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Du poing et de l’épée

Par Alice, le vendredi 10 octobre 2014 à 09:00:00

TapionDjango Wexler, l'auteur des Mille Noms, développe ici son point de vue sur les rapports entre fantasy épique et shônen.
Sur le fond comme sur la forme, peut-on établir des liens dans ce domaine ? Les scènes d'action de son roman ayant un côté spectaculaire très shônen, il est en tout cas possible de considérer que le mélange peut bel et bien se faire.
Wexler expose donc son raisonnement.

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Introduction

Lorsque j'ai évoqué pour la première fois avec mon ami Casey Blair le sujet « comparer et opposer le récit traditionnel du héros dans la fantasy et les animes », je me suis retrouvé face à un obstacle. J’ai lu énormément de fantasy et j’ai regardé un nombre phénoménal d’animes et, dans les deux cas, il est difficile de les caractériser.
Après tout, la fantasy inclut des classiques tels que Le Seigneur des Anneaux, des épopées héroïques dans un monde secondaire telles que La Roue du Temps, de la fantasy wainscot (fantasy mettant un scène une société cachée au sein du monde réel) comme Harry Potter, et le réalisme magique de The City & The City, couvrant des sous-genres entre deux comme la fantasy urbaine et le steampunk. Il est très difficile d’établir une comparaison cohérente qui inclut à la fois Les Chroniques de Narnia de C.S Lewis et Three Parts Dead de Max Gladstone, bien qu’on considère qu’ils appartiennent au même genre.
De même, les animes sont incroyablement variés, bien plus que ce que les gens réalisent, les fans les plus hardcore mis à part (les entreprises américaines de traduction ne font qu'effleurer la surface de l'iceberg, prenant les best sellers et passant souvent à côté d’œuvres ayant une audience moins large). Tous les genres de fiction spéculative sont présents, y compris certains peu fréquents aux États-Unis : des bases comme Dragonball, Sailor Moon ou Naruto, les animés vont jusqu’à Utena la fillette révolutionnaire (tellement symbolique qu’il en est presque abstrait) et Non Non Biyori (qui met en scène un groupe de filles dans un village rural parlant à propos de tout et de rien).
Tout cela rend les généralisations un peu difficiles. Donc, dans le cadre de cet article, nous avons besoin de restreindre légèrement notre champ d’étude. J’aimerais comparer la souche populaire de la fantasy épique avec un style particulier d’animé shônen. On pourrait penser la fantasy comme l’histoire du « garçon fermier qui sauve le monde », bien qu’il s’agisse généralement de plus que ça. Cela inclut La Roue du Temps, La Belgariade, Les Chroniques de Prydain, Harry Potter et beaucoup, beaucoup d’autres. Les lecteurs vétérans de fantasy devraient en reconnaître les tropes plus ou moins immédiatement.
Shônen dans le contexte d’un animé, décrit une série conçue pour l’audience des jeunes hommes, ou une série dérivant de bandes dessinées publiées dans des magazines destinés à cette même audience. Ils incluent un grand nombre des séries les plus familières à l’audience américaine : Dragonball est un animé shônen classique, tout comme Naruto, Bleach, Inuyasha, Hunter x Hunter, Rurouni Kenshin et encore une fois il y en a encore beaucoup trop pour tous les lister.
Ces deux sous-genres ont beaucoup en commun. Par nature, ils racontent des histoires similaires : l’élévation d’un héros et l’augmentation de son pouvoir et de sa confiance en lui (presque toujours un lui, on en parlera plus tard). Cette augmentation est un composant crucial : d’autres genres peuvent donner à voir des protagonistes qui deviennent de plus en plus puissants mais, dans ce style de fantasy épique, cette évolution est au cœur même de la série. (Notez que Le Seigneur des Anneaux ne peut être placé dans cette catégorie : Frodo grandit en tant que personnage, mais il reste un hobbit ; comparez cela à l'évolution de de Rand al’Thor ou Harry Potter durant le déroulement de leur histoire.)
Cependant, la différence cruciale entre la fantasy épique et ces animes réside dans les motivations du personnage principal. Les protagonistes de la fantasy épique ont presque toujours une destinée imposée. Livrés à eux-mêmes, ils auraient préféré soit ne pas faire partie des grands événements, soit être inconscients que de telles choses puissent même exister (respectivement, Rand et Harry). Si le Village Paysan tant Aimé (et sa destruction à venir par les Forces du Mal) est un trope utilisé ad nauseam, c’est parce que le protagoniste de la fantasy épique a besoin d’un bon coup de pied pour avancer et faire de grandes choses. Hero’s Journey de Joseph Campbell décrit souvent très bien ce genre d’histoire.
Les protagonistes des animés shônen, eux, ont tendance à se motiver tout seul. S’ils commencent dans un village paysan, ils prévoient presque toujours de s’échapper de l’emprisonnement d’une vie provinciale et de se lancer à l’aventure. Ils veulent tous quelque chose – pouvoir, vengeance, connaissance, richesse – et c’est ce désir incontrôlable qui fait d’eux des héros. Alors qu’une grande partie de l’approche est identique à la fantasy, cet aspect rend l’histoire fondamentalement très différente. (Attention : Ma conscience me force à ajouter que, bien entendu, je ne décris pas toute la fantasy épique ni tous les animes shônen dans cet article. Même les sous-genres sont vastes et les contre-exemples peuvent être trouvés n’importe où. Je veux seulement parler en termes très généraux pour éclairer quelques oppositions intéressantes.)

Article originel

  1. Introduction
  2. Les héros : d'où viennent-ils et qui sont-ils ?
  3. Qu'est-ce qui rend les héros spéciaux ?
  4. Mentors et alliés
  5. Adversaires
  6. Quelles sont les fins possibles ?
  7. Conclusion

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