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La Porte des Remparts sublimes

ISBN : 979-103070546-1
Catégorie : Aucune
Auteur/Autrice : Pierre Bordage

Sibelle est la fierté des Charmeresses, un ordre de femmes initiées et vouées aux choses de l’amour qui font librement commerce du sexe.
Sur l’île du bout du monde, lors de la cérémonie de la fleur, conformément au rituel, sa virginité va être mise aux enchères.
C’est le début d’une incroyable épopée, sur le chemin de son destin.

Critique

Par erkekjetter, le 21/07/2023

Curieux ouvrage que celui-ci, puisqu’il s’agit ni plus ni moins d’un récit érotique. Dans un monde de fantasy, certes, mais essentiellement érotique tout de même. Pas vraiment la spécialité de Pierre Bordage, donc.
Le récit se centre sur Sibelle, une jeune prostituée en devenir, dont la virginité est mise à prix. Sibelle qui est – pardonnez-moi ce vague jeu de mots affligeant – si belle, ce qui justifie le battage autour de cette enchère alors que personne n’a vu son visage. La demoiselle est aussi fort jeune, puisqu’elle n’a que quinze ans. La voilà donc jetée en pâture au plus offrant, devant une foule plus qu’enthousiaste, pour le plus grand bonheur de la tenancière de la maison close qui l’a formée. Bien entendu, les choses ne vont pas se dérouler comme prévu, et cela servira de point de départ pour une aventure aux multiples rebondissements.
L’histoire en elle-même pourrait être décomposée en plusieurs épisodes, qui seront à peu près tous prétexte à des scènes de sexe. Ce sont d’ailleurs les scènes les plus détaillées, celles auxquelles l’auteur accorde le plus de temps. Le reste va très vite, Sibelle enchaîne les (més)aventures, souvent à la merci des événements – et de la volonté des personnages masculins. Pratiquement tous les tournants pris par l’histoire sont initié par un deus ex machina, ce qui rend l’ensemble assez peu intéressant : tout va vite, très vite, trop vite pour que ce soit un tant soit peu crédible. Disons que l’on a l’impression que l’histoire n’est en effet qu’un prétexte, avec pour seule ligne directrice, outre les ébats sexuels, que Sibelle doit tout de même avoir un destin exceptionnel. Seulement, c’est parfois tellement décomplexé que ça en devient ridicule. Les personnages secondaires qui croisent la route de la jeune femme sont à peine mis en place qu’ils disparaissent déjà. 
Côté cul, nul doute que nous sommes ici en pleine immersion dans un imaginaire masculin, et pas des plus modernes. La virginité (qui est en soi un concept absurde) des femmes est un fantasme bien ancré – et l’hymen fait office d’opercule fraîcheur, bien sûr –, la masculine est source de honte, pour peu qu’elle soit « tardive ». Le sexe de l’homme a droit à moult occurrences de « roi dressé » et de « petit soldat », quand celui de la femme est, sans surprise, une « fleur », un « temple, un « vallon secret ». Si l’on a droit à des descriptions détaillées des vîts qui vont croiser la route de Sibelle, le sexe féminin reste dans un flou artistique constant – le clitoris n’est même pas nommé une seule fois, alors que l’on a droit à toute l’anatomie du phallus. Pour couronner le tout, la pénétration demeure l’acte sexuel par excellence, le reste semblant n’être que d’agréables à-côté. 
On a même droit à une pirouette particulièrement malvenue : alors que Sibelle dort, un importun vient dans le plus grand des calmes lui coller son sexe entre les fesses. Une agression sexuelle, un viol ? Meuh non, puisque la demoiselle se réveille et se dit soudain qu’elle a très envie de faire l’amour avec un inconnu qui a initialement fait fi de son consentement… Bref, l’auteur nous sert là une vision pour le moins datée de ce qu’il considère comme une sexualité « libérée ».
Vous l’aurez compris, le texte cumule donc un joli bouquet d’écueils. Sans compter qu’on est face aux tribulations sexuelles d’une jeune femme de quinze ans, qui s’ébat globalement avec des hommes qui ont du pouvoir sur elle et accusent au moins le double de son âge (et plutôt plus, en l’occurrence), le tout raconté par un homme de presque soixante-dix ans. Il se dégage de tout ceci un sentiment de gêne tenace que rien ne vient dissiper. Difficile donc de recommander ce premier tome, même aux inconditionnels de Bordage.

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