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Max et les Maximonstres, aujourd’hui dans les salles !

Par Gillossen, le mercredi 16 décembre 2009 à 14:00:58

La critique d'Alana Chantelune

Spike Jonze doit recevoir nos remerciements et nos félicitations pour ne pas avoir plié devant ses producteurs et avoir gardé la mainmise sur ce projet jusqu’au bout. On imagine très bien ce qu’aurait donné l’adaptation d’un des albums pour enfants les plus aimé de tous les temps par ces gens-là : un énième film d’aventures bourrés d’effets spéciaux, de hurlements et de morale à deux euros.
Max et les Maximonstres n’est pas un film pour enfants. C’est un film sur l’enfance, et un film complètement différent de ce qu’on a pu voir jusqu’à maintenant. Il n’est jamais ce que l’on attend.

Max, 9 ans, s’enfuit de chez lui après avoir piqué une crise de colère face à sa mère. Il prend un bateau et arrive sur une île, peuplée de monstres tristes qui font de Max leur roi afin qu’il leur apprenne de nouveau le bonheur. Le titre original est Where the Wild Things Are: Là où sont les choses sauvages. Et les choses sauvages sont clairement en Max, en nous… Ce sont les Maximonstres. Chacun semble être un reflet de Max : Alexander, qui se plaint qu’on ne l’écoute jamais, Judith la mauvaise langue qui jalouse un peu tout, Bull qui ne dit rien et reste dans son coin…
Mais c’est surtout Carol qui est le double de Max. Ravi de l’arrivé de ce dernier, ils se rapprochent très vite. Carol voulait détruire le campement des Maximonstres pour recommencer, retrouver leur bonheur perdu. L’arrivée de Max en est l’occasion. Mais bien vite, jaloux de ce qu’il prend pour un abandon de la part de KW, dont il est amoureux, il retombe dans ses mauvaises habitudes. Les paroles blessantes et les explosions de colère ont vite fait de déchirer de nouveau les Maximonstres… KW, quand à elle, est en pleine recherche existentielle. Elle semble plus sage mais plus perdue que les autres Maximonstres. Figure maternelle pour Max, on la voit dans une séquence étonnante cacher le garçon dans son estomac avant de le rendre au monde…

Car si Max laisse éclater ses désirs de toute-puissance et d’insouciance auprès de ses nouveaux amis, c’est sur un mensonge : il prétend être roi et se fait couronner. Les Maximonstres semblent incapables d’être et d’être heureux sans un roi pour les diriger. Mais les précédents rois ont été dévorés par les monstres, et bientôt le mensonge de Max ne tient plus… Un roi, cela existe t-il vraiment ? se demande l’un d’eux.
Max est petit garçon bousculé par des émotions qu’il ne comprend pas. Il clame d’ailleurs après avoir piqué sa crise « Ce n’est pas ma faute ! », comme si son éclat s’était produit malgré lui. Il saccage la chambre sa sœur par rancœur, avant d’aller chercher sa mère pour qu’elle l’aide à la nettoyer. Il n’accepte pas vraiment le nouveau compagnon de sa mère, il en veut à sa sœur aîné de ne plus jouer avec lui, il angoisse au sujet de la disparition du soleil dans 5 millions d’années prédis par son prof… Les quelques scènes qui précèdent la fuite ont déjà construit les bases de l’imaginaire qui va emporter l’enfant. La relation avec la mère est particulièrement émouvante.

L’ouverture du film est positivement géniale : Max hurle et court après son chien dans les escaliers en hurlant « Je vais te manger ! ». La caméra suit cette boule d’énergie remuante avec fracas, et hop : on est plongé dans le film, dans l’univers de cet enfant. La mise en scène de Jonze est époustouflante. Jamais il ne va expliciter son propos, le personnage de Max ou les Maximonstres : il offre simplement une plongée dans l’enfance. Et le film, comme l’enfance, garde une part de mystère, d’inexplicable. Après la projection, on reste dans un moment de flottement à la fois mélancolique et ravi : difficile de ressortir des émotions de l’enfance !

Et l’on est séduit, emporté, charmé : Max et les Maximonstres réinvente « le film pour enfant » et saura toucher tous les âges.