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Aujourd’hui dans les salles : Noé

Par Gillossen, le mercredi 9 avril 2014 à 13:15:00

Un point de vue particulier

En tant que cinéaste, Aronofsky a toujours été attiré par les histoires spectaculaires et les modes de narration les plus audacieux. Qu’il s’agisse de la quête d’un mathématicien, dans son premier film, PI, à celle d’une réconciliation dans The Wrestler, ou encore de Black Swan, thriller psychologique situé dans l’univers du ballet, le réalisateur s’est fait connaître pour son style visuel novateur et pour sa volonté d’aborder des sujets comme la mort, l’amour et le sens du sacré.

Handel indique qu’à sa connaissance Aronofsky est le seul réalisateur à prendre le risque visuel de confronter le public à un monde antique traversé par le chaos et la présence divine. «Darren était le cinéaste tout trouvé parce que les défis de NOÉ en matière de rendu visuel sont prodigieux, et qu’il fallait donc quelqu’un dont les prouesses en matière de techniques de mise en scène le soient tout autant. Cette personne devait aussi être capable d’allier ce sens du spectaculaire à une véritable intensité émotionnelle, et Darren possède cette combinaison rare», commente-t-il. Grâce au sens visuel d’Aronofsky, le scénario n’a manqué ni d’envergure, d’action ou d’imagination. «Nous voulions donner à cette histoire importante l’éclat et l’ampleur qu’elle mérite. Mais nous voulions également surprendre le public avec des détails qui défieraient l’entendement», poursuit Handel. «Par exemple», dit-il encore, «dans la Genèse, il est dit à Noé de construire une Arche et d’y faire monter deux spécimens de chaque espèce du règne animal. Nulle part il n’est décrit comment il doit s’y prendre pour parvenir à ses fins. Mais Darren a trouvé une façon impressionnante et exaltante sur le plan cinématographique pour que Noé trouve des matériaux pour l’Arche et rassemble des spécimens de chaque animal de la planète. Ces solutions ne figurent pas dans la Bible, bien qu’elles n’aillent pas à son encontre, mais nous trouvions qu’elles relevaient du miracle et qu’elles étaient donc fidèles à l’esprit de l’histoire». De son côté, Aronofsky souligne qu’il ne s’intéressait pas uniquement à la dimension épique de l’histoire. «Nous avons d’abord commencé par travailler à partir du texte même de la Genèse, puis nous l’avons transformé en un drame familial». «On ne connaît en réalité que très peu d’éléments tangibles de l’histoire de Noé et il ne prononce pas un mot tant qu’il n’a pas quitté l’Arche», constate Handel. «Nous étions donc libres d’imaginer ce que les personnages pensaient et disaient. Mais si l’on regarde attentivement le texte, il nous révèle des indices. Prenez Noé qui devient ivre après avoir découvert le Nouveau Monde. Ça n’est jamais expliqué dans la Genèse mais nous trouvions que c’était un aperçu de sa personnalité et nous avons voulu l’explorer pour tâcher de le comprendre. Quel genre de pression et de difficultés a-t-il pu subir pour être amené à boire après avoir triomphé ? Comment réconcilier la description de Noé, en tant que modèle de rectitude, avec l’image de celui qui se saoule, se met à poil et maudit une partie de sa descendance en la vouant à jamais à la servitude ?» «On peut aussi penser à ce qui est sans doute le passage le plus douloureux de la Genèse : le Créateur décide de détruire, sinon tout, du moins une majeure partie de Sa création. Il y avait sûrement des enfants parmi ceux qui ont péri dans le déluge. Il y avait certainement des animaux innocents, en dehors des spécimens sauvés. Dans ce cas, le déluge permettait de faire table rase pour tout recommencer à zéro en dépit de ces pertes, et ça a dû être douloureux pour un Créateur qui aimait Ses créations. Comment pouvions- nous donner forme à cette souffrance pour la comprendre à un niveau humain ? Notre plus gros travail a consisté à trouver un moyen d’explorer ces questions de façon convaincante et cinématographique tout en restant fidèles aux détails de la Genèse», remarque Handel.

La détermination de Noé et sa persévérance face à une mission qui semble impossible sont au cœur du scénario. Quand Dieu l’avertit du désastre à venir et lui ordonne de sauver les animaux, Noé Lui obéit avec une foi inconditionnelle, sans douter, ce qu’on aurait été en droit d’attendre en pareilles circonstances. «Dans de nombreux films contemporains, si le personnage dit avoir eu une vision ou entendu des voix, les gens autour de lui se mettent d’abord à douter de sa santé mentale. Mais Darren et moi trouvions que c’était une façon moderne de réagir. Noé vit à une époque où son grand-père était un contemporain d’Adam, qui avait en réalité lui-même marché aux côtés de Dieu. Noé n’a donc aucun problème à croire la parole de Dieu. Mais les questions les plus importantes pour Noé sont : primo, comment être sûr d’avoir bien compris ce que l’on vous a demandé de faire ? Et secundo, comment réussir à s’en sortir ?», reprend Handel.

La seule conception du monde de Noé – décrit dans la Bible comme une époque troublée et plongée dans le péché depuis la Chute de l’homme et le déluge – a été un formidable défi. Il existe bien des références bibliques à une ère de cruauté féroce et de «géants» angéliques, mais les détails relevés par les chercheurs sont limités. «Nous connaissons certaines choses sur l’Égypte, nous en connaissons d’autres sur la Judée antique, mais c’est tout autre chose de savoir à quoi ressemblait le monde avant le déluge. Nous avons décidé de ne pas contourner le problème et d’envisager cet univers comme entièrement différent du nôtre», souligne Aronofsky. Outre la Genèse, Aronofsky et Handel ont consulté d’autres textes, dont les manuscrits de la mer Morte, le Livre d’Hénoch (considéré comme l’arrière-grand-père de Noé) et le Livre des Jubilés, mais aussi des analyses historiques et modernes menées par des théologiens et des historiens. Toutefois, ils étaient conscients qu’après tout ce travail, il leur faudrait faire un saut dans l’inconnu pour représenter le monde de Noé à l’écran de telle sorte que les spectateurs de tous horizons soient fascinés. Les risques étaient manifestes, mais ils tenaient à ramener le public à l’origine même de l’histoire. «Quand nous avons entrepris de raconter l’histoire de Noé, nous savions que la tâche serait immense, parce que cette histoire résonne profondément pour beaucoup de monde. Mais nous avons sauté sur l’occasion de le faire pour ces mêmes raisons : parce que c’est une histoire incroyablement forte qui a trait à des choses fondamentales», note Handel. «Je pense que le public sera très heureux de redécouvrir ces histoires fabuleuses», précise Aronofsky. «J’étais donc très attentif à faire de ce projet un film destinés aussi bien aux croyants qu’aux non-croyants».

Pour le producteur Scott Franklin, qui a travaillé avec Aronofsky sur tous ses films précédents, l’attrait du projet résidait dans le mélange des thèmes ancestraux et la nature audacieuse du style d’Aronofsky, le tout promettant d’offrir un film techniquement brillant et profondément satisfaisant. «Ce film est d’une formidable richesse. Il se veut respectueux du texte que l’on connaît, tout en comblant quelques blancs dans un contexte fictif. Nous avons bien évidemment eu largement recours aux effets spéciaux. Mais je pense que l’essentiel du film réside dans le point de vue original de Darren sur l’histoire de Noé qu’il a envisagée comme une grande fresque familiale. Il a insufflé beaucoup de passion dans le projet», poursuit Franklin. La productrice Mary Parent, qui a récemment produit le film de Guillermo Del Toro, PACIFIC RIM, a elle aussi été séduite par l’approche d’Aronofsky. «Darren a créé une œuvre qui restitue l’essence même du mythe biblique, tout en restant le conteur très moderne qu’il est. À travers le langage visuel du film, on découvrira de nombreux signaux de modernité sans que le résultat manque de souffle et de narration classique pour autant. Grâce à Darren, le film bénéficie des prestations de grands acteurs, d’un très haut niveau de mise en scène, et de séquences d’action et d’aventure pures qui vous transportent dans un autre monde», observe-t-elle. Elle poursuit : «Je pense que ce qui explique notamment que Darren soit un grand réalisateur est sa capacité à pousser ses collaborateurs dans leurs retranchements et à leur lancer des défis, et en l’occurrence à les entraîner dans les extraordinaires aventures de Noé. Et dans le même temps, Darren raconte une histoire profondément sincère. Ce ne sont pas des éléments que l’on trouve réunis en général».

  1. Synopsis
  2. Noé au cinéma
  3. Un point de vue particulier
  4. Le tournage
  5. Entretien avec Darren Aronofsky

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