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Le Complot de l'engrenage

Tome 1 du cycle : Willy & Fenrys
ISBN : 978-221516612-2
Catégorie : Jeunesse
Auteur/Autrice : Johan Héliot
Dessin : Artemisia

Willy, un tigre sorcier blanc rejeté par les siens, espère trouver à Mékanya, la grande cité de verre et d’acier, anonymat et sérénité.
Mais c’est sans compter le destin, qui a d’autres projets pour lui !
Car Willy est à peine arrivé qu’il est obligé de s’associer à Fenris, un guerrier loup, pour enrayer un attentat et sauver la vie de deux ambassadeurs venus ici signer un traité de paix.
Problème : Willy et Fenris se sont détestés au premier regard, et les voilà bientôt eux-mêmes victimes des comploteurs !
Désormais en cavale, nos deux héros vont devoir allier leurs compétences et apprendre à se faire confiance s’ils veulent sauver Mékanya, mais aussi la belle Léona…

Critique

Par Luigi Brosse, le 16/02/2022

Le premier tome de Willy et Fenris se base sur un concept original, celui d’intégrer des planches de BD pour remplacer certains moments-clés de l’histoire. L’idée est d’utiliser les dessins comme appât ou comme récompense pour encourager le jeune lecteur à lire. Expérience domestique à l’appui, le résultat escompté semble être atteint. Pourtant tout n’est pas réussi pour autant.
Commençons tout d’abord par les points positifs. L’objet livre lui-même est magnifique : une solide couverture cartonnée, un format A5 qui n’est ni trop grand, ni trop petit pour un enfant, un fort papier pour les pages, une belle mise en page aérée et une police très lisible pour bien débuter. Cela coche beaucoup de cases pour en faire un beau cadeau à offrir pour un enfant qui commencerait à lire tout seul. On peut également ajouter que l’impression des cases de BD est faite sur le même papier que le texte. Les illustrations ne sont donc pas glacées (comme dans une BD classique), mais la couleur ressort bien, avec un joli rendu un peu mat. Il n’y a vraiment rien à reprocher à la qualité de l’ensemble.
Cependant, si on se glisse dans les chaussures du public ciblé, il y a plusieurs points qui posent un peu problème. On peut ainsi souligner un langage dans l’ensemble assez simple, mais émaillé en plusieurs occasions de mots qui clairement risquent de ne pas être compris par un enfant de 8 ans (et il n’y a pas de lexique présent en fin d’ouvrage pour que cela soit à but pédagogique). De même, on pourrait reprocher aux épisodes de BD de s’insérer de manière abrupte dans le fil du récit, demandant un certain effort d’abstraction pour créer le pont mental entre ce qui est écrit et de qui est montré. C’est aussi le cas entre certaines cases, l’action progressant parfois un peu vite par rapport au reste du récit. Ce n’est pas forcément très agréable, même pour un adulte.
Du coté des illustrations, la mise en couleur est plutôt bien réalisée. La découpe des cases est visuellement réussie et s’intègrent bien au texte. En revanche, les bulles (ainsi que le texte dedans), de même que les onomatopées et autres sons retranscrits ne sont pas vraiment plaisants à l’œil, on pourrait même dire que c’est assez basique parfois. De même, malgré les efforts faits pour rendre les animaux anthropomorphes, on sent une certaine rigidité dans les postures, une certaine absence de naturel dans les expressions faciales de nos amis à fourrure.
Rentrons à présent dans les aspects vraiment négatifs avec le scénario. C’est assez simple, le quatrième de couverture vous l’a déjà exposé dans sa quasi-entièreté. Non content de tenir sur un sous-bock (après tout, il s’agit d’un roman de moins de 100 pages), les péripéties se révèlent vraiment peu inspirées (voire répétés ad nauseam) et les deus ex pleuvent à foison. Pour vous donner une idée de l’absence d’originalité, la couverture montre un monstrueux gorille mécanique ; je vous laisse imaginer dans quelles circonstances il va s’insérer dans l’histoire (soupir). Heureusement, les deux derniers chapitres (sur huit) sont un brin plus ambitieux, mais cela reste peu folichon.
Du coté des thématiques, il y aurait eu moyen de creuser un peu la réflexion sur la différence et l’acceptation de l’autre, avec un tigre albinos rejeté par les siens, ou encore d’aborder la difficile tâche de négocier la paix entre peuples (qui aurait pu être une fantastique toile de fond pour le roman). Malheureusement, il n’y aura rien de tout cela. Même parler de vernis semble exagéré quand tout du long, nos héros utilisent la force (mentale ou physique) pour dominer leurs ennemis, tandis qu’ils passent leur temps à se donner de tendres surnoms comme « matou mité » ou encore « mon minou ». Les voir finalement se serrer la main, dans les toutes dernières cases, semble, à tout le moins, peu crédible et mal mis en scène.
L’univers aurait également pu être une bonne surprise : différents peuples animaux, de la magie, ainsi que de la technologie façon steampunk. Malheureusement, cela reste à l’état de concepts. On ne peut même pas vraiment parler de décors en carton-pâte, tellement tout sonne juste vide. Peu de détails, peu d’explications, et on tiquera également devant certaines erreurs / maladresses en ce qui concerne les distances, les vitesses et la cohérence interne de l’univers en général (le « c’est magique » a bon dos). Cela passera peut-être inaperçu pour un jeune lecteur, mais cela n’en reste pas moins dommage pour un auteur de la trempe de Johan Heliot.
Au final, on ne peut raisonnablement pas recommander les aventures de Willy & Fenris. C’est regrettable car l’écrin est très réussi et l’idée d’unir texte et BD intrigante. Néanmoins, l’adage qui dit qu’on ne doit pas juger un livre à sa couverture est justifié, pas forcément dans le sens où on l’attendait.

4.0/10

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