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Amazon dévoile l’histoire des Contes de Beedle le Barde

Par Altan, le samedi 29 décembre 2007 à 18:54:12

Le Cœur Velu du Sorcier - troisième conte

BeedleAttention chers lecteurs : Rowling s'inspire des Frères Grimm pour son troisième conte, de loin le plus noir. Dans "Le Cœur Velu du Sorcier" il y a peu d'humour et pas de quête, juste un voyage dans les sombres profondeurs de l'âme d'un sorcier. Il n'y a aucune trace de poudre de lutin sur cette première horrible page, à la place nous trouvons le dessin d'un cœur recouvert d'un poil épais et ruisselant de sang (encore une fois, il n'est pas facile de dessiner un vrai cœur, avec les valves et les détails, mais Rowling s'en sort bien, avec les poils et tout). En dessous du texte se trouve, dans une flaque de sang, une clé ancienne surmontée de trois boucles, ce qui laisse présager que ce conte sera différent des autres. On vous aura prévenu...

Au début du conte, nous faisons la connaissance d'un jeune et beau sorcier, doué et riche, qui est gêné par la folie de ses amis amoureux (Rowling utilise ici le mot "batifoler", un parfait exemple qui montre qu'elle ne dénigre jamais ses lecteurs). Il est si sûr de ne jamais vouloir montrer une telle "faiblesse" que le jeune sorcier utilise la "Magie Noire" pour s'empêcher de tomber amoureux. Les fans devraient reconnaître ici le début d'un conte moral, Rowling a tiré beaucoup de leçons dans ses romans sur l'imprudence de la jeunesse et sur les dangers que représentent un tel pouvoir dans de jeunes mains.

Ignorant que le sorcier en est arrivé à de telles extrémités pour se protéger, sa famille se moque de ses tentatives pour éviter l'amour, pensant que la fille qu'il lui faut le fera changer d'avis. Mais le sorcier devient arrogant, convaincu de son intelligence et impressionné par sa capacité à être totalement indifférent. Même avec le temps qui passe, le sorcier qui voit ses pairs se marier et fonder leurs propres familles, reste plutôt satisfait de lui et de sa décision, se considérant chanceux d'être débarrassé du fardeau des émotions qui, d'après lui, dessèche et vide le cœur des autres. A la mort de ses vieux parents, le sorcier ne porte pas le deuil, mais au contraire se sent "béni" par leurs morts. A ce moment de l'histoire, l'écriture de Rowling change un peu et l'encre paraît plus noire sur la page. Peut-être appuie-t-elle un peu plus, peut-être est-elle aussi frustrée et effrayée par son jeune sorcier que nous le sommes ? Presque toutes les phrases sur la page de gauche finissent dans le pli du livre, tandis que nous lisons comment le sorcier se fait un nid confortable dans la maison de ses défunts parents, transférant son "précieux trésor" dans leur donjon. Sur la page de droite, où nous apprenons que le sorcier croit être envié pour sa solitude parfaite et "splendide", nous voyons le premier bégaiement dans l'écriture de Rowling. C'était comme si elle ne supportait pas d'écrire le mot "splendide", puisque c'est clairement un mensonge. Le sorcier est leurré, ce qui le rend encore plus furieux quand il entend deux serviteurs en plein commérage, un le prenant en pitié, et l'autre se moquant de lui parce qu'il n'est pas marié. Il décide sur le champ de "prendre une épouse", vraisemblablement la plus belle, la plus riche et la plus talentueuse des femmes pour faire de lui le plus envié de tous.

Et la chance lui sourit, le lendemain le sorcier rencontre une belle, talentueuse et riche sorcière. La considérant comme son "trophée", le sorcier la poursuit de ses assiduités, convainquant ceux qui le connaissent qu'il est un homme nouveau. Mais la jeune sorcière, qui est à la fois "fascinée et dégoûtée" par lui, sent cependant sa froideur, même quand elle accepte son invitation à une fête au château. Pendant la soirée, devant les riches personnalités à sa table et pendant que les ménestrels jouent, le sorcier fait la cour à la sorcière. Finalement, elle lui fait face, suggérant qu'elle aurait confiance en ses mots charmants si elle pensait "qu'il avait un cœur". (spoilers) Souriant (et toujours fier), le sorcier emmène la jeune fille au donjon, où il lui montre un "coffret en cristal", dans lequel se trouve son propre "cœur qui bat". On vous avait dit que c'était un conte noir, non ?

La sorcière est horrifiée à la vue du cœur qui a rétréci et est devenu velu à cause de son exil loin du corps, et elle implore le sorcier de le remettre "à sa place". Parce qu'il sait que cela la rendra encore plus amoureuse de lui, le sorcier "ouvre" sa poitrine avec sa baguette magique et y place son "cœur velu". Frissonnante à l'idée que le sorcier puisse à présent ressentir de l'amour pour elle, la jeune sorcière l'embrasse (surprenant, puisque nous sommes tous en train de lui crier "Va-t-en !" à cet instant), et l'horrible cœur est "percé" par la beauté de sa peau et le parfum de ses cheveux. "Devenu étrange" à cause de sa longue déconnexion d'avec son corps, le cœur, à présent "aveugle" et "pervers", se venge violemment. Cela pourrait se terminer ainsi, nous laissant imaginer le destin de cette jeune sorcière et du sorcier au cœur velu, mais Rowling continue l'histoire en faisant intervenir les invités de la fête qui se demandent où est leur hôte. Des heures plus tard, ils fouillent le château et les trouvent dans le donjon. Au sol, gît la jeune fille morte, la poitrine ouverte. Accroupi à ses côtés se trouve le "sorcier fou", caressant et léchant son "cœur brillant et écarlate" et projetant de le mettre à la place du sien. Mais son cœur est robuste et refuse de quitter son corps. Le sorcier, jurant de ne jamais se laisser "diriger" par son cœur, empoigne une dague et sort son cœur de sa poitrine, s'octroyant une victoire de courte durée, un cœur dans "chaque main sanglante" avant de s'effondrer sur la jeune fille et de mourir. Le dernier paragraphe qui décrit la mort du sorcier est le premier d'apparence inégale, l'écriture oblique vers la droite juste assez pour qu'on le remarque, rendant la fin encore plus abrupte et dérangeante.

Rowling, comme la plupart des grands écrivains de contes de fées, n'a aucune pitié pour les faibles. Guidé par la fierté et l'égoïsme depuis le début de l'histoire, s'isolant et s'endurcissant contre tout sentiment, le sorcier s'ouvre à la folie, prend ensuite une vie innocente, et détruit la sienne par la même occasion (cela ressemble à un autre méchant que vous avez rencontré ?). Comme dans les autres contes que nous avons lus, le secret réside dans l'imagerie, à la fois réelle et imaginaire (particulièrement quand on a vu les dessins de la première page). La vision dérangeante et indélébile du sorcier fou léchant le cœur sanglant concurrence les images les plus sombres des Frères Grimm. Sachant que cette histoire (et tout le livre en fait) est un recueil de fables pour jeunes magiciens et sorcières, Rowling a voulu faire un conte sur la mauvaise utilisation de la Magie Noire, la plus horrible et la moins rédemptrice de toutes les magies. La Magie Noire, comme tous les fans le savent, n'est pas un jouet, jamais.

  1. Le Magicien et le Chaudron des souhaits - premier conte
  2. La Fontaine de la Bonne Fortune - deuxième conte
  3. Le Cœur Velu du Sorcier - troisième conte
  4. Lapina la Babille et sa queue qui caquetait - quatrième conte
  5. Le Conte des Trois Frères – cinquième conte

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