Vous êtes ici : Page d'accueil > L'Actualité fantasy

Mathieu Gaborit revient sur son métier d’écrivain

Par Luigi Brosse, le mercredi 18 juillet 2001 à 20:55:33

Mathieu GaboritAlors que Le Fiel, le deuxième tome de ses Chroniques des Féals vient de paraître, nous avons profiter de l'occasion pour poser quelques questions à Mathieu Gaborit. Sans prétention, ce dernier n'a pas hésité à nous donner quelques renseignements sur son travail d'écrivain et sur l'évolution qu'il a essayé d'insérer avec ce second volume.

Nos questions, ses réponses !

Parlons un peu du Fiel, votre nouveau roman paru le mois dernier. C'est une histoire beaucoup plus aboutie, nerveuse, que le premier tome. Comment s'est passée cette transition pour vous ? Est-ce difficile de traduire le changement d'ampleur de l'histoire ?
Une transition spectaculaire. Le premier tome était sans doute moins personnel et, d'une certaine manière, plus objectif. Je me suis efforcé de présenter les personnages et l'univers avec soin afin que la lecture du second soit plus aisée, que le lecteur possède suffisamment d'éléments sur l'histoire pour y évoluer avec plaisir. Ce n'est pas difficile de traduire un tel changement. Au contraire. Introduire le lecteur dans un monde, dans une histoire, ce n'est pas chose facile. C'était l'enjeu du premier tome. Dans le second, il me semble que chacun peut se glisser (et moi le premier !) dans l'histoire sans difficulté.
L'un des points forts est selon moi une présence plus marquée de la Charogne, délicieusement repoussante. Comment vous est venue l'idée de vous repencher sur le thème des morts-vivants ?
J'ai rarement été séduit par le traitement des "morts-vivants" dans l'heroic fantasy. J'ai voulu aborder ce thème-là en le traitant à ma façon, en le dépoussiérant pour que le mort-vivant ne soit plus une simple marionnette repoussante mais un véritable concept. J'ai voulu donner un sens à la "pourriture", construire autour de ce concept une architecture, un monde de l'au-delà qui fasse sens dans un genre aussi précis que l'heroic fantasy.
Januel le Phénicier, votre héros, est par contre très innocent au début du cycle. Est-il plus aisé pour vous de le manipuler ainsi, ou une fois de l'expérience ou du vécu accumulé ? N'a-t-il pas ensuite tendance à vous "échapper", à vouloir tracer sa propre voie, ou bien ne vous arrive-t-il jamais de changer vos plans ?
L'innocence de Januel était voulue et même forcée afin de traduire ses véritables origines. Mieux vaut ne rien dévoiler mais cette naïveté est cohérente avec son histoire, elle est en résonance avec les circonstances de sa naissance.
FielPlus généralement, que représentent les Chroniques des Féals pour vous aujourd'hui ? Une étape ? Une véritable évolution ? Un roman comme un autre ?
Une évolution, oui. A coup sûr. Une manière de voir le roman autrement, d'avoir la liberté "d'inviter" le lecteur, de le prendre par la main pour qu'il voyage avec moi. Avant, je manquais de simplicité. J'ai le sentiment que les Chroniques des Féals m'ont aidé à comprendre le sens d'une respiration, la manière dont il faut savoir temporiser une histoire.
Êtes-vous d'accord pour dire que la Fantasy a l'air de décoller enfin en France ? En partie grâce à Bragelonne ?
C'est évident. Le genre fait peur aux auteurs français mais c'est pourtant l'un de ceux qui se vend le mieux. Personnellement, je ne m'intéresse pas à la reconnaissance du milieu. Si je veux avoir le droit d'écrire d'autres romans, il faut que les précédents se vendent. Sachant que l'heoric fantasy est ma patrie, je me réjouis qu'un public se l'approprie. Bragelonne compte parmi les premiers acteurs de cette renaissance. Derrière Stéphane Marsan, depuis Mnémos jusqu'à Bragelonne aujourd'hui, je crois qu'une école est née, ou du moins une nouvelle approche de l'heroic fantasy, plus moderne et moins complexée. C'est surtout cela qui m'importe. N'éprouver aucun complexe vis-à-vis des auteurs anglo-saxons. Apprendre d'eux le sens du récit, le rythme et la simplicité.
Quelles sont vos lectures du moment ? Januel semble avoir un petit côté Rand al'Thor, le héros de Robert Jordan. Avez-vous seulement le temps de lire autant que vous aimeriez ?
Depuis deux ans, je lis beaucoup moins de sciences-fiction. Je me suis plongé dans le polar corps et âme, je dévore le plus possible et j'apprends énormément.
J'aimerais savoir si cette ouverture vers le polar laisserait augurer d'un possible roman dans cette veine, ou du moins autre que la Fantasy.
A coup sûr. Je travaille actuellement sur deux romans très différents en terme d'ambiance et d'époque mais qui tous deux se rattachent au polar par le traitement. En particulier un cyberpunk (un genre qui me passionne) qui verra le jour bientôt.
Quel est l'emploi du temps type d'une journée de Mathieu Gaborit, auteur ?
Variable ! Disons que la matinée doit pouvoir être consacrée à l'écriture proprement dite tandis que l'après-midi sera plus souvent dédiée aux recherches, aux idées. Je n'écris jamais le soir.
Votre éditeur vous présente comme le leader de la Fantasy française ? Êtes- vous d'accord, ou est-ce pour vous seulement une accroche pour l'éventuel acheteur ?
Difficile d'être objectif... Toutefois, je remarque le succès des Crépusculaires a pu me donner un avantage décisif pour être aux premiers rangs de la Fantasy française. Ce qui me semble important, c'est le côté novateur des auteurs qui se sont fait connaître chez Mnémos. Une génération d'auteurs en phase avec leur époque, qui ont baigné dans une culture du jeu de rôle et du jeu vidéo.
A ce sujet, pouvez-vous dire aujourd'hui que vous vivez uniquement de votre travail d'auteur ?
Non, impossible. Il est encore trop tôt. Les auteurs qui vivent de leur plume en France ne sont pas plus d'une centaine (tous les genres confondus). Des études l'ont prouvé. Toutefois, j'en vis de mieux en mieux et, à terme, d'ici quelques années, si tout se passe bien, je suppose que je pourrais m'y consacrer à plein temps.
Vers quoi aussi avez-vous à vous tourner pour compléter vos revenus si pour le moment, vous ne vivez pas encore uniquement de vos écrits ? Et si en conséquence, on peut s'attendre à voir votre nom associé à de nouveaux projets très bientôt, dans le jeu vidéo ou autre ?
Je travaille régulièrement pour des éditeurs de jeu vidéo. Depuis plus d'un an, je suis associé à un projet important, Outcast II chez Infogrames (studio Appeal) pour PS2.
Quel est la part de travail de quelqu'un comme Stéphane Marsan, dont on suppose qu'il vous pousse à revoir tel ou tel passage, raccourcir tel autre ? Agréez-vous toujours à ses conclusions ?
Presque toujours. Nous nous connaissons si bien que les échanges se font presque naturellement. Il n'y a pas de violence dans nos rapports d'auteur à éditeur. Au sens où il aime mon travail et vice-versa. C'est une relation de confiance.
Tolkien est l'une de vos références... Quel est votre regard sur le film de Peter Jackson, à sortir le 19 décembre prochain ?
Une intense curiosité et de la méfiance ;)
Pour terminer, à quoi peut-on s'attendre pour la conclusion des Féals ?
Des révélations, une chute qui devrait surprendre et une part importante réservée à la Charogne.

Interview réalisée par Gillossen


Dernières critiques

Derniers articles

Plus

Dernières interviews

Plus

Soutenez l'association

Le héros de la semaine

Retrouvez-nous aussi sur :