrement la production en passant à 7 ou 8 titres. Enfin, si je trouve le temps ;)

Propos recueillis et mis en forme par Emmanuel Chastellière.