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Peines de mots perdus

ISBN : 978-249466509-5
Catégorie : Aucune
Auteur/Autrice : Jean-Laurent Del Socorro

France, 1593.
La chance a tourné pour les membres de la compagnie du Chariot : les voilà désormais enfermés à la prison de Rennes. Contre leur libération, leur capitaine Axelle de Thorenc est envoyée sur ordre du roi Henri IV en Angleterre pour retrouver le sceau de l’enfer, un artéfact alchimique aux immenses pouvoirs.
Première d’une longue série, cette mission la verra s’opposer à la mystérieuse École de la nuit. Des jardins du palais de la reine Élisabeth aux planches du théâtre de William Shakespeare, Axelle tiendra – souvent malgré elle – le premier rôle dans des complots en tous genres et donnera la réplique à des compagnons de scène inattendus : l’impertinent corsaire Francis Drake, la gouailleuse Mary la tire-laine ou encore la très engagée poétesse Jane Anger.

Critique

Par Gilthanas, le 20/03/2024

La sortie d’un roman de Jean-Laurent Del Socorro est toujours l’occasion de se réjouir, car l’auteur a su s’installer dans le paysage de l’imaginaire français comme une valeur sûre. 
S’étant fait une spécialité des figures féminines fortes, et ce dans un contexte historique légèrement modifié par rapport à notre Histoire, Jean-Laurent Del Socorro ne déroge pas à la tradition ici, exploitant à merveille le contexte des XVIe et XVIIe siècles. Cette époque, riche en bouleversements politiques et sociaux, fournit un écrin à la fois familier et exotique pour la pièce qui va se jouer sous nos yeux. L’auteur nous fait ici la preuve de tout son talent de conteur : sa plume est toujours aussi prenante, et l’humour fait souvent mouche. Les références à Dumas ou Shakespeare parsèment élégamment le texte, qui nous présente une belle galerie de personnages (réels ou fictifs). Le roman est entrecoupé d’entractes, qui permettent des ellipses, et d’amener quelques temps calmes entre des chapitres menés tambour battant. 
Cependant, malgré toutes ses qualités, ce Peines de mots perdus est, à mes yeux, le moins bon des romans de l’auteur dans cette veine historique. Entendons-nous bien : il s’agit d’un bon roman (certains auteurs vendraient leur âme pour que leur meilleur roman soit aussi maitrisé que le moins bon Del Socorro), mais qui souffre cependant de défauts qui peuvent entacher la lecture.
Tout d’abord, au niveau du message véhiculé tout au long du récit : si l’intrigue est centrée autour de personnages féminins forts, et offre une vision différente et bienvenue de ce que peut (et doit) être la fantasy d’aujourd’hui, l’auteur a dans ses précédents romans (notamment Boudicca) réussi à faire passer son message de façon moins grossière. La surenchère et l’insistance sur la prédominance féminine dans l’intrigue donne l’impression d’un message presque artificiel, ce qui est l’inverse de ce que veut transmettre Jean-Laurent Del Socorro.
De plus, si les personnages sont attachants, ils sont survolés, trop peu développés pour la plupart, ou ils disparaissent brusquement dans un entracte. Dommage car le potentiel est là, et on sait le talent de l’écrivain pour brosser des personnages croustillants. Enfin, on regrettera la fin abrupte, et une intrigue générale finalement banale (on pourrait même parler de MacGuffin pour l’Artbon), mais le cœur du roman est finalement plus ses personnages que son scénario.
Toujours est-il que ce Peines de mots perdus n’en est pas moins un roman éminemment recommandable. L’auteur nous ayant habitué à des livres de haute volée, le lecteur exigeant aura plus tendance à relever les défauts de ce nouvel opus. On peut cependant souligner que si le message central de l’histoire est parfois intégré au forceps, il n’en est pas moins bienvenu et d’actualité. On aurait cependant aimé une dilution plus diffuse.
Mais si vous êtes amateurs de romans nerveux, avec des personnages multiples, sincères et la gouaille certaine (on sent ici l’influence du théâtre), et de décors historiques pleinement maitrisés, ce roman vous plaira sans aucun doute. Et pour ceux que le message féministe rebute, la lecture du manifeste de Jane Anger, traduit par l’auteur et disponible à la fin du roman, est vivement conseillée !

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