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Le Fléau

Titre VO: The Stand

ISBN : 978-225324226-0
Catégorie : Aucune
Auteur/Autrice : Stephen King
Auteur/Autrice : Quijano, Jean-Pierre

Il a suffi que l’ordinateur d’un laboratoire ultra-secret de l’armée américaine fasse une erreur d’une nanoseconde pour que la chaîne de la mort se mette en marche. Le Fléau, inexorablement, se répand sur l’Amérique et, de New York à Los Angeles, transforme un bel été en cauchemar. Avec un taux de contamination de 99,4 %.
Dans ce monde d’apocalypse émerge alors une poignée de survivants hallucinés. Ils ne se connaissent pas, pourtant chacun veut rejoindre celle que, dans leurs rêves, ils appellent Mère Abigaël : une vieille Noire de cent huit ans dont dépend leur salut commun. Mais ils savent aussi que sur cette terre dévastée rôde l’Homme sans visage, l’Homme Noir aux étranges pouvoirs, Randall Flagg. L’incarnation des fantasmes les plus diaboliques, destinée à régner sur ce monde nouveau.
C’est la fin des Temps, et le dernier combat entre le Bien et le Mal peut commencer.

Critique

Par Nephtys, le 18/11/2020

Au vu du climat ambiant avec un certain virus qui continue d’influer sur notre mode de vie, il est facile de considérer Le Fléau comme une œuvre toujours terriblement d’actualité.
D’abord publié en 1978, Stephen King décide en 1990 de rajouter tout ce qui selon lui manquait à son livre dans la version voulue par l’éditeur avec notamment, une question de prix du papier.
Une sorte de Director’s Cut, qui montre toute la contradiction du roman. Grand, divisé en deux tomes rivalisant d’épaisseur, le Fléau a été pensé par King comme une relecture toute personnelle du Seigneur des Anneaux. C’est ici qu’apparaîtra pour la première fois Randall Flagg, figure du mal omniprésente et omnipotente dans beaucoup d’autres textes de King. La situation est désespérée : un virus s’est échappé, mortel à plus de 90% des cas et les Etats Unis ne sont absolument pas prêts pour gérer ce type de situation. 
Plusieurs figures émergent dans ce pays qui peut à peu se transformer en charnier. Certaines survivent, d’autres non. Apparaît un premier problème : les personnages. Ils continuent d’intriguer mais si la situation avec l’épidémie nous apparaît d’actualité, la mentalité des personnages semble “coincée” entre 1978 et les années 90. 
Une jeune femme enceinte sans être mariée, un personnage en proie au racisme…Si le Fléau se passait dans les années 2020 bien sûr que ce type de situation marcherait toujours, cependant les personnages la vivraient différemment, avec d’autres armes et moyens de réactions. De fait, une distance peut se creuser entre le lecteur et les héros du livre, tout simplement parce que le Fléau est “vieux”. Les rajouts de textes de la nouvelle édition approfondissent les personnages et les situations de la fin des années 70 mais ne modernisent pas le récit. 
La mise en place de l’épidémie est magistrale, fait frémir. Le roman n’a aucunement perdu de sa force en ce point. Puis vient une seconde partie avec la reconstruction et la mise en place de nouvelles manières de vivre. La préface de King est intéressante, l’auteur avouant lui-même s’être enlisé dans cette partie pour ne s’en sortir que par un événement marquant. Le lecteur ressent dans sa lecture qu’effectivement, l’écrivain a du se débattre pour s’en sortir. 
Riche, débridé, oscillant entre l’horreur d’une situation cauchemardesque avec le virus et l’effondrement d’un pays, et une autre horreur plus basse, tout en mots laids, vulgaires et en actes innommables qui peuvent pousser le lecteur dans ses derniers retranchements. Le “meilleur” exemple pour cela, restant le personnage du Kid, absent de la première version de 78.
S’il ne s’agit peut-être pas de la meilleure œuvre de King, Le Fléau n’en est pas moins un roman intéressant, posant certaines bases de la figure du Mal chez l’écrivain et permettant de voir un auteur plus “jeune” dans son écriture et sa manière de concevoir les choses. 
Une lecture prenante, à la fois sans âge et terriblement datée qui encore aujourd’hui (surtout aujourd’hui ?) vaut le coup d’œil.

6.5/10

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