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Aujourd’hui dans les salles : Noé

Par Gillossen, le mercredi 9 avril 2014 à 13:15:00

Le tournage

Il aurait pu être difficile de trouver un lieu de tournage pour le monde de Noé d’avant le déluge, mais Darren Aronofsky s’était très tôt fixé sur l’Islande qu’il avait découverte il y a plusieurs années. Si le choix de ce pays peut sembler insolite pour y situer un récit biblique, c’est l’aspect intact des paysages et la vitalité de cette région du monde qui ont séduit le réalisateur : «Alors que je sillonnais l’Islande en voiture, je me suis dit que ce serait un environnement formidable pour NOÉ», dit-il. «Il y a là-bas quelque chose de primitif, et on peut même y voir de la vapeur s’échapper de la terre».

De même, Scott Franklin a été conquis par le pays. «On ne voulait surtout pas avoir recours aux clichés des déserts de sable qu’on voit dans les vieux péplums, et on souhaitait donc aller dans une direction nouvelle», dit-il. «L’Islande offre des paysages de lave arides et sombres d’une étrange beauté, et à vingt minutes de route, on peut se retrouver au milieu d’une vallée luxuriante et de cascades pouvant tout à fait camper l’Éden. On a fait des repérages ailleurs, mais aucun endroit ne s’est avéré aussi riche que celui-ci». En Islande, Mark Friedberg a reconstitué une communauté humaine corrompue, vouée à la destruction. «Le film se déroule dans un paysage désolé, où les villes ont été décimées, où les habitants tentent de survivre en récupérant de la nourriture comme ils peuvent, et où l’homme commet des péchés, non pas tant contre son prochain, que contre la Création même», explique-t-il. C’est ce même principe qui a présidé à la conception du campement chaotique de Tubal-Caïn qui surplombe le chantier de construction de l’Arche. «Tubal-Caïn a entendu parler de cet homme qui a construit une forteresse gigantesque, et il comprend alors de quoi il s’agit», ajoute Friedberg. «Ses disciples, qui affluent des quatre coins du monde, le rejoignent alors car ils ont aussi entendu dire que la fin est proche. Du coup, le campement est construit à partir de ce qui reste des ruines des villes : par exemple, les tentes sont fabriquées en vieilles banderoles et autres fanions».

S’il a tourné dans les paysages naturels de l’Islande, le cinéaste a travaillé en étroite collaboration avec son chef-opérateur. Ils ont ainsi eu recours aux dernières technologies, à l’instar de la Spydercam – caméra suspendue à des câbles – et de la tyrolienne CableCam, pour pouvoir balayer un champ très large, tout en filmant caméra à l’épaule pour les scènes intimistes. Dans certaines séquences d’action, des centaines de soldats et de réfugiés se précipitent vers l’Arche pour tenter d’avoir la vie sauve. «Ces scènes de combat, tournées de nuit, ont été intenses», note Scott Franklin. «Les figurants que nous avons recrutés à New York ont été formidables et les cascadeurs ont fait un sacré boulot».

Alors que Noé achève de construire l’Arche, le ciel s’assombrit, et la pluie diluvienne la plus terrible qu’ait jamais connue l’humanité se déverse sur la Terre pendant 40 jours et 40 nuits. La création de ces conditions climatiques extrêmes, à la fois réalistes et spectaculaires, a été confiée au superviseur Effets spéciaux Burt Dalton, oscarisé pour L’étrange Histoire De Benjamin Button. «On voulait obtenir une pluie d’envergure biblique», souligne-t-il. «Darren tenait à ce que ce soit des plus impressionnants, si bien qu’on a employé les grands moyens. On a commencé par faire des essais, mais Darren trouvait que ce n’était pas assez spectaculaire, et nous a donc demandé d’y aller plus fort encore. En réalité, il voulait que cette pluie soit si torrentielle que les gens aient même du mal à voir quoi que ce soit et à parler, et c’est ce qu’on a fait». Il a d’abord fallu enfouir tout un dispositif de tuyaux dans le champ de l’Arboretum, où le décor de l’Arche a été construit. «Pour fournir l’eau, nous disposions de deux pompes gigantesques situées derrière l’Arche, et de cinq réservoirs de 80 m3 qui alimentaient les pompes», explique Dalton. «Nous avons ainsi enfoui 300 mètres de tuyaux de 30 cm sur toute l’étendue du champ pour construire ce système de canalisations. C’est plus important qu’un réseau de distribution d’eau courante qui va de la rue jusqu’à chez vous !»

Ce vaste réseau fournissait également l’eau à plusieurs immenses grues, pesant chacune 300 tonnes, qui soutenaient six «barres de pluie» conçues sur mesure : elles mesuraient 30 m de long sur 15 de large et étaient munies de têtes de tailles différentes. «On pouvait actionner chaque tête à partir d’un iPad», poursuit Dalton. «On pouvait ainsi obtenir de très grosses gouttes ou de toutes petites, ou encore de la brume, en fonction des besoins de la scène. Et lorsque les trois grues étaient en action, c’était près de 19 000 litres d’eau qui se déversaient par minute ! Je crois que c’est un record absolu !» (Par ailleurs, l’eau était soigneusement recyclée pour éviter tout gaspillage). Entretemps, Libatique cherchait un moyen de filmer ces scènes en plein été new-yorkais, et a donc résolu de tourner de nuit. «Mais comment faire pour tourner de nuit quand on veut obtenir un plan de nuages menaçants ?», s’interroge Dalton. «C’est alors que Matthew a eu une idée brillante. Comme on construisait une énorme infrastructure pour la pluie, il a suggéré de placer des lampes à l’intérieur de ballons remplis d’hélium afin qu’ils diffusent une lumière douce, semblable à une journée nuageuse».

L’averse dégénère et se transforme bientôt en déluge cataclysmique : c’est la séquence la plus complexe qu’ait eu à orchestrer le superviseur Effets visuels Ben Snow. «Darren voulait vraiment quelque chose de nouveau», se souvient-il. «Nous avons étudié de nombreux tableaux religieux représentant le déluge, et ç’a été là une formidable source d’inspiration. Mais on tenait surtout à ne pas être redondant par rapport à ce qui a déjà été fait. Il ne fallait pas se contenter d’un torrent qui s’abat sur les personnages, et le résultat est spectaculaire».

  1. Synopsis
  2. Noé au cinéma
  3. Un point de vue particulier
  4. Le tournage
  5. Entretien avec Darren Aronofsky

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