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La fantasy à un tournant de son histoire ?

Par Foradan, le samedi 8 avril 2006 à 02:23:48

Selon les professionnels de l'édition, la fantasy serait en train de suivre une étape majeure de son évolution. Plus de détails à suivre...

La place de la fantasy dans la littérature contemporaine

La Fantasy devient littéraire

Les romans comportant des éléments surnaturels trouvent un nouveau lectorat.

Parlons de la fantasy. En 2002, un auteur largement méconnu vend 50000 copies de son premier roman en première édition, et continue à être traduit dans 36 langues et engrange presque 3 millions d'exemplaires rien qu'en ventes américaines de livres reliés (NdT : hardcover). Le livre était l'histoire d'une fille assassinée, mais avec un tour particulier - c'est raconté par elle depuis l'au-delà, alors qu'elle observe sa famille et visite le Paradis.

Et ce n'est pas seulement une fille morte parlant d'au-delà du tombeau. Il y a un garçon sorcier au pensionnat, une quête à travers d'étranges pays pour défaire le mal, une île sinistre, pas-si-déserte-que-ça pleine d'exclus : il n'y a pas tant d'années, ils ont semblé être la matière si facilement rejetée de rêves d'enfants. Maintenant, ils sont reconnaissables comme la plupart des phénomènes de divertissements de la dernière décennie. Suivant le succès de la série télé Lost, au moins 5 nouveaux spectacles Tv à thème fantasy ont attrapé les ondes l'automne dernier. Les films et les jeux video reflètent une même attirance pour les cadres et histoires fantastiques. La Fantasy a conquis la culture populaire, et les succès continuent à bâtir la dernière frontière : la fiction littéraire.

Les romans comportant une fantasy prédominante ou des éléments surnaturels ont trouvé une audience nouvelle et avide dans le monde littéraire. Juste sur les talons d'Alice Sebold (NdT : La nostalgie de l'Ange), on trouve La femme du voyageur du temps d'Auffrey Niffenegger, Cloud Atlas de David Mitchell, Jonathan Strange & Mr Norell de Susanna Clarke et The Historian d'Elizabeth Kostova parmi des douzaines de titres.

Cette saison, les lecteurs littéraires cherchant un peu de fantastique dans leurs fictions n'auront aucun problème à en trouver. Rayo, la ligne d'intérêt Latino d'HarperCollins, a publié The Nymphos of Rocky Flats par Mario Acevedo en février, représentant un soldat Américain en Irak qui rentre chez lui en tant que vampire. Le mois dernier, Pantheon a livré l'un des romans les plus attendus de l'année, la parabole sur la fin du monde/l'au-delà de Kevin Brockmeier : The Brief History of the Dead. Le mois prochain chez Nan Talese, ce sera The Stolen Child de Keith Donohue, la double histoire d'une fée stupide et de l'enfant dont elle a pris la place.

Pendant des décennies, un grillage imaginaire mais réel a séparé les genres de science-fiction et de fantasy de la fiction littéraire, maintenu dès lors par quelques auteurs intrépides.

Harry Potter rencontre le New Yorker

La raison la plus évidente pour que les éditeurs pour soudainement commencer à mêler la fantasy avec la littérature de fiction était qu'il y avait une audience. Comment l'ont-il su ? Ce gamin sorcier qui a débuté en 1997 : Harry Potter.

Le phénomène Harry Potter joue un rôle, dit Brockmeier, dont le second roman pour enfants Grooves (HarperChildren's) est sorti le mois dernier. les adultes ont moins honte de lire des livres pour enfants.

Edward Kastenmeier, un rédacteur expérimenté chez Pantheon (et le rédacteur de Brockmeier sur The Brief History of the Dead) acquiesçe. Pendant longtemps, ces types de livres ont été relégués aux enfants et à la littérature de genre. Mais Harry Potter et le succès des films sur le Seigneur des Anneaux l'ont ouvert aux adultes, dit-il. Notre culture explore les marges littéraires plus que par le passé. L'exposition aux éléments fantastiques et technologiques dans nos vies quotidiennes a rendu les gens plus réceptif à ça dans la littérature.

Le New Yorker a participé à cette exposition. Toujours un repère des tendances littéraires, pendant des années, le magazine testeur a défini la fiction littéraire seulement en tant que fiction réaliste. Mais ce n'est clairement plus le cas. Le roman exquisément écrit de Brockmeier, prenant place 50 ans dans le futur, suit les vies de personnes défuntes piégées dans une mystérieuse cité, au long d'une chronique apparemment muette du voyage torturé à travers l'Antarctique d'une femme vivante. En fait, elle se révèle la seule survivante d'un fléau qui a balayé la planète. Malgré les éléments fantasy évidents, le New Yorker a publié la première partie du roman en 2003. Hormis Brockmeier, le magazine a publié des fictions fabulistes d'autres auteurs pendant des années, parcourant la gamme d'un ténor littéraire George Saunders au poids lourds de genre Stephen King.

Pour beaucoup, ceci est loin d'être nouveau. Le flou sur les frontières indique un retour vers une idée plus large de la littérature. De grands auteurs incorporent de la fantasy, de la science-fiction et de l'horreur dans leurs fictions depuis très longtemps,dit Tina Pohlman, directrice éditoriale de l'imprimeur Harcourt's Harvest. Mais elle concède, Je réalise que la littérature contemporaine mondiale tend à comparer la fiction littéraire avec le réalisme narratif, alors peut-être que c'est dans l'air du temps.

Dans l'air du temps, en effet. Pohlman a récemment raflé les droits en édition poche de trois livres bien accueillis avec un angle fantasy :la deuxième histoire courte de collection de Kelly Link Magic for Beginners (des zombies et un spectacle télé imaginaire, édité par Small Beer Press) ; le premier roman de Salavador Plascencia The People of Paper -des tortues mécaniques et des gens faits de papier, chez McSweeney) ; et le dernier roman de Lydia Miller Oh pure and radiant heart (voyage dans le temps et l'Extase, Doux Crâne). C'est presque une aberration, dit Brockmeier, que ces éléments étaient d'abord arrachés de la fiction littéraire. Aucun ne rejette le réalisme, mais il y a une plus grande ouverture à accepter la fiction fantastique comme une forme de littérature.

Kastenmeier, toutefois, voit ces derniers changements comme la marée. Ce qui est unique à notre époque est la fluidité des frontières entre genres, dit-il. Il y a toujours eu de la fantasy dans la littérature, et la littérature pour enfants était accepté comme telle, mais dorénavant nous voyons des gens incoporer des éléments de fantasy dans une littérature tendance sans être mis à l'index.

Explorer les marges.

Comme reflet de la montée de la fantasy et de la science-fiction dans la culture populaire, des auteurs connus tels que Michael Chabon, Jonathan Lethem, Aimée Bender, Colson Whitehead et Haruki Murakami ont reconnus les influences des livres de mystères, les comics, la SF et la fantasy. Les écrivains sérieux devaient cacher leurs passions de jeunesse, mais ce n'est plus le cas selon Kastenmeier. Beaucoup de ces auteurs ont grandi au milieu de littératures classique et de genre mêlées, y compris par des oeuvres d'Italo Calvino et Gabriel Garcia Márquez. Pour cette génération d'auteur, il n'y a pas de genre où l'on veuille s'enfermer. Pour certains éditeurs, cet affaiblissement des frontières profitera à la littérature de genre, grâce au portail créé par les récentes fictions « spéculatives ».

Le futur de la fantasy

Une fois accroché par les livres de Sebold, Niffenegger et Clarke, le lecteur risque de devenir un insatiable acheteur de fantasy, selon les éditeurs. Pour Gavin J. Grant, éditeur de Small Beer Press, le marché s'auto régule... si la SF et la fantasy deviennent en vogue, il y en aura beaucoup plus de livres vendus.

Ces auteurs non catalogués comme auteurs de genre ont su vaincre les réticences du lecteur ordinaire en ne portant pas d'étiquette, d'autant qu'avec un présent sombre, la SF fantasy permet une ouverture inaccessible à la littérature de fiction standard.

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