Quand les chouettes s'envolent

L’une des facultés les plus remarquables de la chouette est de voler sans faire le moindre bruit qui puisse trahir son approche et sa descente en piqué. Reproduire à l’écran l’élégance et la fluidité de son vol fut un objectif majeur des animateurs. Il fallut commencer par reproduire l’amplitude exacte d’une aile de chouette, déployée en plein effort, d’abord sur maquette, puis en ordinateur. «Lorsque observez le vol d’une chouette en liberté, celui-ci peut vous sembler parfaitement naturel, mais si vous décomposez ce mouvement, vous vous apercevrez qu’il est extraordinairement complexe», explique le superviseur Damien Gray. «Il fallait absolument en restituer la fluidité, avec ces perpétuels changements de position qui permettent à l’oiseau de nuit de se mouvoir dans les airs.»

À ce challenge s’ajoutait l’extrême diversité des formes, dimensions, couleurs et textures du plumage des chouettes. Chaque espèce demanda une approche ciblée, respectant ses facultés propres. «Nous avons tout de suite réalisé qu’il faudrait créer les instruments de contrôle assurant la maîtrise de chaque plume en fonction des mouvements du personnage, de l’état du ciel, de la résistance de l’air. Autant de variables à intégrer dans nos calculs.»

Les postures et gestes spontanés des comédiens durant les séances d’enregistrement inspirèrent aussi les animateurs. «Nous avons fait «jouer» les ailes des chouettes en rapport avec cette gestuelle», dit Gray, «mais nous avons décidé qu’elles ne leur serviraient pas de «main».

Lorsque les chouettes du ROYAUME veulent se saisir d’un objet, elles utilisent leurs serres, exactement comme dans la nature. Mais les chouettes du ROYAUME, elles, parlent et se battent avec des armes. Décidés à ne pas forcer sur l’anthropomorphisme, Snyder et l’équipe d’Animal Logic s’inspirèrent, là encore, du réel en injectant un maximum de «naturel» dans ces deux activités.

Damien Gray : «Le plumage facial de la chouette fonctionne à la manière d’un radar, leurs oreilles leur permettent de capter les sons qui leur parviennent de face, et leur musculature leur permet d’agir sur la surface de cette parabole ultra-sensible. Les chouettes pantellent pour éliminer la chaleur... elles ne suent pas, mais expirent de façon saccadée pour se refroidir. Elles possèdent trois griffes sur le devant et une à l’arrière. Une de leurs griffes frontales peut se recourber totalement vers l’arrière, ce qui leur assure un appui parfait lorsqu’elles veulent saisir un objet. Tous ces détails ont été pris en compte.»

Zack Snyder : «Les gars d’Animal Logic ont fait ici un travail pionnier qui a largement dépassé mes espérances.» Le chef monteur son ‘‘sound designer’’ Wayne Pashley dut créer les ambiances sonores de cet univers. En accord avec l’approche naturaliste du film, il utilisa un large échantillonnage de sons naturels, car «contrairement à ce que pensent la plupart des gens, la chouette ne se contente pas de hululer, mais peut aussi, en fonction des espèces, ronronner, soupirer, produire de petits «clics», grogner, etc. Le film réunissant de nombreuses variétés, nous avons pu utiliser de vrais appels, mixés aux échanges de nos personnages.»

Les acteurs contribuèrent aussi à cette riche trame sonore par leurs imitations de cris d’oiseaux que Pashley et son équipe réussirent à fondre harmonieusement au reste de la sélection. Le Royaume du film est le domaine exclusif des chouettes et de leurs ennemis. Ses habitats sont censés avoir été construits ou aménagés par les oiseaux à l’aide de leurs propres instruments. Les décorateurs disposaient de nombreuses sources d’inspiration visuelle en Australie, où l’on trouve encore quantité de régions à l’état sauvage, notamment en Tasmanie, au sud-ouest du continent : «Baignée par l’Océan Indien et le Pacifique, cinglée par les vents marins, elle possède une lumière d’une grande beauté. Ses forêts séculaires, ses rivières, ses lacs, ses montagnes escarpées constituaient un environnement de rêve pour nos chouettes.

À l’autre extrémité, vous avez le Cap Raoul, dont les côtes rocheuses apparaissent dans la rencontre avec l’Echidné. Nous nous sommes octroyé certaines libertés en matière de végétation, mais la plupart des décors naturels sélectionnés par nous sont fidèlement représentés à l’écran.» autant de jouer avec les lumières pour magnifier et intensifier le visuel, renforcer la tension dramatique : «Les chouettes sont des oiseaux de nuit, et une grande partie du film se déroule au clair de lune – une lune que nous montrons pleine en continu, afin d’éclairer nos personnages de face, de côté, et même par-derrière», indique Freckelton. Mais il nous est aussi arrivé d’assombrir l’arrière-plan, par exemple pour dramatiser l’entrée dans le champ d’un oiseau.»

L’élément décoratif proéminent du film est le Grand Arbre millénaire, qui trône sur une île volcanique au milieu de la Mer d’Hoolemere. Dans ce sanctuaire, les Gardiens ont bâti une civilisation idyllique et autarcique associant le charme de l’antique et la fonctionnalité d’une ville moderne. Cet arbre imposant est environ cinq fois plus grand qu’un séquoia, avec une infinité de branches et de ramures.

Le Royaume du film est le domaine exclusif des chouettes et de leurs ennemis. Ses habitats sont cen sés avoir été construits ou aménagés par les oiseaux à l’aide de leurs propres instruments. Les décorateurs disposaient de nombreuses sources d’inspiration visuelle en Australie, où l’on trouve encore quantité de régions à l’état sauvage, notamment en Tasmanie, au sud-ouest du continent : l’Océan Indien et le Pacifique, cinglée par les vents marins, elle possède une lumière d’une grande beauté. Ses forêts séculaires, ses rivières, ses lacs, ses montagnes escarpées constituaient un environnement de rêve pour nos chouettes.

Pages de l'article

1. Synopsis
2. La génèse du projet
3. Quand les chouettes s'envolent
4. Tournage
5. Musique
6. L'avis d'Alana Chantelune