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Irène Fernandez et l’univers de C.S. Lewis

Par Guybrush, le jeudi 5 janvier 2006 à 14:26:43

Comme il n'y a pas que les Chocapic, et autres "douceurs" dans le monde de Narnia et de son auteur, nous vous proposons aujourd'hui une critique supplémentaire dans notre rubrique l'univers de C.S Lewis !
Et en prime, voici pour vous la transcription d'une interview d'Irène Fernandez donnée à la chaîne de télévision KTO, où l'auteure de Mythe, raison ardente, l'ouvrage critiqué en question aujourd'hui, discute de Narnia, et que vous pouvez également retrouver en vidéo en cliquant ici !

C. S. Lewis

La première question est toute simple : parlez nous un peu de C. S. Lewis. D'abord, qu'est-ce que cela veut dire, C.S Lewis, on l'appelle C.S. Lewis, c'est son prénom ?
Lewis est un nom extrêmement répandu en Angleterre; c'est un nom Gallois en fait. Et C.S, c'est simplement les initiales de ses prénoms, c'était pour le distinguer de tous les Lewis imaginables. On l'appelait « C. S. L. » mais personnellement ses amis l'appelaient « Jack ».
Alors qui était ce fameux Lewis ?
Lewis est un écrivain anglais, c'est un des plus grands écrivains du XXeme siècle, un des plus grands écrivains chrétiens du XXeme siècle, mais c'est aussi un grand écrivain tout court. C'est un universitaire. Il a fait toute sa carrière à Oxford d'abord et ensuite à Cambridge, vous voyez c'est...
Tout ce qu'il y a de plus classique!
Oui, tout ce qu'il y a de plus classique. Il n'a pas eu une vie, il a pas eu de grandes aventures dans sa vie, il est rarement sortie même d'Angleterre... Enfin, c'est un irlandais, né à Belfast, d'une famille de protestants irlandais, mais enfin il a passé toute sa vie en Angleterre. Je crois qu'il est sorti de l'Angleterre que pour les tranchées de la guerre de 14 et une fois à la fin de sa vie pour un voyage en Grèce avec sa femme. Mais c'est tout. C'est une vie relativement sédentaire dont les aventures étaient surtout intérieures. Et ce qui a beaucoup compté dans sa vie c'est l'amitié. C'était d'ailleurs dans le style de vie de ces universitaires; Et en particulier son amitié avec Tolkien, qui était considérable, et d'autant plus étonnant que Tolkien était catholique et lui non. Et comme il le dit : « On m'avait dit : ''Méfiez-vous de deux choses : les philologues et les papistes!''... et Tolkien était les deux ! Ils sont devenus extrêmement amis.
Alors il a enseigné... Qu'est-ce qu'il a enseigné ?
Sa spécialité, c'était la littérature médiévale et religieuse anglaise, latine, etc, et d'ailleurs Cambridge a créé une chaire, il y a toute une petite histoire avec des collègues d'Oxford qui étaient un peu jaloux de lui parce qu'il est devenu très célèbre, alors c'est l'université rivale qui a créé une chaire de professeur, une chaire qui lui permettait d'enseigner sans avoir la charge en Angleterre, un charge très, très lourde parce qu'il faut recevoir des étudiants trois fois par semaine...
En gros on lui a fait un pont d'or !
On lui a fait, oh, un pont « d'or » c'est beaucoup dire, enfin, en tout cas un pont de liberté qu'il a beaucoup apprécié dans les dernières années de sa vie.
Donc, on le connaît, enfin, on commence à le connaître en France pour les Chroniques de Narnia mais ce n'est pas uniquement, il n'a pas écrit que ça.
Ah, non, il a écrit ça j'allais dire non pas « par-dessus le marché » mais enfin parce que ça lui a passé par la tête à un certain moment, mais, son oeuvre est énorme. Pour simplifier il y a trois parties : il y a d'une part de la critique littéraire, c'est un remarquable critique. On a fêté, il était né en 1898, et en 1998 on a fêté le centenaire de sa naissance partout, y compris, même dans des milieux qui se méfiaient un peu de lui... parce que en tant que chrétien militant, il y a avait des gens qui se, qui n'étaient pas tellement à l'aise avec lui. Il n'empêche que tout le monde reconnaît sa valeur de critique qui est exceptionnelle... et d'ailleurs avec, en anglais le mot « catholicité » veut dire « universalité » -ce qui est très beau- et il avait un goût qui se limitait pas du tout ni à des auteurs de la renaissance ni à des auteurs chrétiens, enfin vraiment c'était un homme qui avait le sens de l'oeuvre littéraire, poétique. Ça allait de l'Odyssée à des petits contes de fées, voyez, c'est un homme merveilleux. Alors, une oeuvre critique, une oeuvre... Je sais pas trop comment l'expliquer, mais de « théologien » entre guillemets il faudrait dire. Il ne s'est jamais voulu théologien, mais c'est un des grands défenseurs de la foi -le vieux titre du XVIeme siècle « defensor fideis », c'est tout à fait ça-. Et il est connu aux États-Unis, en Angleterre, dans tous les pays de langue anglaise vraiment comme le loup blanc, mais surtout pour ses oeuvres justement de défense de la foi. il y en a une qui s'appelle Mere Christianity -cela veut dire « L'Essence du Christianisme »- qui s'est vendu, je ne sais pas, à des millions et des millions d'exemplaires, et qui, non seulement s'est vendu, mais qui a vraiment nourri beaucoup les gens. Et il y a là tout un aspect de sont oeuvre vraiment important. Et enfin, il y a une oeuvre de fiction, dont les Chroniques de Narnia dont vous avez parlé et, mais, dans cette oeuvre de fiction vous avez aussi une trilogie de science-fiction, heu... La Planète silencieuse, Le Voyage à Vénus et Cette Force Terrible qui se passe sur terre qui est une, c'est de la science-fiction si l'on veut mais c'est plutôt, enfin c'est mi-science-fiction, mi-théologie si vous voulez...
Oui, parce que c'est ça qu'il y a d'intéressant chez Lewis c'est que toute son oeuvre de fiction est quand même baigné par la théologie, en particulier je pense à La Planète silencieuse, il y a une grande réflexion sur...
Oui, Le Voyage à Vénus c'est une réflexion sur le péché originel, alors si on dit ça comme ça ça risque d'être rébarbatif...
De décourager le lecteur.
Mais c'est une, l'évocation de Vénus, qui est la planète du plaisir, il reprend ces vieilles images -ça il les connaissait très bien par son métier- qui était très forte au Moyen-Âge encore.
Vénus la déesse de l'amour.
Oui, c'est la planète du plaisir avant le péché, avant que le mal ne s'y introduise, oui, c'est magnifique. Et puis il a écrit une troisième, enfin, ça fait Narnia, la trilogie, et il y a un roman qui s'appelle en français Un Visage pour l'éternité qui est une, qui est très très beau, peut-être le plus beau et qui raconte le mythe de Psyché; vu par Lewis d'une façon très originale...
Et donc sur une trame de science-fiction...
Oh, eh bien, c'est le mythe de Psyché que vous connaissez.
Oui.
... dans l'antiquité. Psyché qui est sacrifiée au dieu, dieu qui se révèle être le dieu de l'amour et la jalousie des soeurs. Mais ce qui est génial chez Lewis c'est que, c'est qu'il prend comme héroïne une des soeurs qui est loin d'être jalouse de la beauté de Psyché , et qui ne veut pas qu'elle aille vers le dieu. Alors il y a toute une série de péripéties, c'est très beau.
Alors vous disiez qu'il était chrétien, c'est un chrétien militant mais de quelle manière ?
Alors voilà, il était né dans une famille qui était conventionnellement protestante, enfin, je veux rien dire sur la sincérité de ses parents mais, au fond, cela ne l'avait pas tellement marqué, et il est très vite devenu athée, carrément athée, en particulier à cause de la souffrance, du mal. Sa mère est morte quand il avait 10 ans, il a fait la guerre de 14 alors qu'il s'était engagé, puisque les irlandais n'étaient pas mobilisés, c'était donc un engagé volontaire, mais enfin vous savez que la guerre des tranchées, que Tolkien a faite aussi, ça a vraiment terriblement marqué; alors, la conception d'un Dieu bon combiné avec ça, ça l'a, enfin, il est devenu vigoureusement athée. Et puis alors il a eu toute une recherche spirituelle et intellectuelle qui l'a ramené à la foi mais par un chemin très intéressant, parce qu'il a d'abord cru en Dieu avant d'admettre le Christ. Voyez... Mais ça, c'était quand il avait environ 30 ans déjà, donc il est reste 12, 12 à 13 ans complètement athée. Et... Tolkien a joué un rôle d'ailleurs pour lui faire comprendre ce que c'était le mythe chrétien, ce qui était très très important. Et alors il est devenu vraiment chrétien et à partir de là, Lewis qui était très pugnace, dès qu'il tenait à quelque chose d'ailleurs, il se mettait à défendre ce quelque chose, surtout si ce quelque chose était plutôt attaqué et dans les milieux universitaires anglais dans les années disons 30 du XXeme siècle, c'était pas le christianisme qui tenait le haut du pavé... Pourtant c'était encore théoriquement l'Église anglicane qui était une Église bien établie à l'époque, etc, mais... Enfin, il s'est mis à défendre le christianisme et son premier livre, qui est un livre... cela s'appelle Défense du Christianisme, de la Raison et du Romantisme.
Et ce qu'il faut bien dire, c'est que, on l'imagine professeur, professeur en Angleterre, une vie un peu austère, mais en fait c'est quelqu'un d'assez fantaisiste, d'assez amusant...
Il vivait une vie austère si on appelle une vie d'étude une vie austère, d'abord, il aimait beaucoup ça ; et d'autre part il faut voir Oxford et Cambridge d'ailleurs aussi ce sont des petites villes où il y avait une espère de vie de « communauté », si vous voulez: on descendait de son bureau pour aller au pub voisin... IL y a de très jolis pubs. Il y en a un d'ailleurs où ils se réunissaient tous les mardis pendant longtemps, autour de Lewis s'était fait une espèce de club dont faisait partie Tolkien... Un club informel -cela s'appelait les Inklings- qui a un rôle dans l'histoire littéraire anglaise. Ils se réunissaient dans un pub qui existe toujours, le « Eagle and the Child » qui, cela veut dire « L'Aigle et l'enfant », c'était Ganymède, c'était une vieille... Eux, ils appelaient ça le « Bird and Baby ». Et il y a aujourd'hui une plaque pour dire que Tolkien, Lewis et compagnie se réunissaient là et en fait, on savait qu'ils étaient là parce qu'on les entendait rire aux éclats.
Donc c'étaient plutôt des gens conviviaux.
Oh oui, non mais ils aimaient beaucoup rire ensemble et ça c'était tout de même très important, je crois, pour eux.
Merci Irène Fernandez.
  1. C. S. Lewis
  2. Narnia : Un conte de fée ?
  3. Narnia : La valeur du mythe
  4. Narnia : Un mythe chrétien ?
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