Vous êtes ici : Page d'accueil > L'Actualité fantasy > Harry Potter

Amazon dévoile l’histoire des Contes de Beedle le Barde

Par Altan, le samedi 29 décembre 2007 à 18:54:12

Lapina la Babille et sa queue qui caquetait - quatrième conte

BeedleUne large souche d'arbre (avec vingt cernes – on a compté) trône en haut de la première page du quatrième et plus long conte de fées de Rowling. Cinq racines, telles des tentacules, s'étendent de sa base sur de l'herbe et des aigrettes de pissenlits en pleine éclosion. Au milieu de la base de la souche se trouve une fente noire, avec deux cercles blancs comme deux petits yeux qui scrutent le lecteur. Au bas de la page, l'empreinte d'une étroite patte (à quatre orteils). Moins horrifique que le coeur velu et sanglant du dernier conte (et cette fois nous voyons de la jolie poudre de lutin sur la première page), mais nous n'aimons pas trop l'aspect de cette souche. "Lapina la Babille et sa queue qui caquetait" commence (comme de nombreux contes de fées) il y a longtemps dans une lointaine contrée. Un "roi extravagant" et cupide décide de garder la magie pour lui seul. Mais il a deux problèmes : d'abord, il doit rassembler toutes les sorcières et tous les magiciens ; ensuite, il doit vraiment apprendre la magie. En même temps qu'il organise une "Brigade de Chasseurs de Sorcières" armée d'une meute de chiens noirs féroces, il annonce également qu'il a besoin d'un "Professeur de Magie" (pas très malin, notre roi). Les sorcières et les magiciens rusés préfèrent se cacher plutôt que de répondre à son appel ; mais un "charlatan astucieux" et sans aucun talent magique, endosse hardiment le rôle de magicien avec quelques simples tours de passe-passe.

Une fois en place en tant que sorcier en chef et professeur privé du Roi, le charlatan demande de l'or en échange de contributions magiques, des rubis pour la création de sorts et des coupes en argent pour des potions. Le charlatan amasse ces objets dans sa maison avant de retourner au palais, mais il ne remarque pas que Lapina, la vieille "lavandière" du Roi, l'a vu. Elle l'a vu casser des brindilles d'un arbre puis les présenter au Roi comme des baguettes magiques. Rusé comme il est, le charlatan a dit au Roi que sa baguette magique ne fonctionnerait que lorsque "sa Majesté en serait digne".

Tous les jours, le Roi et le charlatan répètent leur "magie" (Rowling excelle ici, faisant le portrait du Roi ridicule brandissant sa brindille et "criant des inepties au ciel"). Mais un matin, ils entendent un rire et voient Lapina qui les observe depuis sa maisonnette, riant si fort qu'elle peut à peine se tenir debout. Le Roi humilié est furieux et impatient, il demande à ce qu'ils donnent une vraie démonstration de magie, devant ses sujets, le lendemain. Le charlatan désespéré dit que c'est impossible car il doit quitter le royaume pour un long voyage, mais le Roi à présent suspicieux, le menace de lancer la Brigade à ses trousses. S'étant mis dans une colère noire, le Roi ordonne également : si "quelqu'un se moque de moi" le charlatan sera décapité. Ainsi, notre Roi extravagant, cupide et sans pouvoir, se révèle être également orgueilleux et pitoyablement anxieux. Même dans ses contes courts et simples, Rowling est capable de créer des personnages complexes et intéressants.

Cherchant à "libérer" sa frustration et sa colère, le charlatan rusé se dirige directement vers la maison de Lapina. En regardant par la fenêtre, il voit une "petite vieille femme" assise à sa table en train de nettoyer sa baguette magique pendant que les draps se "lavent tout seul" dans un petit bassin. La considérant comme une vraie sorcière, à la fois la source et la solution de ses problèmes, il lui demande son aide, sans quoi il la dénoncera à la Brigade. Il est difficile de décrire fidèlement ce moment clé de l'histoire (et de chacun de ses contes, d'ailleurs). Essayez de vous rappeler la richesse et la couleur des romans de Rowling et imaginez comment elle pourrait remplir ces jolis petits contes d'images éclatantes et de personnages pleins de nuances subtiles.

Impassible devant cette demande (c'est une sorcière après tout), Lapina sourit et accepte de faire "tout ce qui est en son pouvoir" pour l'aider (il y a ici un double sens énorme). Le charlatan lui dit de se cacher dans un buisson et de réaliser tous les sorts pour le Roi. Lapina accepte, mais se demande à voix haute ce qu'il se passera si le Roi essaie de lancer un sort impossible. Le charlatan, toujours plus convaincu de son intelligence et de la stupidité des autres, balaie son inquiétude d'un rire, assurant que la magie de Lapina est certainement beaucoup plus puissante que ce que pourrait fomenter "l'imagination d'un extravagant".

Le matin suivant, les membres de la cour se rassemblent pour assister à la démonstration de magie du Roi. Depuis une scène, le Roi et le charlatan lancent leur premier sort : faire disparaître le chapeau d'une femme. La foule est stupéfaite et étonnée, et ne pense pas une seule seconde que c'est Lapina, cachée dans un buisson, qui lance le sort. Pour son prochain exploit, le Roi pointe la "brindille" (chaque référence à sa brindille est hilarante) sur son cheval, et l'élève haut dans le ciel. Cherchant autour de lui une idée encore meilleure pour son troisième sort, le Roi est interrompu par le Capitaine de sa Brigade, qui tient dans ses bras le corps d'un des chiens du Roi (empoisonné par un champignon). Il implore le Roi de ramener le chien "à la vie", mais quand le Roi pointe sa brindille sur le chien, rien ne se passe. Lapina sourit dans sa cachette, n'essayant même pas de lancer un sort, car elle sait qu'aucune magie ne peut "ramener les morts" (du moins pas dans cette histoire). La foule commence à rire, suspectant que les deux premiers sorts n'étaient que des tours de passe-passe. Le Roi est furieux, et quand il demande à savoir pourquoi le sort n'a pas fonctionné, le charlatan fourbe et rusé désigne la cachette de Lapina et crie qu'une "méchante sorcière" empêche les sorts. Lapina sort du buisson en courant, et quand les Chasseurs de Sorcières lancent les chiens à ses trousses, elle disparaît, laissant les chiens "fouiller et aboyer" au pied d'un vieil arbre. Désespéré, le charlatan hurle que la sorcière s'est changée en "pomme" (ce qui fait ricaner même à ce moment intense et dramatique). De peur que Lapina ne redevienne une femme et ne donne sa version des faits, le charlatan donne l'ordre de couper l'arbre, parce que c'est ainsi qu'on "traite les méchantes sorcières". C'est une scène plutôt intense, non seulement à cause du dramatique "qu'on lui coupe la tête !", mais aussi parce que l'habileté du charlatan à galvaniser la foule rappelle les vrais procès de sorcières. Au fur et à mesure de la construction de la tragédie, l'écriture de Rowling semble être de moins en moins lisse, les espaces entre les lettres de ses mots s'agrandissent, créant l'illusion qu'elle invente l'histoire au fur et à mesure qu'elle avance, écrivant les mots sur la page aussi vite qu'elle le peut.

(spoiler) L'arbre est coupé, mais alors que la foule se réjouit sur le chemin du palais, un "caquètement bruyant" se fait entendre, venant cette fois de l'intérieur de la souche. Lapina, en sorcière intelligente, déclare que les sorcières et les magiciens ne meurent pas quand on les "découpe", et pour le prouver, elle suggère qu'on essaie de couper "en deux" le professeur du Roi. Sur ces paroles, le charlatan implore la pitié et se confesse. Il est emmené au dongeon, mais Lapina n'en a pas terminé avec son roi extravagant. Sa voix, sortant toujours de la souche, déclare que ses actes ont lancé une malédiction sur le royaume, de telle sorte qu'à chaque fois que le Roi fera du mal à une sorcière ou à un magicien, il souffrira lui-même si intensément qu'il souhaitera "en mourir". Le Roi désespéré tombe à genoux et promet de protéger tous les magiciens et les sorcières du pays, leur permettant d'utiliser leur magie sans leur faire de mal. Contente, mais pas encore entièrement satisfaite, la souche caquette encore et demande à ce qu'une statue à l'effigie de Lapina soit placée sur elle pour rappeler au Roi "sa propre folie". Le "Roi honteux" promet de faire sculpter une statue en or, et il rentre au palais avec sa cour. Enfin, "un vieux lapin corpulent" avec une baguette magique entre ses dents sort en sautillant d'un trou en dessous de la souche (Aha ! L'explication de ces petits yeux blancs) et quitte le royaume. La statue en or resta sur la souche pour toujours, et les sorcières et les magiciens ne furent plus jamais pourchassés dans le royaume.

Lapina la Babille et sa queue qui caquetait met en valeur l'ingéniosité malicieuse de la vieille sorcière, qui devrait rappeler aux fans un certain magicien sage et plein de ressources, et l'on peut imaginer que la vieille Lapina devienne un héroïne de conte populaire pour un jeune magicien ou une jeune sorcière. Mais plus qu'une simple histoire sur la victoire d'une sorcière intelligente, le conte nous met en garde contre les faiblesses humaines : la cupidité, l'arrogance, l'égoïsme et la duplicité. Il nous montre également que ces personnages errants (mais pas méchants) arrivent à apprendre de leurs erreurs. Le fait que ce conte suive celui du sorcier fou souligne l'importance que Rowling accorde à la conscience de soi : Lapina révèle au Roi son arrogance et sa cupidité, de la même façon que la Marmite Sauteuse dévoile l'égoïsme du magicien et que la Fontaine nous montre la force cachée des trois sorcières et du chevalier. Des quatre premiers contes, seul le sorcier au cœur velu est voué à un destin vraiment horrible, puisque son impardonnable utilisation de la Magie Noire et sa volonté de ne pas connaître sa vraie nature l'excluent de toute rédemption.

  1. Le Magicien et le Chaudron des souhaits - premier conte
  2. La Fontaine de la Bonne Fortune - deuxième conte
  3. Le Cœur Velu du Sorcier - troisième conte
  4. Lapina la Babille et sa queue qui caquetait - quatrième conte
  5. Le Conte des Trois Frères – cinquième conte

Dernières critiques

Derniers articles

Plus

Dernières interviews

Plus

Soutenez l'association

Le héros de la semaine

Retrouvez-nous aussi sur :