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Hommage à JRR Tolkien, conférence à la BNF, janvier 2004

Par Foradan, le dimanche 1 février 2004 à 23:34:51

A l'occasion de l'exposition consacré aux illustrations d'Alan Lee à la Bibliothèque Nationale de France, le commissaire de l'exposition a organisé une journée de conférence ouverte à tous.
Voici le rapport de nos envoyés spéciaux.

Vincent Ferré - Pourquoi lire Tolkien ?

Ce titre, comme l'a fait remarquer Vincent lui-même, était provisoire et pas tout à fait approprié, puisqu'il s'agissait plutôt ici de faire le point sur le statut que possèdent les textes de Tolkien, et sur l'histoire de Tolkien en France depuis 1973 (date de parution du Seigneur des Anneaux).

  • Julien Gracq est un des premiers auteurs français à avoir évoqué Tolkien, et pris position en sa faveur. Dans "En lisant en écrivant" (en 1980), il écrit : "Enigmatique et irritant pour l'esprit le cas de ces écrivains que la librairie a imposé à la littérature" et cite Tolkien parmi ces auteurs dont le succès populaire précède la reconnaissance des professionnels de la littérature.
  • Un chiffre important : 86 % des lecteurs de littérature générale ont lu un livre de fantasy en 2003. Pourtant, Tolkien n’a été publié en France qu’en 1969, date de la première traduction de Bilbo en français (soit 20 ans après la première traduction en suédois).

Il y avait déjà des éditions japonaises, polonaises, espagnoles, etc...

==> 1970 marque un tournant en France : un recueil qui parle d'auteurs anglo-saxons non traduits en Français est publié chez Christian Bourgois, Admirations, par Jacques Bergier : l’éditeur découvre Le Seigneur des Anneaux et confie la traduction à Francis Ledoux, le traducteur de Bilbo.

==> En 1972-73, le Seigneur des Anneaux paraît en France chez Christian Bourgois. Le 4ème tome (les appendices) sera publié en 1986. En 1973, le Tome 1 a reçu le titre de meilleur livre étranger

C'est le début d'un programme de publications chez Christian Bourgois, destiné à rattraper le retard de la traduction en France. Mais Christian Bourgois a des difficultés pour trouver des traducteurs. La publication de Faërie, en 1974, permettait d'avoir accès à l'art poétique de Tolkien, et de comprendre le rapport entre la création de ses personnages et sa recherche universitaire, puis sont parus les Contes et Légendes Inachevés, Le Silmarillion. Mais arrêt des traductions par manque de traducteurs. 2ème vague de traductions dans les années 90 avec Peintures et aquarelles, Les Livres des Contes Perdus (2 premiers tomes des History Of Middle Earth) traduits par Adam Tolkien, le fils de Christopher. 3ème vague depuis 2002 avec la seconde édition de Faërie (complétée par « le retour de Beothnoth »et une introduction à Tom Bombadil) et les tomes 3, 4 et 5 des HOME qui sont actuellement en cours de traduction.

  • Tolkien était avant tout un universitaire, auteur notamment d'un lexique de moyen anglais. De nombreux médiévistes lisent et aiment Tolkien. Une douzaine de thèses ont été publiées entre 1980 et 2003. Il faut attendre 2001 pour qu'un 1er texte centré sur le SDA paraisse (notamment la Feuille de la compagnie).
  • Ce retard des recherches est à mettre en parallèle avec le problème sur l'image de Tolkien dans les médias. Les journalistes parlent d'un "auteur peu connu", redisent toujours les mêmes erreurs à son sujet, certains dictionnaires commettent des erreurs sur sa date de naissance, l’orthographe de son prénom ...

De manière générale, les trois erreurs récurrentes que l'on trouve à propos de Tolkien sont les suivantes :

==> Son oeuvre est considérée comme une littérature de jeunesse. Or, il n'y a pas forcément de frontière fixe entre la littérature de jeunesse et la littérature pour adulte, mais dans l'esprit de Tolkien le SDA est une oeuvre pour adultes.

==> La qualification "fantasy" n'est pas rentrée dans les moeurs. On la confond avec le fantastique. (distinction faite par Tzvetan Todorov : dans le fantastique, les faits peuvent trouver leur explication soit dans le rationnel, soit dans le surnaturel. Il y a toujours une hésitation entre les deux. Dans le merveilleux (donc dans la fantasy), l'explication est ... merveilleuse, la présence de créatures chimériques par exemple n'est pas remise en cause.)

==> L'oeuvre souffre d'une accusation récurrente de racisme.

  • Mais depuis 2001, le film de Peter Jackson a attiré de nouveaux lecteurs et a permis de se détacher un peu de l’image du jeu de rôle tout en relançant l’intérêt du public et de l’édition.

(Au cours de cette intervention, quelques extraits du DVD de Baylie nous ont été montrés pour illustrer Tolkien conteur, sa manière de concevoir ses langages et le manque d’intérêt porté à la traduction française du sous-titrage (je vous laisse imaginer le grondement désapprobateur de la salle))

  1. Vincent Ferré - Pourquoi lire Tolkien ?
  2. Alain Névant - Qu'est-ce que la fantasy ?
  3. Anne Besson - Tolkien et les romans-mondes
  4. Michaël Devaux - Pourquoi prendre au sérieux l’histoire de la Terre du Milieu
  5. Léo Carruthers - L’influence de la littérature médiéval anglaise sur Tolkien

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