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Pierre Grimbert nous parle du Prophétionnel

Par Gillossen, le jeudi 7 décembre 2006 à 10:26:03

Concours, critique, on ne peut pas dire que le dernier roman de Pierre Grimbert, Le Prophétionnel, soit absent de nos colonnes, depuis sa parution à la fin du mois dernier...
Et pour poursuivre, retrouvez donc dès maintenant une interview de l'auteur, fidèle au ton du roman !

Entretien avec Pierre Grimbert

Question simple ou compliquée pour commencer, comment vous est venue cette idée ?

À vrai dire, l'écriture du Prophétionnel fait partie d'un gigantesque et machiavélique plan de conquête de l'univers – mais je ne peux pas vous en dire plus ; sinon je devrais vous évaporiser. Pour la version officielle, disons donc qu'il s'agit d'un vieux projet, antérieur même à la Malerune, basé sur cette simple idée : que se passerait-il si un héros tentait d'accomplir une prophétie avant l'heure ? Les deux premiers chapitres étaient rédigés depuis longtemps ; je n'ai eu qu'à reprendre l'histoire où je l'avais laissée. Pour le reste, ça a fonctionné comme d'habitude dans ma rédaction : en laissant aux personnages, pour un bon tiers du travail au moins, le soin de mener le récit à son terme. Sans trop casser le décor au passage, si possible, merci les gars.

Est-ce que l'écriture de ce roman fut une sorte de récréation, par rapport à la « pression » d'une suite au Secret de Ji ?

Oui et non. D'un côté, j'avais énormément de plaisir à écrire les (més)aventures d'Ulser et de sa clique, et c'était effectivement fort agréable d'utiliser un autre ton que celui des cycles de « Ji »... mais par ailleurs, je me demandais vraiment quel accueil les gens allaient réserver au roman, et c'était (ça l'est toujours !) plutôt stressant. J'espère que les lecteurs qui m'ont suivi sur les Enfants de Ji me feront l'amitié de donner sa chance au Prophétionnel, et que le roman leur offrira quelques sourires. Pour ma part, j'avoue être plusieurs fois sorti de mon bureau en ricanant d'un air stupide... Mais, bon, de toute façon il faut être un peu tordu pour faire ce métier d'écrivain.

Quel est le cliché à détourner que vous avez trouvé le plus amusant ?

PfffiiiouuuOhLaLaLaLaaaaaEtBien... J'aurais du mal à répondre. Je me souviens avoir ri tout seul en écrivant la scène de l'Écho, et aussi celle du dragon, mais j'étais peut-être alors dans un état d'esprit particulièrement conciliant avec moi-même. Et il y a eu un petit paquet de moments comme ça... Bref, je ne sais pas. Tant pis, zéro pointé et pas de dessert pour moi ce midi.

Vous n'êtes jamais méchant au cours du roman, avec vos personnages ou la fantasy. Votre amour du genre est-il toujours aussi présent au fil des années ?

Au contraire, comme tous les amateurs de fantasy, de musique celtique et de balades en forêt, je suis très, très méchant, un véritable psychopathe. Je cache des dagues dans mes chaussettes même pour aller acheter du pain. Ah ? On me fait signe que non... Bon. C'est vrai que j'aime que la fantasy soit optimiste ; j'ai besoin d'histoires où les héros rencontrent l'amour et l'amitié, et où les gentils gagnent à la fin. Le monde est assez moche et injuste comme ça ; dans une fiction, autant se faire plaisir. Et, pour répondre : oui, mon amour du genre est intact. Ce qui ne veut pas dire que je ne m'essaierai pas un jour à d'autres registres ; mais bon, ça fait dix ans que je dis ça...

A quel niveau placez-vous la parodie dans le domaine littéraire ? On dit souvent par exemple qu'il est plus difficile de faire rire que pleurer...

C'est simple : la douleur est plus universelle que l'humour. Tout le monde rit, mais on ne rit pas tous des mêmes choses. Un roman parodique aura effectivement plus de difficulté à être plébiscité par ses lecteurs, qu'un drame bien déchirant, pour ceux qui aiment l'un ou l'autre genre. Le risque est donc plus grand de se voir critiquer d'un profond et réfléchi : « C'est trop nul », « C'est lourdingue », « Ça fait même pas rire ma mouette. » Alors que d'autres vont s'enthousiasmer pour le même texte (enfin j'espère, parce que sinon n'oubliez pas les p'tits gars, j'ai des dagues dans mes chaussettes).

Par curiosité, pourquoi des prénoms tels qu'Ulser ou Escar ? S'agissait-il seulement là encore de détournement ?

« Ulser » est mon vrai prénom en astrologie gnomesque ; quant à « Escar », c'est le diminutif de mon cousin Tom. Mais on pourrait aussi penser que, tant qu'à choisir les noms de quelques personnages, autant se laisser aller à un petit calembour. Je m'appelle bien Pierre, moi.

Le tome 2 est-il déjà en cours d'écriture ?

J'ai la trame globale, les décors sont en fabrication, mais c'est tout pour le moment. Comme il s'agit davantage d'une série (avec des volumes plus ou moins indépendants) que d'un cycle à proprement parler, je n'ai pas encore décidé si j'allais me lancer dans le Prophétionnel 2 tout de suite où attaquer avant ça un roman de nature plus classique. Je me laisse encore quelques jours pour y penser (mon éditeur est plutôt coulant là-dessus).

Une question quasiment obligatoire : pas de changement pour l'instant, pas de 3eme saga « Jiesque » ?

Non, pas pour l'instant, non ;-)

Avec cette nouvelle interview, prenons des nouvelles ! Comment se portent les éditions Octobre ? La refonte de votre site internet il y a quelques mois, plus l'accueil d'auteurs comme Johan Héliot... Les choses bougent !

Oui, j'ai même déplacé sur la gauche les dictionnaires qui étaient à ma droite : c'est plus facile pour les attraper, et ça libère de la place pour poser des cacahuètes. Pour le reste, on cherche pareillement à s'améliorer, à enrichir la collection de la meilleure manière ; bref à manoeuvrer le bateau lancé il y a deux ans et demi déjà. Je ne sais pas si j'aurais pu écrire le Prophétionnel ailleurs que chez Octobre ; peut-être le roman ne rencontrera-t-il pas le succès que j'espère, mais au moins j'aurais eu la liberté d'essayer et c'est une chance que j'apprécie à sa juste valeur.

A l'approche des fêtes, que peut-on déjà vous souhaiter pour l'année prochaine ?

Bonne année, bonne santé. Rencontrer une belle et intelligente auteur qui me donnerait des enfants... ah non c'est déjà fait, hinhin. Bah, que ma vie reste telle qu'elle est, avec quelques lecteurs supplémentaires par mois, ce serait parfait. Et aussi, qu'on invente des cacahuètes moins grasses pour épargner la souris de mon PC ; merci. Voilà. Bisous.


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