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Nell rebelle : le bilan de la saison 1

Par Zakath, le mercredi 19 juin 2024 à 06:30:06

NellLa scénariste britannique Sally Wainwright a créé deux séries remarquées ces dernières années sur la BBC, Happy Valley, qui suivait le quotidien compliqué d’une inspectrice dans un Yorkshire en crise et Gentleman Jack, l’adaptation du journal d’Anne Lister, femme de lettres du début du XIXe siècle, exploratrice qui gérait son domaine d’une main de fer et s’est mariée clandestinement à une riche héritière.
Il était donc surprenant, au premier abord, de la voir quitter des portraits ancrés dans la réalité pour prendre la tête d’une série de fantasy à destination d’un large public pour le compte de Disney +. Pourtant, le personnage principal de Nell rebelle (Renegade Nell dans la langue de Shakespeare) est dans la lignée des précédentes héroïnes de Wainwright : une femme qui ne s’en laisse pas conter et défie les conventions de son temps, le début du XVIIIe siècle. En plus d’une personnalité très affirmée, elle bénéficie d’une force surhumaine accordée par l’esprit Billy Blind, un lutin issu du folklore britannique, qui désire qu’elle mette ce pouvoir au service du Bien. Nell va devoir mener une vie de brigande après avoir été accusée du meurtre d’un aristocrate dont le véritable assassin n’est autre que le fils débauché de celui-ci, Thomas Blancheford, tandis qu’un vilain sorcier, officiellement comte de Poynton et proche de la reine Anne, complote pour renverser cette dernière.

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Le bilan

Le programme est chargé pour les huit épisodes qui ne manquent pas de rebondissements, entre les braquages de carrosses, les évasions de prison et les affrontements contre des forces maléfiques. Nell Jackson pourra compter sur l’aide de ses sœurs dont l’une développe des pouvoirs magiques, de Rasselas, ancien domestique des Blancheford, et occasionnellement de celle de Charles Devereux, un aristocrate désargenté qui exerce comme elle la profession de bandit de grand chemin. Un programme un peu trop chargé peut-être : l’un des écueils de la série est qu’avec beaucoup de personnages, certains restent parfois trop en retrait. Ainsi, Thomas s’efface vite après avoir lancé l’intrigue pour ne redevenir important qu’à la fin tandis que sa sœur Sofia prend son temps pour être développée, Charles passe également un trop long moment au cachot… On peut également regretter que le folklore ne soit pas davantage exploité au-delà de Billy Blind et de l’apparition très réussie d’Herne le Chasseur. Sans tomber dans le schéma du monstre de la semaine, il y avait probablement de quoi puiser davantage dans des légendes locales mal connues outre-manche. L’utilisation de la magie est par ailleurs floue notamment dans le septième épisode où George, la jeune sœur de Nell, dénoue la situation on ne sait trop comment sinon en chanson (on est sur Disney+ donc oui, on a un épisode avec deux séquences chantées fort agréables malgré leur caractère incongru).

Enfin, les motivations véritables du grand méchant manquent d’ampleur car ses pouvoirs restent finalement au service d’une cause historique connue et perdue sans que l’on verse totalement dans l’uchronie.

Néanmoins, Nell rebelle évite des travers de séries visant un public adolescent : on ne multiplie pas les romances, la seule qui se noue vraiment, entre Rasselas et Roxy, une des sœurs de Nell, reste isolée et discrète. Le message social, finalement le même que dans toutes les histoires de hors-la-loi sympathiques de Robin des Bois à Zorro, est délivré sans lourdeur. La bonne humeur qui parcourt la saison est pour beaucoup dans son charme et le casting est un atout majeur. Louisa Harland, connue pour avoir joué l’excentrique Orla dans Derry Girls, porte une bonne partie de la série sur ses épaules dans le rôle principal mais ses collègues ne sont pas en reste : Frank Dillane est amusant en allié et rival maniéré tandis qu’Adrian Lester ne manque pas de classe en inquiétant sorcier et courtisan. Alice Kremelberg apporte davantage de gravité dans son rôle de femme cherchant par la magie à accéder à un pouvoir que sa naissance lui refuse tandis que l’on croise Joely Richardson en directrice de journal sans scrupules, Ashna Rabheru en donzelle romantique sous le charme de Nell ou encore Jodhi May en Anne Stuart dépassée mais bienveillante.

À vouloir trop en faire et trop en mettre, cette première saison de Nell rebelle néglige certains personnages et de bonnes idées et repose sur des bases un peu trop branlantes et peu étoffées par rapport à d’autres séries récentes : on pense notamment à Jonathan Strange et Mr Norrell qui avait l’avantage d’être une adaptation et avec laquelle il y a quelques points communs, ou encore Carnival Row pour citer une création originale qui malgré ses défauts offrait en autant de temps un univers plus fouillé et cohérent. L’abattage du casting et la sympathie qui se dégage de l’ensemble en font cependant une bonne surprise. De plus, si une deuxième saison n’a pas été encore confirmée, les huit épisodes offrent une histoire complète qui n’appelle pas obligatoirement de suite, on peut donc s’y lancer sans crainte d’un cliffhanger non résolu.

Par Zakath Nath.


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