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Lilliputia

ISBN : 978-270213942-4
Catégorie : Aucune
Auteur/Autrice : Xavier Mauméjean

Bonnes gens, bienvenue à Dreamland ! Érigé sur l’île de Coney Island au début du XXe siècle, ce parc d’attractions d’un nouveau genre abrite en son sein le plus phénoménal des divertissements : Lilliputia, la Cité des Nains, qui accueille pour votre plus grand bonheur trois cents petites personnes venues du monde entier. Construite sur le modèle du Nuremberg du XVe siècle, mais en réduction, cette exemplaire cité possède un parlement, un théâtre, des bas-fonds et même une compagnie de pompiers qui va jusqu’à déclencher ses propres feux pour divertir les visiteurs du parc ! Venez écouter l’histoire édifiante d’Elcana, ce courageux jeune homme de petite taille conduit depuis son Europe de l’Est natale jusqu’à Lilliputia. Là, il comprendra bien vite qu’il lui revient de libérer ses semblables de la servitude dans laquelle on les a placés, pour leur “apporter le feu”. Avec l’aide de la monstrueuse parade des Freaks, il mènera la révolte contre son propre Zeus - le mystérieux et richissime démiurge, propriétaire de Dreamland - et conduira Lilliputia jusqu’à l’embrasement final… Quand la tragédie grecque rencontre la mythologie américaine naissante, celle du Gangs of New York de Scorsese, pour une magistrale réinvention de la figure de Prométhée, c’est un feu d’artifice(s) littéraire d’une hauteur inversement proportionnelle à celle des protagonistes de Lilliputia qui se déploie sous nos yeux. Gentes dames, joyeux messieurs, bienvenue à Dreamland pour le plus grand des minuscules spectacles !

Critique

Par Luigi Brosse, le 06/08/2008

Après un Ganesha (réédité l’année dernière), Xavier Mauméjean continue sur la voie de l’uchronie avec Lilliputia, ou l’histoire (imaginée) du parc d’attraction Dreamland. Comme toujours avec ce genre de jeux, la victoire s’obtient par la crédibilité du scénario alternatif ; au point que le lecteur doive se demander en permanence ce qui est réel et ce qui ne l’est pas. Pari réussi - mais après tout Dreamland porte bien son nom - puisque toute la trame du récit est plus que vraisemblable. Mauméjean se glisse à merveille dans les failles de l’Histoire pour y insérer ses personnages, entremêlant savamment le vrai et le faux. On pourrait même se laisser à dire que voilà un très joli compte rendu journalistique, sur un peu plus de 400 pages, vu la façon dont l’auteur nous prend à témoin tout du long.
Bienvenue donc à Lilliputia, la ville des héros hauts comme trois pommes. Peuplé à l’aide de nains que l’on a escamotés en Europe, en leur faisant miroiter un avenir meilleur, ce modèle réduit aborde par le large la question du rêve américain. Si dans un premier temps, les promesses sont au rendez-vous, le scénario de cette success story ne tardera pas à partir en fumée ; tout comme les bâtiments placés sous la protection de la brigade de pompiers dont fait partie Elcana. S’en suivra une longue descente aux enfers pour la ville, tandis qu’Elcana en viendra peu à peu à assumer son statut de sauveur (ou de porteur de lumière suivant les interprétations). Nous ne nous étendrons pas plus sur le scénario (le résumé du livre en révélant déjà beaucoup trop) mais comme on peut le constater les images fortes sont là, accompagnées de leur cortège de symbolisme.
Faisons à présent un détour du côté des personnages, sur lesquels se focalisent justement ces thématiques. L’auteur réussit à ce sujet un tour de force assez exemplaire : il arrive à nous les rendre attachantes, que ce soit via leur espoir d’un “monde meilleur”, ou par leur naïveté touchante, tout en maintenant la distance, la froideur due à la différence créée par leur taille non conventionnelle. Un traitement particulièrement réussi.
Sur le fond, il est très difficile encore une fois de confronter Lilliputia à l’ensemble de la production de l’Imaginaire. Difficile à classer tant la magie est à la fois diffuse, tant le réalisme est illusoire, c’est tout naturellement que le roman trouve sa place dans la collection Interstices de Calmann-Lévy. Ce qui est sûr par contre, c’est que la connaissance de l’auteur sur les parcs d’attraction et consorts est très large. On avait déjà pu s’en rendre compte lors de Freakshow, même s’il laissait bien souvent le néophyte sur le bord du chemin. Néanmoins, le format plus long de Lilliputia permet un apprentissage de cette facette de l’Amérique plus en profondeur. Le lecteur amateur de “freaks” ne pourra qu’apprécier !
D’un point de vue stylistique, on n’atteint pas tout à fait la maîtrise fluide de Ganesha, mais le style reste bien supérieur à la grande majorité des productions actuelles. On sent clairement une habilité à manier la plume, que ce soit dans la verve des échanges ou dans la magie des descriptions ; la plongée au cœur de l’histoire n’en est que plus agréable. Néanmoins, on a parfois l’impression d’une écriture un peu artificielle à force d’être peaufinée, quelque part on a le sentiment de perdre en spontanéité, en fraîcheur. Mais, cela reste vraiment très léger et, sans nul doute, certains trouveront au contraire que ce “maniérisme” renforce le potentiel littéraire de l’œuvre.
Au final, peu de maladresses ou de faux pas, mais pour autant le roman n’arrive pas vraiment à générer un torrent d’émotions. Le thème général rend effectivement cette tâche ardue, le sujet n’est certes pas aussi porteur qu’une épopée. Le traitement intimiste, voire même philosophique de l’histoire pourra également en déconcerter plus d’un. Mais encore une fois, il est évident que ce roman saura trouver sa place, à la frontière en rêve et réalité, entre littérature de genre et littérature blanche.

8.0/10

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