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Du poing et de l’épée

Par Alice, le vendredi 10 octobre 2014 à 09:00:00

Mentors et alliés

Les mentors sont immanquablement présents dans la fantasy épique et dans l’animé shônen, comme tout le monde peut s’y attendre quand il s’agit d’histoires qui sont, pour la plupart, basées sur le fait de regarder la connaissance et le pouvoir d’un personnage grandir. A cause de la différence de motivation, les mentors possèdent des rôles différents dans les histoires.
Dans la fantasy épique, le mentor est généralement l’élément déclencheur de l’histoire. Il ou elle arrive en ville, souvent juste avant les méchants, et entraîne le personnage principal dans sa quête. Ces personnages ont besoin d’être entraînés et c’est le mentor le plus souvent qui s'en charge. Tandis que la quête se poursuit, le mentor enseigne au héros des compétences, bien sûr, mais également, et c’est le plus important, à croire en lui et en sa destinée. Dumbledore joue ce rôle pour Harry Potter, avec certains autres professeurs, tandis que Lan et Moiraine sortent Rand des Deux-Rivières dans L’œil du monde.
Le héros des animés n’arrive pas à son mentor de la même façon. Parce qu’il a une forte motivation, il n’a pas besoin que quelqu’un le détache de son humble village et le traîne au loin. Au contraire, le mentor est souvent l’objet d’une quête, habituellement la première que le héros entreprend. Jouer à « Trouver le Mentor » peut être une aventure en elle-même, étant donné qu'ils affectionnent les endroits inaccessibles, et une fois trouvés, ils imposent généralement des tests et des conditions avant d’accepter d’entraîner le héros. Ce n’est pas le mentor qui convainc le héros de sa destinée, mais le héros qui convainc le mentor qu’il mérite l’instruction et qu’il est celui qui résoudra tous les problèmes auxquels il sera exposé.
Une fois acquise, la relation entre le héros et le mentor progresse de façon similaire dans les deux cas. Le pouvoir du héros s’accroît régulièrement, bien qu’il ne s'en rende peut-être pas compte quand il est sous la protection du mentor. Mais, à un moment donné, cette protection est retirée et le mentor part. Souvent – surtout dans la fantasy – il meurt, bien que parfois de façon peu convaincante (Gandalf le Gris étant l’exemple archétypal). De toute façon, le héros est destiné à continuer seul, fort de par son entraînement mais vulnérable sans les conseils de son maître.
C’est un thème familier mais puissant. Le sentiment de quitter le nid, d’opérer pour la première fois sans conseils ni supervision, est une chose que la plupart d’entre nous ont ressenti à un moment donné, et cela semble naturel dans une histoire centrée autour de la transformation graduelle d’un oisillon en un héros. Le mentor sert de parent de substitution puisque les vrais parents sont presque toujours morts, absents, ou laissés derrière au commencement de la quête. Surpasser ce professeur et aller de l’avant est l’élément clé sur la route de l’héroïsme et marque le commencement de la transition à un véritable statut « d’adulte ».

Les héros des animés shônen et de la fantasy épique obtiennent souvent des compagnons durant leur quête. Cet entourage aide les héros à faire face à leurs défis, fournissant des commentaires et des connaissances spécialisées et se comportant comme des « hameçons à intrigue » afin que les choses ne cessent de bouger. La plupart du temps, ils fonctionnent de la même façon dans les deux genres, en particulier la relation entre les compétences des compagnons et celles du héros. Pour parler grossièrement, le héros est rarement bon à quoi que ce soit. Dans la fantasy épique, le héros commence en tant que jeune sans expérience, sans avoir beaucoup avancé sur le chemin du pouvoir, alors que ses compagnons sont souvent soit talentueux de façon plus évidente, soit ont déjà obtenu des réussites considérables dans leurs domaines respectifs. Les compagnons rempliront ainsi les rôles de « garde compétent », « intelligent », « guérisseur », « maître des épées » et ainsi de suite, alors que le héros n’a rien d’autre à son actif que la destinée qui fait de lui un héros.
Cependant, un héros shônen a généralement au moins le potentiel pour être très puissant, et la volonté de continuer peu importe le reste, même s'il ne peut souvent pas exploiter ce pouvoir de façon efficace car il est novice. Ses compagnons, eux, sont talentueux dans un domaine mais ils ont, au bout du compte, invariablement besoin du protagoniste pour résoudre leurs problèmes. Cela prend souvent la forme de compagnons convaincus que le problème est impossible et prêts à renoncer, alors que le héros refuse de se rendre avec un cran implacable, attribut essentiel des héros shônen.
Si l’on revient à nos exemples, Rand al’Thor prend beaucoup plus de temps pour acquérir son pouvoir que les autres personnages des Deux-Rivières qui l’accompagnent, et au départ ce sont des gens comme Lan qui s’occupent de toutes les bagarres. C’est seulement alors que l’histoire se développe et que son pouvoir augmente qu’il les dépasse. (Rand est en fait inhabituel parmi les protagonistes de fantasy épique dans le sens où il profite plus longtemps de son pouvoir entier qu’habituellement ; de façon plus typique, le héros atteint sa force ultime juste avant la Bataille Finale). Harry Potter rencontre immédiatement Hermione qui est meilleure que lui en ce qui concerne tout ce qui est académique ou magique et Ron, qui peut expliquer le monde de la magie et fournir une vue d’ensemble.
Les héros shônen ont un entourage beaucoup plus large, qui peut dépasser parfois la barre de la dizaine de personnages secondaires. Dans la fantasy épique, les compagnons peuvent être acquis de bien des façons, mais le héros shônen obtient les siens (sauf peut-être pour quelques-uns qui sont avec lui depuis sa terre natale) presque exclusivement en les combattant. Dans le monde des héros shônen, battre quelqu’un et le vaincre est une façon sûre de le faire rejoindre l’équipe, à condition que vous soyez honorable à ce propos et que vous agissiez gentiment envers eux après coup. Dragonball à lui seul fournit un exemple sans fin de cela, à tel point que l’équipe de Goku contient une majorité d’anciens méchants.