On peut dire beaucoup de choses sur les récits souvent préformatés de Feist  ou sa qualité d'écriture. Mais s'il y a bien une chose que nul ne peut lui  dénier, c'est sa constance dans l'exploration de son monde de Midkemia.
Car nous voici de nouveau à l'orée d'un énième cycle ayant pour cadre ce  monde qui nous offre un nouvel affrontement alambiqué entre le Bien et le Mal.  De manière plus précise je peux même vous dévoiler le nom de l'adversaire de ce  cycle sans risquer de vous gâcher le plaisir de lecture : il s'agit d'un nouveau  combat du Conclave des ombres contre Leso Varen, le magicien maléfique.
Cependant, ce livre n'est pas non plus la copie conforme de ses  prédécesseurs et nous offre quelques originalités et plusieurs points positifs.  Tout d'abord il ne faut pas nier le talent certain de l'auteur pour  nous offrir  une histoire qui tient la route avec son lot d'action et de trahisons. Le  complot visant l'empereur de Kesh la Grande et la lutte à distance entre le  Conclave et Leso sur fond de prémices de guerre entre les mondes de Midkemia et  dasati sont autant d'éléments qui pimentent le récit et entretiennent l'intérêt  jusqu'au bout. De plus, Feist nous permet d'approfondir les relations et la  personnalité des héros précédents pour mieux nous les faire apprécier. Enfin,  avec ce début de cycle l'auteur approfondit encore plus son monde déjà très  riche et nous offre pour l'occasion un aperçu des plus exotiques du monde et de  la politique keshiane. Entre les règles très strictes encadrant les sangs purs,  les différentes factions de la Cour ou encore la description épique de la plus  grande ville du monde, le lecteur a son quota de dépaysement.
Ce qui empêche Les faucons de la nuit de rejoindre les meilleurs livres de  l'auteur, c'est tout d'abord l'absence de véritables surprises. Certes, les  rebondissements et l'action s'enchaînent harmonieusement sans baisser  d'intensité, mais sur un mode déjà abordé dans d'autres volumes avec un final  qui se laisse rapidement deviner. De plus, les anciens personnages à l'instar de  Ser Fauconnier, Kaspar ou encore l'incontournable Nakor et l'omniprésent Pug  sont approfondis et traités avec talent, alors que les quelques nouveaux héros,  principalement Marie, Tad et Zane, sont beaucoup plus effacés et manquent de  réelle profondeur. Leurs réactions sont automatiques et souvent puériles pour  les deux derniers, et s'ils évoluent sur le plan du physique et de la maturité,  ce n'est pas vraiment le cas de leur mental qui manque de richesse. N'est pas  Nakor ou Kaspar qui veut !
Pour conclure en peu de mots on peut s'avancer en disant que ce novueau  cycle de Midkemia pourra donner lieu à d'intéressants développements et  atteindre de plus hauts sommets, mais qu'en l'état actuel des choses ce premier  tome est insuffisamment consistant pour combler le lecteur, à l'exception des  plus grands fans de la série.
                                                                                            — Belgarion