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En salles : Shrek 4, il était une fin !

Par Altan, le jeudi 1 juillet 2010 à 23:17:14

Dix ans d'évolution

Difficile de croire qu’il s’est écoulé près d’une décennie depuis que Mike Myers, Eddie Murphy et Cameron Diaz ont pour la première fois prêté leurs voix à Shrek, l’Âne et Fiona. Rejoints par Antonio Banderas dès Shrek 2, ces acteurs ont enchanté le public par leurs dons vocaux et leur brillante interprétation de personnages hautement décalés.
Mike Myers : «J’adore le message de ces films. Les leçons que Shrek y reçoit nous concernent tous. J’ai vécu là une très belle expérience d’acteur.» Shrek et sa bien-aimée ont considérablement évolué au fil de ces histoires qui les ont confrontés à quantité d’obstacles. Cameron Diaz : «Au départ, Fiona n’était qu’une petite Princesse, prisonnière au sommet d’une tour. Je l’ai vue mûrir, devenir une partenaire pour Shrek, une merveilleuse mère et une ogresse qui s’assume pleinement. Cela n’a pas été seulement un plaisir de la jouer, mais un honneur… et un stimulant.»
Les acteurs furent tous ravis de tenter une approche inédite de la saga. «L’idée de faire évoluer les personnages dans une «réalité alternative», de les amener à se redécouvrir mutuellement était brillante. Cela permettait de tout reprendre à la base et, par exemple, de faire du Chat Potté un animal domestique vaniteux, grassouillet, gâté pourri…», dit Banderas.
Totalement réinventée, la nouvelle Fiona donne à Cameron Diaz l’occasion d’exprimer une large gamme d’émotions. Shrek et elle étant pour la première fois séparés, leur histoire d’amour revêt une urgence inédite et acquiert une résonance sans précédent. «Je me souviens de mon intense désir de les voir à nouveau réunis», dit Eddie Murphy, «C’est le souvenir le plus fort, le plus émouvant que je garde de ce film. On se laisse tellement prendre par cette histoire qu’on en oublie qu’il s’agit d’un film d’animation.»

Shrek4

On l’appelle… Tracassin (Rumpelstiltskin)

La saga comptait déjà plusieurs crapules de haut vol comme Lord Farquaad, le Prince Charmant et la Méchante Fée. Inoubliables méchants auxquels il convenait d’ajouter, pour ce dernier épisode une ultime et plus haïssable canaille. «Mais comment atteindre un nouveau degré de vilenie?», se demande Walt Dohrn «Comment créer LE méchant le plus digne d’affronter Shrek pour la dernière fois?»
Les auteurs se tournèrent vers les contes de Grimm et jetèrent leur dévolu sur Tracassin, ce tentateur qui fait à la fille d’un meunier «une offre qu’elle ne peut refuser» sous peine de mort.
En créant leur propre Tracassin, les auteurs de Shrek 4 prirent le contrepied de leurs précédents méchants : «Farquaad, la Méchante Fée et le Prince Charmant étaient des personnages très éloquents», explique Dohrn. «Cette fois, nous avons opté pour un type assez minable, un filou, un escroc, un vrai rat… mais pas totalement dénué de charme.»
«Au départ, nous lui avons vaguement donné la dégaine d’un vendeur à la sauvette», indique le dessinateur Patrick Mate. «Le personnage a évolué, il a adopté quelque temps une apparence plus animale avant de redevenir humain. C’est une caricature échevelée de notre directeur artistique Max Boas, dessinée par Mike Hernandez, qui a finalement inspiré de look de Tracassin.»

Shrek 4

Il était une voix

Durant les séances d’enregistrement, dirigées par Mitchell, c’est Walter Dohrn qui prêtait sa voix à Tracassin (ainsi qu’à d’autres) à titre temporaire, pour donner la réplique aux comédiens. Son interprétation, très cocasse, influença en retour, le physique du personnage et, plus encore, sa conception. «En écoutant Walt sur ces tests, nous sommes tombés amoureux du personnage et de ce qu’il lui apportait», dit Jason Reisig, directeur de l’animation des personnages.
«Walt a donné vie à Tracassin grâce à son interprétation vocale», déclare Mitchell. Et Aron Warner de compléter : «C’était déterminant, compte tenu du rôle capital qu’il tient dans cette histoire.»
«À chaque projection d’une nouvelle bobine, nous étions pliés en deux», témoigne Gina Shay. «Walt avait une approche irrésistible, inégalable du personnage.» Les meilleures «répliques» de Tracassin sont de curieux petits bruits et soupirs incontrôlés qu’il émet lorsqu’il s’énerve, et qui font penser selon les circonstances à un cri de singe ou un bêlement de chèvre.
L’habillement de Tracassin n’est pas moins étrange. Avant de s’emparer traîtreusement du pouvoir, il arbore des tenues ternes et incolores, mais sitôt sur le trône, il se pare de blanc éclatant, rehaussé d’or et de rouge vif – le comble du mauvais goût. Ses perruques ne sont pas moins voyantes, et aussi variées que ses humeurs: «Il a une perruque «affaires», une perruque «jour de gloire» et surtout une perruque exprimant la colère et incitant ses interlocuteurs à la prudence», explique Gina Shay. «Tracassin est un méchant très savoureux», complète le superviseur des effets visuels Doug Cooper. «Roublard, charmeur, flamboyant, il est vraiment irrésistible.»

Le royaume Fort Fort lointain

Inscrire l’histoire dans une «réalité alternative» ne donnait pas carte blanche aux dessinateurs et décorateurs pour inventer une toute nouvelle esthétique. «C’était un vrai défi», se souvient Mitchell. «Nous désirions rénover le style tout en restant fidèles à l’univers de Shrek.» Mitchell, Cheng et Shay, ayant apprécié le travail du chef décorateur Peter Zaslav sur l’émission de Noël «Shrek the Halls», décident de recourir à ses talents ainsi qu’à ceux du directeur artistique Max Boas. «Dans «Shrek the Halls», on voyait pour la première fois la maison de Shrek et Fiona recouverte de neige», explique Mitchell. «Familière et pourtant différente… Cette image prouvait qu’il était possible de créer une réalité alternative pour les besoins de Shrek 4.»
Zaslav et Boas commencèrent par constituer un ensemble de références visuelles à partir des formes et couleurs clés des trois films antérieurs. «La première partie s’inscrit dans leur esthétique, quoique avec des couleurs un peu plus vives.» Mais dès que Shrek échoue dans le Royaume «alternatif», le style, les couleurs, les ambiances changent du tout au tout. Ce domaine féerique aux paysages verdoyants se transforme en une terre aride où prédominent les trois couleurs du fatidique contrat : l’or (couleur de l’encre avec laquelle il a été signé), le vert et le gris. «L’or est un motif dominant, associé à Tracassin puis à la totalité de l’environnement», explique Zaslav. «Le spectateur avait l’habitude de voir Shrek évoluer dans de belles et opulentes prairies couvertes d’arbres mais dans la réalité alternative, ce vert lumineux cède la place au jaune et à l’or.»
Tout ce qui brille n’est pas d’or, et tout ce qui est d’or ne brille pas : l’or de Shrek 4 est celui des feuilles d’automne, lorsque la nature commence à se décomposer. «Le ciel est chargé de nuages, les arbres se dénudent», explique Boas. «C’est un monde plus sombre à tous égards», poursuit Cheng, «car une bonne partie de l’action se déroule de nuit.» Tout espoir n’est pas perdu pour l’ogre, en dépit de l’isolement dans lequel il a été brutalement plongé. Après avoir renoué avec son vieux copain l’Âne, Shrek découvre en effet une clause du «contrat Tracassin» qui lui offre opportunément une «fenêtre» de 24 heures pour rétablir la situation.
Les auteurs ont aussi compensé la «noirceur» de ce monde nouveau en créant quantité de décors naturels et de personnages inédits apportant une note de gaîté et d’humour absurde, comme, par exemple, l’armée hautement décadente des sorcières de Tracassin et son extravagant palais, dont il sera question plus loin. Autre novation, plus décisive encore, Shrek 4 est le premier film de la saga réalisé en 3D stéréoscopique. «Le film tout entier a été conçu dans cette perspective», explique le directeur des effets visuels Doug Cooper. Et Zaslav d’ajouter : «La 3D nous a permis de donner une plus grande ampleur, un plus grand relief à l’univers de Shrek. Pour la première fois, nous avons pu construire certains décors en trois dimensions.»

Un nouveau royaume et de nouveaux sujets… de préoccupation

Le «monde alternatif» de Shrek est peuplé de personnages familiers que nous avons appris à aimer, et qui sont ici transplantés dans un contexte radicalement modifié. Pour préserver la continuité de la saga, il fallait, explique Aron Warner, que ces «personnages se comportent comme dans des circonstances ordinaires ; qu’ils restent fidèles à leur essence.» Ainsi, dès la première rencontre entre Shrek et l’Âne, nous retrouvons la tonalité usuelle de leur relation. Au-delà de leur nouvelle apparence, les personnages ont conservé leurs traits de caractère fondamentaux : l’Âne, devenu l’esclave des sorcières, n’a rien perdu de son enthousiasme naturel, tandis que le Chat Potté, bien que domestiqué et «enveloppé» à souhait, se montre toujours aussi finaud et rusé.

Shrek 4

Princesse, ogresse, épouse, mère… guerrière !

Shrek 4 accomplit l’exploit de transformer une princesse trop gâtée en une intrépide chef de guerre, bien décidée à libérer les ogres du joug de Tracassin. Fiona, qui rêvait seulement de devenir une épouse modèle, va échanger sa tiare contre un coutelas et une hache, et sa robe de dentelle contre un pourpoint de cuir et une armure. «Fiona assume ici son «ogritude» et dissimule ses formes», observe Jason Reisig, directeur de l’animation des personnages. «Tracassin est devenu l’objet de toutes ses haines, il a fait d’elle une meneuse. Cette princesse n’a jamais été une mauviette, mais rien ne laissait présager une telle mutation. Il nous fallait illustrer cette métamorphose tout en respectant la nature profonde de Fiona, par un savant dosage de mouvements et d’expressions.»
Dans cette histoire «alternative», Fiona a vécu toute sa jeunesse en captivité, persuadée qu’elle ne rencontrerait jamais le grand amour. Lorsqu’elle échappe finalement au Dragon, elle entame une nouvelle vie en prenant sous sa protection les ogres martyrisés par Tracassin, et en mettant toute son énergie à renverser ce dernier. Gina Shay : «Fiona reste pourtant, dans sa tête, une captive, qui a fermé son cœur à double tour. Shrek va devoir la libérer de cette prison intérieure, ce qui se révèlera plus difficile qu’il ne croyait. Le film contient quelques très jolis moments où Shrek et Fiona se disputent tout en essayant de comprendre ce qui les attire l’un vers l’autre. Cette attraction instantanée leur semble d’autant plus mystérieuse que Fiona n’a pas connu Shrek dans cette réalité alternative. Leurs chamailleries font penser à celles de ces très jeunes ados qui s’aiment, mais finissent par se taper dessus faute de savoir que faire de leur amour. Les animateurs ont très bien capté cela.»
L’expansion voulue du monde de Shrek incite tout naturellement les auteurs à créer de nouveaux ogres «moins sophistiqués que Shrek, qui a eu le temps de se domestiquer au contact de la société.» Au cours de ses pérégrinations, Shrek tombe sur un campement d’ogres. Là, il fait la connaissance du lieutenant de Fiona, le gigantesque (et malodorant) Brogosse auprès duquel il fait presque figure de minus. Parmi les autres personnages d’ogres figurent notamment le cuistot Gastro et la facétieuse Grétine.

De son côté, l’infâme Tracassin dispose d’une armée de sorcières, se répartissant en deux catégories : les courtisanes, qui se pavanent en son palais, et les patrouilleuses, affectées à la chasse aux ogres. Tracassin a aussi enrôlé un Joueur de Flûte, qui va hypnotiser les ogres et les mettre en transe pour les attirer hors de leur cachette. Cette parade, très élaborée, a été chorégraphiée par… Mickey Rooney qui a dirigé les évolutions d’une trentaine de danseurs pour la vidéo de référence destinée à l’équipe layout. «Mickey a fait de cette scène une petite histoire en soi, très artistique et follement divertissante», déclare Mitchell.

Shrek 4

Un palais royal sévèrement redécoré

On peut seulement se réjouir que le roi Harold et la reine Lillian n’aient pas vu leur beau palais médiéval transformé par Tracassin en un monument… de mauvais goût. «Ce palais est un des décors les plus élaborés de toute la saga», déclare Peter Zaslav, qui superposa à l’original une série de motifs ovales inspirés par le profil du carrosse de Tracassin. Et d’expliquer : «Les méchants possèdent généralement des contours anguleux. Ils évoluent dans des environnements qui leur ressemblent, pleins d’aspérités et d’arêtes vives. Nous avons pris ici l’exact contrepied de la tradition en entourant Tracassin de toutes sortes de courbes et sinuosités.»
On retrouve celles-ci à l’intérieur du palais, où prédominent l’or, le blanc lumineux, le rouge et le bleu lavande. Le décor abrite un salon VIP, un dancing disco (avec sa traditionnelle boule à facettes) et des alcôves où les sorcières se rassemblent pour faire la fête et danser. «Tracassin aime s’amuser», souligne Boas. «La piste de danse de sa discothèque répand des flashs orangés réglés sur les pulsations de la musique, et le spectateur découvrira que ces lueurs sont en réalité… les flammes crachées par un dragon dissimulé au sous-sol.»

Les effets visuels

Le palais était un décor tout désigné pour deux des scènes de Shrek 4 présentant le plus de défis visuels : la Chevauchée des Sorcières et la grande bataille finale.
Dans la première, Shrek doit prendre le contrôle d’un balai qui l’entraîne malgré lui à travers l’immense palais, tandis qu’une bonne douzaine de sorcières, lancées à ses trousses, le bombardent de citrouilles explosives. Cette première «leçon de conduite» est encore compliquée par la présence, aux côtés du «pilote» novice, de son vieil ami, l’Âne. «La caméra est exceptionnellement mobile et dynamique durant toute cette scène», explique Doug Cooper, directeur des effets visuels. «La 3D posait en outre quantité de problèmes d’éclairage et d’intégration des personnages à un environnement de grande ampleur.»
L’affrontement final met aux prises l’armée des ogres, Shrek, Fiona et leurs amis d’un côté, Tracassin et ses sorcières de l’autre. Cette scène a été la plus complexe du film en matière d’animation. Il fallait en effet y coordonner les évolutions de plusieurs centaines d’ogres brandissant haches, chaines et boucliers, et de dizaines de sorcières volantes larguant leurs citrouilles explosives. L’accessoire vedette de la scène est la fameuse boule disco, que Tracassin vient tout juste d’accrocher au plafond du dancing, sans se douter qu’elle constitue le «cheval de Troie» des ogres. En effet, des centaines d’entre eux se sont agglutinés les uns aux autres, formant avec leurs boucliers rutilants une sphère compacte et scintillante. Sur un signal de l’Âne et du Chat Potté, les boucliers s’écartent, et la boule explose littéralement, révélant la troupe des ogres, lourdement armée et prête à en découdre! L’effet, d’une grande sophistication, a nécessité une étroite collaboration entre les équipes Animation et Effets visuels, cette dernière se chargeant de chorégraphier le début de la scène – l’ouverture de la boule – avant que l’équipe Reisig prenne la relève, suivie de celle des «animateurs de foules».

Shrek 4

Et ils vécurent longtemps heureux…

Ainsi s’achève la saga de l’ogre vert, qui débuta en 1995, lorsque Jeffrey Katzenberg et son équipe de DreamWorks Animation entamèrent le développement du conte de fées déjanté de William Steig. Quatre longs métrages, dont un couronné de l’Oscar du meilleur film d’animation, deux émissions spéciales (dont une en chantier), une comédie musicale à Broadway, des attractions de parcs à thèmes, une myriade de récompenses, un personnage adulé à travers le monde entier… tel est aujourd’hui l’héritage Shrek.
«C’est un bilan extraordinaire», observe Cameron Diaz. «Shrek, l’Âne, Fiona et le Chat Potté ont offert au public un cadeau dont ils peuvent être fiers. Pour ma part, je suis immensément fière d’avoir été du voyage.»
Le dernier défi de Shrek aura donc été de sauver une fois de plus le Royaume Fort Fort Lointain, de reconquérir Fiona et de se montrer digne de son amour. C’est à ce prix qu’il se retrouvera lui-même et sera vraiment digne, comme tout héros de conte de fées, de vivre une longue et heureuse vie…

  1. La genèse du projet
  2. Les personnages
  3. Dix ans d'évolution
  4. Des extraits vidéos et making-of
  5. La critique d'Aléthia

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