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Amazon dévoile l’histoire des Contes de Beedle le Barde

Par Altan, le samedi 29 décembre 2007 à 18:54:12

Le Conte des Trois Frères – cinquième conte

BeedleSi, comme nous, lors de la première lecture du dernier tome, vous avez survolé Le Conte des Trois Frères pour enfin connaître La Fin, alors vous avez raté un sacré conte (qui pourrait compter parmi les meilleurs d'Esope). Heureusement pour vous, vous pouvez ouvrir votre Harry Potter et les Reliques de la Mort au chapitre vingt-et-un et le lire quand vous le voulez. Si vous n'avez pas encore lu le dernier tome de la série de Rowling (que de bons moments en perspective), il vaudrait mieux ne pas lire cette critique... pour l'instant. Faîtes-vous le plaisir de lire d'abord le conte dans son contexte. Vous ne serez pas déçu.

Trois crânes dentés contemplent le lecteur du haut de la première page du dernier des cinq contes (ah ! Comme j'aimerais qu'il y en ait encore une douzaine). Le crâne du milieu a un symbole gravé sur son front, une ligne droite verticale dans un cercle, le tout au milieu d'un triangle. Les fans se rappelleront du symbole de Mary Grandpre dessiné sur la première page du chapitre. Au bas de la page, il y a une pile de tissu sur laquelle trônent une baguette magique (d'où jaillissent des tourbillons d'étincelles) et ce qui semble être une petite pierre.

Ce sinistre conte qui nous narre l'histoire de trois frères, de trois choix et de trois destins différents demande à être lu à voix haute ; en fait, nous rencontrons les trois frères pour la première fois lorsque Hermione lit le conte à Harry et à Ron (et à Xenophilius). Trois frères voyageant sur une route déserte au "crépuscule" (à minuit d'après la version de Mme Weasley) arrivent à une rivière "perfide" qu'ils ne peuvent traverser. Connaissant bien la magie, ils créent un pont d'un mouvement de leurs baguettes magiques. Au milieu du pont, ils sont arrêtés par une "silhouette au visage caché". La Mort est en colère et dit aux trois frères qu'ils l'ont empêchée de faire de "nouvelles victimes" car les gens se noient généralement en essayant de traverser la rivière (dans un passage amusant des Reliques de la Mort, Harry interrompt l'histoire : "Excusez-moi, mais la Mort leur a parlé ?"). Mais la Mort est astucieuse et offre une récompense à chacun d'entre eux pour avoir été assez intelligent pour lui "échapper" (pour ceux intéressés par les petits détails, notre livre utilise le verbe "échapper" et non pas "évader" qui est utilisé dans le Tome 7). Nos contes de fées préférés ont la même sorte d'intrigue basée sur le schéma "choisis ton destin", on peut apprendre beaucoup sur un personnage d'après un seul de ses choix, et les meilleures histoires, comme celle-ci, nous font sortir des sentiers battus et se terminent d'une façon inattendue.

Le plus vieux des trois frères, "un homme belliqueux" demande la plus puissante des baguettes magiques jamais créée, une baguette magique qui ferait gagner n'importe quel duel à son propriétaire, une baguette qui conviendrait à un magicien qui a "conquis la Mort". Alors la Mort crée la (funeste) baguette magique à partir d'un "Ancien arbre" (avec majuscule dans notre livre) et la donne au frère vantard et bagarreur. Le deuxième frère, un "homme arrogant" déterminé à rabaisser un peu plus la Mort, demande le pouvoir de ramener les morts à la vie. Ramassant une pierre sur le sol, la Mort dit à l'homme qu'il détient le pouvoir de ressusciter les morts. Le plus jeune des frères, le plus humble et le plus sage des trois, ne faisait pas "confiance à la Mort" et demanda alors quelque chose qui lui permettrait de partir sans être "suivi par la Mort". Sachant qu'elle avait peut-être trouvé quelqu'un de plus malin qu'elle, la Mort lui donne "sa propre" cape d'invisibilité de "très mauvaise grâce" (à la différence de "malgré elle" dans le Tome 7). Chaque choix en dit long sur les motivations des personnages : le frère le plus vieux veut que la Baguette de Sureau le rende plus puissant que les autres ; le deuxième frère veut contrôler la Mort ; et le frère le plus jeune veut être en sécurité et laisser la Mort derrière lui.

(spoiler) Ensuite, les frères prennent leurs récompenses et se séparent pour affronter des destins très différents. Le premier va dans un "certain village" ("éloigné" d'après le Tome 7) et piste un magicien contre lequel il s'était déjà battu pour le défier au cours d'un duel qu'il ne pourrait perdre. Après avoir tué son ennemi, il va se reposer dans une auberge où il se vante de sa Baguette de Sureau, que la Mort elle-même lui a donné, faisant de lui l'homme le plus puissant. Cette nuit-là, un magicien se faufile auprès du frère le plus vieux et vole la baguette magique, égorgeant l'homme pour faire "bonne mesure". Le refrain entêtant dans lequel Rowling décrit la Mort prenant le frère "comme un dû", aide à ancrer l'histoire à la fois comme conte moral et comme une leçon sur l'inéluctabilité de la mort. Un des messages les plus importants de ce conte, et de ce frère en particulier, est l'idée que le pouvoir doit être utilisé pour faire le bien (conseil que Rowling prend vraiment à cœur).

Le deuxième frère rentre dans une maison vide où il retourne la pierre "trois fois dans sa main" (le texte du Tome 7 dit "tourner" au lieu de "retourner"), pour "appeler les Morts" (majuscule dans notre livre). Il est très impatient de voir revenir la fille qu'il aurait dû épouser, cependant celle-ci est "silencieuse et froide" ("triste" dans le Tome 7) et souffre car elle n'appartient plus au "monde des mortels". Inconsolable et empli d'un "désir inaccessible", le deuxième frère se suicide pour la rejoindre, permettant à la Mort de reprendre sa deuxième victime.

Le plus jeune des frères utilise la "Cape d'Invisibilité" pour se cacher de la Mort, jusqu'à "un âge très avancé" où il l'enlève pour la donner à son fils (même ceux qui n'ont pas encore lu le Tome 7 devraient comprendre qu'il ne s'agit peut-être pas d'un simple conte de fées après tout). Puis il accueille la Mort "sereinement" et "comme une veille amie" et quitte "cette vie". Quelle fin merveilleuse pour ce conte, même après une deuxième lecture il ne perd rien de sa force. Simple, puissant et poignant, "Le Conte des Trois Frères" présente des théories sur l'utilisation et l'abus du pouvoir (également important dans le cycle Harry Potter) et fait passer d'importants messages sur la vie et la mort. Ce conte explique et met en valeur Harry Potter et les Reliques de la Mort de plusieurs façons (les curieux devraient relire le Chapitre trente-cinq, "King's Cross" et y réfléchir), la meilleure étant soulignée par le message que Dumbledore lui-même transmet à Harry sur l'acceptation de la Mort et l'amour de la vie : "N'aie pas pitié des morts, Harry. Aie pitié des vivants, en particulier, de ceux qui vivent sans amour". Le plus jeune des frères n'a pas essayé de tromper la Mort ou de faire du mal aux autres avec son pouvoir ; au contraire, il a utilisé son don pour vivre simplement et sans crainte de la Mort, si bien qu'au terme de sa longue et heureuse vie, il a voulu quitter ce monde de lui-même.

Les messages forts transmis par ces contes de fées témoignent du talent de Rowling, d'autant plus qu'ils ne sont jamais moralisateurs ou ouvertement didactiques (ceci vaut également pour ses livres et explique en partie pourquoi ils sont si uniques). Les Contes de Beedle le Barde font passer beaucoup des messages d'Harry Potter, et les histoires sont le reflet des avertissements de Dumbledore sur choisir entre "ce qui est juste et ce qui est facile". Soit elle met en garde contre l'arrogance et la cupidité, mettant en valeur les responsabilités qu'impliquent un pouvoir immense, soit elle exalte l'importance de l'amour propre et de la confiance en soi ; l'imagination sans borne de Rowling et sa maîtrise de l'écriture font que ses fidèles lecteurs (jeunes et moins jeunes) en redemandent, toujours en quête d'une nouvelle leçon.

  1. Le Magicien et le Chaudron des souhaits - premier conte
  2. La Fontaine de la Bonne Fortune - deuxième conte
  3. Le Cœur Velu du Sorcier - troisième conte
  4. Lapina la Babille et sa queue qui caquetait - quatrième conte
  5. Le Conte des Trois Frères – cinquième conte

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