Stardust, critique d'Esdeo

L'attente pour cette adaptation était grande tant le roman est une réussite totale pour nombre de lecteurs. Faisant partie de cette catégorie de lecteurs, le résultat me semble clairement en-deçà de mes attentes ; mais il convient de tempérer cette affirmation en distinguant le film en tant que tel de l'adaptation.

Les deux heures de projection passent rapidement et de façon agréable, on ne s'ennuie pas ; le film est pertinemment rythmé, excepté peut-être au tout départ où l'histoire a du mal à se lancer. Les moments de bravoure et de cavalcade succèdent à des moments plus intimes voire intimistes, mais il se dégage par moment un esprit épique. C'est sans doute là que le bât blesse le plus si on considère ce film sous le jour de l'adaptation : cette tournure épique prend le pas sur l'approche magique du conte. Il était sans doute véritablement difficile de retranscrire cette atmosphère spécifique qui se dégage du roman, peut-être était-ce en outre moins vendeur. Quoi qu'il en soit, la bande annonce donnait finalement un assez bon aperçu de l'impression finale qu'on garde du film, surtout avec une fin aussi différente de celle du roman et autant tournée vers l'action. Mais rassurez-vous les moments intimes sont présents et la structure du conte, avec ses codes classiques, est respectée et cela contribue à renforcer une certaine originalité pour ce long métrage.

Et la magie ? Elément central du roman, elle est ici aussi présente mais est très visuelle voire brutale. En effet, c'est quasi-uniquement les sorcières qui s'y livrent, avec une grande débauche d'effets spéciaux, globalement réussis, de flammes et de lumière. Si cela renforce à coup sûr le côté malfaisant de ces sorcières, il n'en reste pas moins que la magie présente dans le roman se révèle plus diversifiée. Ici par exemple, point de nature enchantée ou d'autres peuples que les humains. Dommage. Heureusement, les pouvoirs de l'Etoile ou ceux utilisés par Tristan sont présents. Ainsi que les fantômes des Princes. Convaincants graphiquement, ils représentent aussi le ressort comique le plus abouti. Toutes leurs interventions sont très bien senties et les sourires dans le public étaient francs.

L'humour ... Autre élément essentiel du conte de Neil Gaiman. Il donc bien présent et entre l'aubergiste et le gardien du Mur, les rires ont parfois fusé dans l'assistance. Il lorgne parfois vers l'humour gore, notamment lors des divinations des sorcières, mais celui-ci est tout de même bien édulcoré par rapport au roman (une petite pensée pour la fin de la licorne). Toutefois, certains traits d'humour laissent parfois perplexes par leur côté pipi-caca (désolé pour l'expression mais cela colle très bien, vous verrez ...) ou par leur côté grand-guignolesque. Ainsi si le rôle de Robert de Niro s'avère savoureux dans un premier temps, il sombre ensuite dans le ridicule. De la même façon, on ne peut s'empêcher d'émettre quelques réserves envers Claire Danes qui surjoue par moments, mais convenons que ce n'est pas un rôle facile.

L'interprétation ne souffre pas de critiques majeures, les acteurs s'en sortant tous très bien dans des rôles la plupart du temps délicieusement excessifs.

Au final, Stardust, le Mystère de l'Etoile en tant que film est une réussite et mérite bien mieux que les piteux résultats du box-office américain. Mais en tant qu'adaptation, la déception est de mise. Ne crions pas au scandale, loin de là. Mais il manque cette atmosphère si particulière et bien difficile à définir qui fait le charme du roman.

Pages de l'article

1. Stardust, critique d'Alana Chantelune
2. Stardust, critique d'Esdeo