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Aujourd’hui dans les salles : John Carter !

Par Gillossen, le mercredi 7 mars 2012 à 12:59:50

Le parcours d'une adaptation au long cours

Entouré d’ « artworks » colorés et de figurines complexes, Stanton explique sa passion pour le projet. « Tout le monde semble connaître le livre Tarzan, que Burrough a également écrit », dit-il. « C’est ce livre qui l’a rendu riche et célèbre. Mais je trouvais, étant enfant, que la série Mars était bien plus distrayante. Etant transporté dans ce monde fictif, avec tous ces personnages et scénarios, j’étais bien plus captivé. Le livre Une Princesse de Mars d’abord connu sous le nom Sous la Lun(..) est considéré comme la pierre de Rosette de la science-fiction. Il fut, ainsi que tous les livres de la série qui ont suivis, un peu mes Harry Potter de l’époque. »

Avant de travailler sur « John Carter », Stanton était occupé à suivre une des carrières les plus prolifères et respectée de l’histoire du film d’animation. Il a remporté l’Academy Award® « Best Animated Feature » (meilleure Production Animée) deux fois, la première pour Le Monde de Némo puis pour Wall-E, qu’il a toutes deux écrites et réalisées. Il a aussi coécrit les scénarios de Toy Story, Toy Story 2, Toy Story 3 et 1001 Pattes, ainsi que produit Monstres et Cie, Là-haut et Partly Cloudy.

« En 2006, à mi-chemin de la réalisation de Wall-E, je réfléchissais à ce que je voulais faire après. L’idée d’enfin voir les histoires martiennes de Burrough sur grand écran, ou de pouvoir aider à les adapter à l’écran, m’excitait plus que tout le reste. J’ai appelé Disney et demandé « Les mecs, ça vous dirait de me laisser une chance et d’essayer ça ? Je vois le film comme mi-CG (computer generated) mi –action réelle. Peut-être que vous seriez prêt à me laisser essayer la partie action-réelle, parce que je suis à peu près sûr que je peux gérer la partie CG. » J’ai eu de la chance. Ils ont dit oui ».

Stanton a commencé la rédaction du scénario de « John Carter » avec Mark Andrews, responsable scénario pour Ratatouille et Les Indestructibles et dirige le prochain Pixar, Rebelle. Ils ont découvert être tout deux des fans de longue date de la saga Barsoom et échangeaient des « histoires de geeks » tout en écrivant. « Plus tard, alors que le script devenait plus exigeant, nous avons compris qu’il nous fallait un autre scénariste pour maintenir la dynamique pendant qu’on préparait le film » explique Stanton. « Quelqu’un m’a dit pendant une soirée de Noël que Michael Chabon, qui a gagné le prix Pulitzer avec The adventures of Kavalier and Clay, était un grand fan des livres. C’est une de mes connaissances, donc je l’ai appelé. Je pensais qu’il serait trop occupé, mais la chance frappa encore et il a dit oui. Une des choses qu’on a découverte en commençant à travailler ensemble, c’est qu’on avait tous des dessins des personnages du livre qu’on avait fait quand on était enfants. On les avait conservés, donc on se les est montré. »

Stanton, Andrew et Chabon s’attaquaient à un sacré défi en adaptant les romans de Burrough, écrits au début des années 1900 pour en faire un film moderne. « Je sentais qu’à cause de la période où ils avaient été crées, les personnages étaient en 2D et manquaient de profondeur, » raconte Stanton. « John Carter et Dejah Thoris, les deux personnages principaux, sont tellement basiques, de véritables archétypes. Carter était un bienfaiteur classique, s’il avait été un parfum de glace c’aurait été vanille. Dejah, c’était la demoiselle en détresse de base. » « Enormément de clichés d’histoire de romance sont nés de leur histoire et de leur relation et j’aimais beaucoup l’esprit des personnages de John et Dejah, mais je voulais pouvoir les séparer en plusieurs morceaux et leur donner plus de profondeur. » explique Stanton. « Carter devait conserver son sens de la justice et Dejah la force de Mars qui est son essence, but j’avais besoin de greffer d’autres pièces sur ces aspects noyaux. Une fois qu’on les a décodés, on a réalisé que beaucoup reposerait aussi sur le casting. » Jim Morris, producteur, qui a rejoint Stanton aux studios Barsoom, de même que l’éditeur Eric Zumbrunnen et le superviseur d’animation Eamonn Butler, confirment l’intensité du processus de casting. « On avait une demi-douzaine d’acteurs et actrices principaux, donc on a décidé de faire des test écrans à l’ancienne. On a passé une demi-journée sur les couples possibles et on n’arrêtait pas de changer, tournant différentes scènes. Ca n’était pas une session casting avec des gens autour d’une table qui lisent leur texte. Tout le monde était en costume et on avait deux caméras. La bonne nouvelle c’est qu’on a pu mesurer l’alchimie entre nos acteurs principaux. C’était une bonne preuve de concept. » explique Stanton. « En fin de compte, j’ai testé Taylor Kitsch et Lynn Collins, et je n’aurais pas pu être plus heureux. Il y a toujours ce moment précis dont on entend parler pendant les tests écrans où l’alchimie est là, d’un coup et on ne peut plus s’arrêtait de regarder les acteurs. Ils étaient exactement ce dont j’avais besoin, au-delà de tout ce qu’on avait pu mettre au point à l’écrit. » « Taylor joue très bien le côté « usé par la vie », il est très bon avec les personnages brisés. Lynn Collins n’était même pas parmi les candidates potentielles pour moi. Je ne connaissais pas son travail avant qu’elle ne rentre dans la pièce en apportant avec elle une puissance et une intelligence si intense que je n’ai tout simplement pas pu l’oublier. Disney ne m’a jamais mis de pression pour que je mette en scène de grande star, ce dont je suis très reconnaissant. Ils étaient d’accord sur le fait qu’on avait besoin de croire que les acteurs étaient bien les personnages qu’ils jouaient. C’était un point positif pour ces acteurs, qui sont des stars en devenir. »

Stanton ressentit aussi une forte pression quand vint le moment de choisir les autres personnages principaux, Tars Tarkas et Sola. Il s’agit de Tharks, une race extra-terrestre vivant sur Mars depuis des milliers d’années. Les Tharks sont générés par images de synthèses pendant le processus de postproduction, mais des acteurs jouaient leurs rôles durant le tournage de manière à rendre le résultat final plus crédible.

« Je voulais les meilleurs acteurs que je puissent trouver, même si en fin de compte ils n’apparaitront pas à l’écran, » raconte Stanton. « J’ai appris une chose il y a très longtemps chez Pixar : tout est dans la qualité de la voix, les yeux et la crédibilité du jeu d’acteur. Ces trois choses sont bel et bien transposées à l’écran, même si on enlève tout le reste. Williem Dafoe a tellement de noblesse et Samantha Morton un côté tellement vulnérable qu’ils étaient parfaits pour Tars Tarkas et Nola. »

Techniquement parlant, tourner des scènes avec des acteurs jouant des Tharks posa des défis et techniques et physiques à tout le monde. Une fois un modèle taille réelle présenté au visiteur, il devient facile de comprendre pourquoi. Ils mesurent près de 3m, ont la peau verte, des défenses et quatre bras.

« Je me suis dit : bon, j’ai 2 acteurs entièrement CG qui vont être présents à l’écran autant que les acteurs « action-réelle », et il faut que je sois sûr qu’ils auront l’air crédibles et réels. » dit Stanton. « En tant que publique, notre code de compréhension et de croyances de signaux physiques repose sur une échelle très large de mouvements. On sait qu’une personne réagi avant même qu’elle ne parle, par exemple. Je ne voyais pas comment j’aurais pu atteindre le niveau de crédibilité que je visais sans qu’il n’y ait un très bon acteur face à un autre très bon acteur dans la même scène. J’ai expliqué ça à mon équipe, et ils l’ont compris. Je leur ai dit : « Ca vous dirait de porter un pyjama gris dans le désert, à température ambiante de 40°C, en étant monté sur échasses ? » et ils m’ont répondu « où est-ce qu’on signe ? ». Il se trouve que c’était le meilleur moyen de leur vendre le projet, en leur exposant la vérité, aussi moche soit-elle. »

Les acteurs jouant les Tharks ont aussi dû porter des caméras faciales pour enregistrer toutes leurs expressions et mouvements faciaux. « Heureusement, les Tharks ont des défenses », explique Stanton, « alors on a pu placer les caméras exactement là où elle devaient être et les traiter comme faisant partie intégrante de la structure faciale. Cela signifie que les acteurs pouvaient utiliser les caméras pour leur personnage, au lieu d’avoir un machin encombrant devant le visage. »

Stanton étant inquiet de passer des films animés à l’action en temps réelle, il fut mis à rude épreuve le tout premier jour du tournage. « Le premier jour, j’ai vu débarquer Lynn habillée en Dejah, avec Taylor en tant que Carter, puis Samantha Morton habillé avec son costume funky… J’étais derrière la caméra et je me disais « Oh, mon Dieu… » J’y croyais vraiment pas. Je ne m’étais pas autorisé à y penser jusqu’à ce moment précis, parce que je ne voulais pas perdre la tête. J’avais peur d’être complètement dépassé ou intimidé. Je ne me suis laissé faire qu’un tout petit instant, remarquez. » « Je pense, honnêtement, que ma plus grande surprise fut de constater à quelle point l’animation et l’action réelle sont similaires, » explique-t-il. « On me posait la question : « Ca fait quoi de travailler avec des vraies personnes ? » et je répondais systématiquement « Et bien, je travaille avec 200 personnes tous les jours chez Pixar et je ne parle pas aux ordinateurs. Je ne dis pas aux ordinateurs ce qu’ils doivent faire. » Je dois en revanche parler à un artiste à propos du design d’un costume et d’où placer la caméra et au sujet de ce qui motive un acteur. Aucune de mes conversations n’a vraiment changé quand j’ai tourné John Carter, juste l’environnement et la fréquence à laquelle je devais discuter des décisions créatives que je prenais. »

Stanton a également travaillé de près avec le Designer de Production Nathan Crowley pour créer un monde martien comme personne n’en avait jamais vu. Il défend farouchement l’idée que le public devait découvrir Mars sous un angle nouveau, une perspective fraîche, puisqu’il y a tellement de stéréotypes dans l’imaginaire sci-fi collectif au sujet de Mars et de ses habitants. A en juger les dessins et tableaux que les visiteurs ont pu contempler, ils ont très clairement réussi.

« Je veux que le public ressente cette impression pendant le film que c’est vraiment en train de se produire, avec toute la confusion et la dureté de la réalité. Je réfléchissais au film comme à un journal de voyage, comme si quelqu’un faisait un documentaire sur un pays étranger dans le passé. Le livre se déroule en 1912 et traite parfois du pré-changement de siècle, donc on dépeint tout sur terre comme à cette époque. Ca m’a permis d’ôter le côté fantaisie, plus destiné aux enfants, et d’en faire un film plus légitime, difficile de trouver un autre mot… Ca impliquait aussi de faire passer les décors pour du vieux, de l’usé. On devait donner à Mars une culture profondément ancrée et une sensation que beaucoup de choses se sont produites dans ce monde bien avant la période de temps où il se trouve que l’on situe notre fenêtre d’action. J’ai trouvé ça incroyablement novateur. »

Stanton continue : « Mars est une planète déserte, mourante. On s’est retrouvé à utiliser des lieux réels, comme l’ancienne cité Petra et des endroits dans le Jourdan et a simplement les modifier photographiquement. Quand on voit ces endroits, on ressent cette fabuleuse impression d’une Histoire Antique construite à même la roche d’une autre époque. Cela évoque l’Histoire étant construite sur une autre Histoire et des populations vivant entre les différentes couches, comme des dépôts. Tous les jours, j’allume la T.V et j’apprends quelque chose de nouveau sur la Discovery Channel au sujet d’un peuple ou d’une époque. Je veux placer les gens dans ce même état d’esprit quand ils verront la Mars que l’on a créé. Je veux qu’ils se demandent si oui ou non ils sont en train de regarder de la fiction. Je veux qu’ils se demandent « Où diable ont-ils tourné ça ? ». »

Le tournage principal du film a été achevé il y a un an, mais Stanton et son équipe ont encore plus de 8 mois de travail avant d’avoir terminé. Il explique « Nous avons travaillé à tout remplacer avec des images de synthèse et agrandir les univers. Tout paye et ça rend vraiment incroyablement bien. J’ai réussi à en tirer exactement toutes les subtilités que je voulais. Si quelqu’un me disait : ‘Demain, tu dois tourner un autre film’, je referais exactement la même chose qu’avec John Carter. »

Stanton est réticent à l’idée de dévoiler trop d’informations sur le scénario de John Carter, mais il en dit un peu sur le thème du film : « Je voulais juste que cette histoire soit adaptée. Je suis un immense fan des livres et j’ai passé ma vie à attendre que quelqu’un les adapte à l’écran. Ma version de l’histoire est une espèce de vue étendue de comment fonctionne la société. C’est au sujet du fait que notre but est entremêlé à la survie et les besoins des autres. En tant que réalisateur, tout ce que je fais, c’est observer comment les humains interagissent, de mon point de vue, et en dire quelque chose de vrai. Ensuite j’essaye de vous faire oublier tout ça, et de vous plonger dans l’histoire et dans le film. C’est ça, mon travail. »

« En fait, tout ce qui m’intéresse, c’est que quelqu’un dise ‘Il faut que vous voyez ce film’. Je veux que vous le sortiez des étagères et que vous le regardiez sans vous soucier qu’il ait été réalisé en 2006 ou en 1960. Je fais ça pour les petits-enfants et c’est ça qui m’aide à prendre des décisions à long-terme sur ce qui est le mieux pour le scénario, et pas les décisions qui ne se préoccupe que d’entrer dans le box-office pendant une semaine ou deux. Je ne vais pas passer 4 ans de ma vie pour quelque chose qui n’essaye de capturer qu’un court instant. J’essaye de faire des films que vous allez vouloir voir et revoir et revoir et revoir... »

  1. Synopsis
  2. L'héritage
  3. Le parcours d'une adaptation au long cours
  4. Le réalisateur
  5. Les personnages
  6. Le saviez-vous ?
  7. Les vidéos
  8. La critique de Witch

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