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Jardins de poussière
Catégorie : Aucune
Auteur/Autrice : Ken Liu
Traduction : Durastanti, Pierre-Paul
Né en 1976 à Lanzhou, en Chine, avant d’émigrer aux États-Unis à l’âge de onze ans, Ken Liu est titulaire d’un doctorat en droit (Harvard). On doit à ses activités de traducteur l’éclosion de la science-fiction chinoise aux yeux du monde. En tant qu’auteur, il dynamite la littérature de genres américaines — science-fiction comme fantasy – depuis une quinzaine d’années, collectionnant distinctions et prix littéraires, dont le Hugo, le Nebula et le World Fantasy pour la seule « La Ménagerie de papier », ce qui demeure unique à ce jour.
Le recueil éponyme, paru aux éditions du Bélial’, est par ailleurs lauréat du Grand Prix de l’Imaginaire, tandis que le court roman L’Homme qui mit fin à l’histoire a achevé de le révéler au grand public. Jardins de poussière est son deuxième recueil à voir le jour en français. Sans équivalent en langue anglaise, réunissant vingt-cinq récits pour l’essentiel inédits, il célèbre un talent majeur et singulier à son sommet — un phénomène.
Critique
Par K, le 27/12/2019
Deuxième recueil de nouvelles de Ken Liu paru en français après la réussite que fut La Ménagerie de papier, Jardins de poussière est un ouvrage sans équivalent en langue anglaise et rassemblant 25 récits choisis par les éditions du Bélial’.
Le livre démarre par un avant-propos de l’auteur et, comme à l’accoutumée pour les recueils de cette maison d’édition, se conclu par une bibliographie complète. Si, d’emblée, on peut annoncer que cet ouvrage de 539 pages est une véritable réussite, il faut toutefois préciser que, comme pour son prédécesseur, la plupart des nouvelles appartiennent avant tout au genre de la science-fiction. Il serait toutefois regrettable que ce constat fasse fuir certains lecteurs d’Elbakin.net et ce pour plusieurs raisons, la qualité remarquable d’écriture de Ken Liu n’étant pas la moindre.
Tout d’abord, si les nouvelles de fantasy sont rares elles n’en constituent pas moins quelques perles qui raviront ceux tombés sous le charme des précédents récits de l’auteur. La fille cachée et bonne chasse nous replongent dans une fantasy subtile, riche en émotions et tirant le meilleur parti d’un cadre bien éloigné des us et coutumes du genre. Il n’est point ici question de batailles ou de déluges de pyrotechnie mais plutôt de récits mettant toujours l’humain au centre et s’interrogeant sur son adaptation face au changement.
Ensuite, bien que pouvant pour la plupart être qualifiées de science-fiction - encore que l’auteur de cette chronique ne se soucie nullement des étiquettes -, les autres nouvelles ne devraient guère rebuter l’amateur de fantasy. Que ceux que la hard-science fait frémir soient ici rassurés : dans la lignée d’un Lucius Shepard, Ken Liu brosse avant tout des récits courts s’intéressant aux dilemmes moraux, ici posés par des nouveautés technologiques, posant avec finesse des problèmes liés à l’éthique et dénués de tout manichéisme. L’auteur joue a merveille avec les différences culturelles existant entre la Chine et « l’Occident », puisant dans son parcours pour parvenir à aborder avec brio des préoccupations universelles. On retrouve dans ce recueil à plusieurs reprises les thèmes visibles dans d’autres de ses récits. Ainsi de la question du rapport, nécessaire, de l’homme à son passé, déjà abordé dans sa novella l’Homme qui mit fin à l’histoire ou encore des relations entre parents et enfants, au cœur de La Ménagerie de papier.
Enfin, si nul récit n’a semblé au chroniqueur avoir la force évocatrice, la puissance émotionnelle de la nouvelle éponyme du précédent recueil, il n’en demeure pas moins qu’on ne peut qu’être une nouvelle fois frappé par la poésie qui se dégage de la plupart de ces histoires. En quelques lignes, Ken Liu parvient parfois à captiver son lecteur, à dresser avec talent une ambiance entraînante et subtile. L’humain est au cœur mais il ne s’agit pas ici d’une humanité théorique, désincarnée, confrontée à quelque difficulté, mais bien d’individus suscitant des émotions sans que cela nuise, loin de là, aux questionnements suscités par ces nouvelles.
Très belle porte d’entrée dans la littérature de genre, plongée dans l’œuvre d’un écrivain prolifique et talentueux, Jardins de poussière est un recueil idéal pour le néophyte et un plaisir rare dans la droite ligne des autres écrits de l’auteur. Puisse-t-il en écrire beaucoup d’autres !
9.0/10
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Auteur
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