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Nouvel entretien avec Fabrice Colin !

Par Gillossen, le samedi 17 mars 2007 à 11:16:09

Fabrice ColinSous ce titre bien peu original, se cache une interview supplémentaire diablement intéressante avec sans aucun doute possible l'une des meilleurs plumes françaises, "accessoirement" directeur de collection chez Points Fantasy !
Avouez qu'avec notre opération sur le site en partenariat avec cet éditeur, et notamment notre concours savemment doté et surtout toujours en cours lui aussi, voilà qui tombe à pic ! Mais il ne s'agit nullement du seul sujet abordé... Qui a dit A vos amours ?
Merci encore à Fabrice Colin pour sa disponibilité et sa franchise !

Nos questions, ses réponses !

Points Fantasy fête présentement son premier anniversaire. Comment s'est passée cette année pour la collection ?

Bien. On n'a pas ouvert le champagne, mais on ne s'est pas taillé les veines non plus, loin de là. Les ventes sont globalement conformes à nos attentes ; bien sûr, il y a toujours quelques petites surprises mais l'un dans l'autre, on s'y retrouve. Maintenant, il faut poursuivre l'effort, trouver des locomotives capables de tirer le catalogue, etc. C'est un boulot à moyen et long terme. Sur un plan purement éditorial, la collection commence à prendre de l'ampleur, à acquérir une véritable identité et ça, c'est très satisfaisant.

Que peut-on souhaiter à Points Fantasy pour l'année à venir ?

De continuer sur sa lancée, de faire découvrir de nouveaux horizons aux lecteurs. Je le répète, parce que ça ne tombe pas forcément sous le sens : installer une collection prend du temps. L'opération promo de ce mois-ci devrait initier une véritable dynamique ; nous n'en sommes encore qu'aux prémisses !

Avez-vous eu des regrets sur certains titres déjà parus, qui n'auraient selon vous pas trouvé leur public ?

Oui, évidemment : il est inévitable de nourrir des regrets quand on fait ce boulot. Par exemple, j'ai été assez déçu par les scores du Faucon de Mai de Gillian Bradshaw : c'est un roman réellement brillant, qui aborde le mythe arthurien de façon très originale. Il est toujours difficile de dire pourquoi, et à quel point, un livre n'a pas marché. Sur quoi reposent nos espérances ? Pures conjectures. A contrario, Les brigands de la forêt de Skule, pour lequel ce n'était vraiment pas gagné, a dépassé toutes nos attentes...

Le domaine des collections Fantasy au format poche s'est étoffé en 2006, et le Livre de Poche arrive à son tour la semaine prochaine.
Comment vivez-vous cette concurrence toujours accrue ?

La floraison de collections est avant tout une preuve de vitalité du secteur. Elle nous oblige aussi à réfléchir plus profondément à notre positionnement et à nos ambitions : qu'est-ce que nous voulons être, là-dedans ? Comment le public peut-il nous reconnaître ? A un niveau bêtement prosaïque, la concurrence se fait surtout sentir en termes d'achats de titres : les éditeurs de grand format peuvent être tentés de faire monter les enchères. Mais je persiste à croire que chacun occupe une place bien spécifique dans ce paysage : nous avons publié des romans que Folio a refusés, Le livre de poche a sorti des titres que nous avions nous-mêmes rejetés, etc.

Comme lors de l'interview précédente, petite question bête/piège, mais quel serait votre chouchou parmi les 6 titres de l'opération anniversaire de Points ?

Je ne peux pas en citer qu'un. Je dois parler de La Forêt d'Iscambe, qui est sans doute le plus beau texte de fantasy française jamais publié. Et du Michael Shea : La quête de Nifft-le-Mince, un roman unique, baroque, complètement barré. Pour finir, je suis très fier d'avoir récupéré Enchantement de Orson Scott Card.

Auriez-vous quelques nouveautés chez Points pour la seconde moitié 2007 à nous annoncer dès maintenant ?

On peut même déborder sur 2008, allez. Des auteurs phares ? Mervyn Peake. John Crowley (encore et toujours). Hervé Jubert. Katharine Kerr. Andres Ibanez. Par exemple. Et la suite de toutes les séries en cours, évidemment.

Revenons-un peu à l'auteur à présent, et votre actualité. Comptez-vous, par exemple, développer votre blog ?

En fait, jai un site, www.fabrice-colin.net, et il y a effectivement un blog dessus, qui me sert surtout, pour l'instant, à annoncer les nouveautés. Et puis il y a un truc beaucoup plus régulier sur myspace, http://blog.myspace.com/fabricecolin, où je cause de rock indépendant, de politique, de papillons, de n'importe quoi en fait. Mais il me semble qu'il faut être inscrit pour pouvoir le lire, si c'est vrai c'est un peu chiant, peut-être que je procéderai à un transfert un de ces quatre...

A quoi s'attendre avec « La mémoire du vautour » ?

A des surprises. Le pitch ? Un type est chargé de surveiller une femme, retraitée de l'armée américaine, à qui on aurait artificiellement ôté un souvenir traumatisant. Il tombe amoureux de cette femme. Il essaie de savoir ce qui lui est arrivé de si terrible. Ce qu'il découvre le laisse pantois.
Ensuite, il y a un orang-outan qui parle de la mort, des pirates drogués qui mangent du requin, un tsunami et des hôtels dévastés, la CIA qui ne dit pas son nom, une performance d'art contemporain géante, des chiffres qui reviennent tout le temps et des catastrophes en rafale. Si c'était un film, la tagline serait sans doute issue d'une chanson de radiohead : we are accidents waiting to happen.

L'alternance oeuvres Jeunesse et littérature plus « adulte » vous apporte-t-elle un certain équilibre ? Ou est-ce simplement le hasard des parutions ?

Non, non, pas de hasard, il y a indubitablement une nécessité : alterner les projets linéaires, objectifs, et les textes plus compliqués, personnels, j'ai besoin de ça, c'est ce qui me fait avancer - et c'est un luxe inouï de pouvoir faire les deux...

Et pour conclure, je sens des regards noirs peser sur mon dos si je ne repose pas cette question... Avez-vous trouvé l'impulsion dont vous parliez à propos de « A vos amours » ?

Il faut que retravaille avec Bragelonne. Pour plein de raisons. Dans les deux ou trois mois qui viennent, je suis très occupé, mais j"ai fait en sorte de me dégager du temps pour la suite. Je ne sais pas ce que j'écris à partir de juin. C'est la première fois depuis des années que je n'ai pas de vision à long terme. Vous savez, A vos amours existe pour de vrai, et pas uniquement dans ma tête. La preuve ?

« Le moment où j'ai contemplé le cadavre obèse de ma mère allongé sur le carrelage de la cuisine compte à n'en pas douter parmi les plus agréables de toute mon existence. J'y ai cru, bon sang, j'y ai cru à mort ! Maman a glissé, ziiiip - j'ai entendu son crâne heurter le bord du poêle avec un bruit de pastèque blette, puis elle s'est affalée de tout son long, et je n'ai pas esquissé le moindre geste, j'ai seulement ricané, seulement pensé : oups.
Je n'avais pas planifié ça. D'accord, d'accord, nous venions de nous disputer pendant toute la matinée, et cette insupportable vieille fouine avait successivement menacé de me déshériter (ah, ah), de me coller un procès aux fesses (oh, oh) et de me tordre le cou comme à un vulgaire poulet (viens maman, je t'attends), mais ce n'était là que routine baroque et exagérations habituelles, nous avions le sang chaud dans la famille et il n'était nullement nécessaire de prendre toutes les menaces proférées au pied de la lettre. Non, la vérité, c'était que maman n'était pas morte à cause de moi. La vérité, c'est que cette pauvre baderne informe s'était tuée toute seule, et je ne pouvais considérer cet accident que comme un miracle authentique. »


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