Le propre des anniversaires est de revenir sans fin avec un rappel des évènements ; certaines années sont particulièrement symboliques, comme cette bonne année 1937.
Il y a maintenant 8 décennies, le 21 septembre, paraissait Le Hobbit (et le monde ne fut plus jamais pareil). Cette date est connue, aussi vais-je parcourir les jours suivants, riches d'anecdotes.
Le 19 octobre, Stanley Unwin (l'éditeur de Tolkien) lui écrit Il est rare qu'un auteur pour enfants s'impose solidement avec un seul livre, mais que vous le ferez très rapidement, je n'en ai pas le moindre doute. Vous êtes l'une de ces rares personnes qui ont du génie, et, contrairement à certains éditeurs, c'est un mot que j'ai utilisé moins d'une demi-douzaine de fois en trente ans d'édition.
Le 23 octobre, Tolkien lui répond Je vais bientôt commencer quelque chose, et je le soumettrai à votre garçon à la première occasion.
Le 17 décembre, Charles Furth, écrit au nom de l'éditeur La demande pour Le Hobbit est devenue si pressante avec les premières commandes de Noël que nous avons quand même dû accélérer la réimpression. A la dernière minute, la crise a été telle que nous sommes allés chercher une partie des réimpressions chez nos imprimeurs à Woking dans une voiture privée.
Le 19 décembre, Tolkien lui répond J'ai écrit le premier chapitre d'une nouvelle histoire sur les Hobbits -"Une fête très attendue". Joyeux Noël à vous.

Avec le recul, nous savons que ce premier chapitre ne sera publié qu'en juillet 1954, 17 ans, une guerre mondiale, une pénurie de papier et une longue bataille éditoriale plus tard. Nous tous qui aimons la fantasy, ayons une pensée pour cette époque qui a marqué la littérature par le feu du dragon, et remercions la persévérance de ces acteurs célèbres et méconnus ensemble, par qui le sort a été dompté.
Et à mon tour, je vous souhaite un très joyeux Noël.

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