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Alaet et Laurent Genefort reviennent dans les Ères de Wethrïn

Par Luigi Brosse, le mardi 1 novembre 2005 à 23:14:55

A l'occasion de la sortie aux éditions Octobre du premier tome des Ères de Wethrïn, Le Nom Maudit, Laurent Genefort a bien voulu répondre à quelques unes de nos questions.
Ce roman, la fantasy, le paysage francophone... Les sujets sont variés !

Nos questions, ses réponses !

Est-ce que cette nouvelle aventure mettant en scène Alaet aurait pu se retrouver telle quelle chez Degliame ?
Sans doute pas : j'ai conçu les aventures d'Alaet chez Degliame pour qu'elles puissent être lues à partir de 9-10 ans. Les aventures sont modulaires ; les chapitres sont très courts, cinq pages environ, avec des cliffhangers très rapprochés. Ce rythme soutenu a pour conséquence de resserrer le récit. Le Nom maudit et sa suite ont des chapitres beaucoup plus longs et plus contigus, des personnages plus nombreux et complexes. De plus, les thématiques abordées - la responsabilité individuelle dans le destin collectif, le génocide annoncé, etc. - ne sont peut-être pas la tasse de thé d'un enfant de 9 ans...
Ce que je voulais dire plus précisément, c'est que puisque les aventures d'Alaet ne sont pas non plus réservées exclusivement à cet âge, et que Le Nom Maudit n'est pas d'une noirceur sans nom, il me semble qu'on pouvait se poser la question.
Oui c'est vrai. Et puis, quand je vois les pavés que sont capables d'ingérer certains lecteurs de 10 ans...
Pourquoi le choix du diptyque ? Était-ce une réelle volonté de votre part d'éviter les schémas balisés de trilogie, tétralogie, etc ?
Un éditeur m'a dit que les meilleures trilogies étaient en deux tomes, alors j'ai suivi son conseil !
J'ai lu que les aventures d'Alaet constituaient pour vous comme une récréation. Est-ce que cela a encore été le cas cette fois ?
Oui, pour le plaisir de l'écriture. En même temps, c'est davantage qu'une récréation : Les Ères de Wethrïn (c'est le nom du cycle) est un projet très ancien, à l'origine du personnage d'Alaet. Voilà pourquoi il me tient à cœur. À l'époque, je travaillais pour Fleuve Noir et ils n'étaient pas intéressés par un gros cycle de fantasy. Plus récemment, j'ai proposé l'idée à un éditeur de fantasy qui n'a pas été emballé. Aussi, quand Pierre Grimbert m'a demandé de faire un roman pour la maison d'éditions qu'il était en train de monter, j'ai sauté sur l'occasion et lui ai soumis l'idée. Il s'est montré emballé, du coup cela s'est fait très vite.
La 4eme de couverture du roman le décrit comme un mélange de Cugel et Sindbad, et pour une fois avec les 4eme de couverture, c'est plutôt vrai ! J'ajouterais personnellement une pincée de Souricier Gris. Est-ce simple ensuite de donner une véritable personnalité à un héros puisant à de tels modèles ?
Bravo pour le Souricier gris, c'est en effet l'influence principale ; mais cela aurait fait un peu beaucoup pour un 4e de couverture... En fait, la personnalité d'Alaet s'affine de roman en roman ; dans les romans jeunesse, c'est un héros plutôt classique. Adulte, il gagne en cynisme. L'idée était de faire évoluer un adolescent dans un monde où la magie est omniprésente, mais où lui-même ne possède aucun pouvoir ; il est de surcroit plutôt petit et n'est pas musclé... J'adore les personnages de renards, que l'on trouve dans beaucoup de contes orientaux. En SF, cela a donné par exemple Jason dinAlt, le héros de la série du Monde de la mort de Harry Harrison. Ce type de personnage est forcément positif, quelque soit la coloration du monde autour de lui.
Alaet semble très cynique, blasé vis-à-vis du pouvoir, et les dérives qu'il entraîne souvent... Est-ce une vision que vous souhaitiez faire passer ?
Ce que je montre c'est un être libre, se frottant à tous les types de pouvoirs (et la magie en est un). Alaet est le seul voleur de Karnab à ne pas être affilié à la Guilde des Larrons. A cause de cela, il manque être assassiné à plusieurs reprises.
En même temps, je ne suis pas dupe de la capacité à être libre : dans L'Odyssée des sirènes, Alaet se fait capturer par une ville de rançonneurs parce qu'il a été attiré par des affiches publicitaires...
Votre héros va-t-il continuer à prendre de l'importance dans le tome 2, ou bien, cette histoire restera-t-elle avant tout celle d'un groupe ?
Tous mes romans et nouvelles d'Alaet se finissent par : « Ainsi s'achève cette aventure d'Alaet ». J'ignore encore si je terminerai Les Ères de Wethrïn avec cette formule, car l'histoire est avant tout celle du groupe, et en particulier celle de Demetrien et Sokoura.
Pour quitter un peu les horizons de Wethrïn, songez-vous à d'autres romans de fantasy ?
Pas pour le moment. Deux romans de SF devraient paraître en 2006, en plus du second volet des Ères de Wethrïn.
Quel est votre regard sur le paysage francophone actuel de la fantasy/SF ?
Je le trouve très riche : on y trouve de la SF classique, du space opera, du steampunk... On manque à mon avis d'auteurs de hard science, mais bon, ce n'est pas nouveau. En ce qui concerne la fantasy, je dois avouer que j'en lis moins. À la rigueur, je préfère les nouvelles ; c'est là que j'ai trouvé les plus belles perles.
A titre personnel, vous considérez-vous comme un « incontournable » ou bien, est-ce que vous vous dîtes que tout peut aller très vite ?
Incontournable, quelle horreur ! D'ailleurs, à part quatre ou cinq auteurs par siècle, qui est vraiment incontournable ?
Alaet a son propre site internet, Omale aussi... Est-ce un outil qui vous paraît indispensable désormais ?
C'est moi qui suis au service de mes univers, et non l'inverse. Les sites web sont un moyen d'oeuvrer en ce sens : je peux offrir des cartes, des lexiques, des schémas, bref toutes sortes d'éléments extra-romanesques qui alourdiraient les livres. C'est aussi un moyen d'interagir avec les lecteurs. Vous avez dit le mot juste : c'est un outil. Mais pas de promotion.
Pour en revenir à la littérature, trouvez-vous encore le temps de lire vous-même ? Auriez-vous un coup de coeur à conseiller à nos lecteurs ?
Je continuerai à lire de la SF tant qu'elle ne cessera pas d'être intéressante ! J'emmerde tous mes amis en leur rabâchant mon admiration pour Greg Egan (vous vouliez un incontournable...) et Iain Banks ; que lire Vance c'est comme boire du champagne, et que Brussolo a écrit des délires fulgurants. Un coup de coeur récent : Space OPA de Greg Kostikyan, un humour à la Sheckley ou Brown, avec en plus une tonalité altermondialiste - bref, un régal.
De façon plus générale, y a-t-il des auteurs qui ont contribué à forger votre imaginaire, qui vous ont donné le goût de l'écriture ?
Plein ! Asimov, Brown, Herbert, Stefan Wul, Vance, Brussolo, Gibson, Sterling, W.J. Williams, etc.... des réalisateurs comme Ridley Scott, Terry Gilliam ou Cronenberg... des BDastes comme Bilal ou Moebius... Il y en a des dizaines. J'ai une dette envers Serge Brussolo, qui m'a encouragé dans l'écriture alors que j'étais encore au lycée.
Et une dernière question pour conclure... Une question plutôt convenue, mais après tout, il en faut ! Où vous voyez-vous dans 10 ans ?
Réponse d'écrivain de SF : si je le savais, je ferais tout pour éviter que ça arrive ! ;-) David Brin professe qu'il y a un « horizon de 50 ans » en deçà duquel se heurte tout écrivain de SF pour décrire un futur cohérent. Je pense quant à moi que cet horizon n'excède pas cinq ans, et ce en vertu des lois du chaos auxquelles nous sommes soumis, aujourd'hui plus qu'hier.
Une aventure éditoriale comme celle de votre camarade Pierre Grimbert vous tenterait-elle, par exemple ?
J'admire Pierre car moi-même je n'en aurais ni les capacités ni la patience. Je crois que le métier d'éditeur est devenu un métier ingrat, en tout cas plus difficile aujourd'hui qu'hier. Dans les grands groupes dominés par la finance, n'en parlons même pas.
Merci beaucoup.

Interview réalisée par Gillossen


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