Vous êtes ici : Page d'accueil > Fantasy > Romans Fantasy > Downlands


Downlands

ISBN : 978-234406876-2
Catégorie : Bd
Traduction : Patrice Louinet (Proposer une Biographie)
Auteur/Autrice : Konyu, Norm

Chaque village a ses histoires – celles des vivants et celles des morts.
James Reynolds, 14 ans, habite dans un petit village du sud de l’Angleterre. Après le décès soudain de sa sœur jumelle Jennifer, il demeure hanté par ses dernières paroles : elle aurait aperçu un terrifiant chien noir peu avant de mourir. Or dans le folklore local, l’apparition de cette créature est considérée comme un présage funeste.
Avec l’aide d’une vieille voisine, Mme Walker, que les enfants du village surnomment craintivement « la sorcière », James se plonge dans l’histoire locale, et part à la découverte des légendes, croyances et faits divers des hameaux avoisinants. Ses investigations le mèneront bien au-delà de ce qu’il aurait pu imaginer…

Critique

Par Gillossen, le 12/05/2025

Premier album publié en France signé Norm Konyu, Downlands a tout de l’œuvre singulière, à la croisée du fantastique, du récit d’apprentissage, voire de la chronique rurale, si l’on s’en tient à la petite village de campagne qui lui sert de cadre. Il mêle folklore anglais (fantômes, apparitions, malédictions…) et réalisme très contemporain, pour un résultat qui épate par sa maturité.
L’histoire débute dans un petit village du sud de l’Angleterre, lorsque James Reynolds, adolescent discret, perd brutalement sa sœur jumelle, Jennifer. Peu avant sa mort, elle disait avoir vu un “chien noir” », lolosse mythique censée annoncer la mort. Accablé par ce souvenir, incapable, fort logiquement, de s’en remettre vraiment et obnubilé par ce chien noir, James se lance dans une quête à première vue solitaire.
Ce point de départ pourrait sembler classique, et il l’est, mais la force de Downlands réside dans les émotions que l’auteur fait naître, la revisite des classiques justement. Le surnaturel y fonctionne comme une métaphore du deuil, sans jamais devenir l’axe principal du récit. 
Le trait de Norm Konyu intrigue de prime abord par sa simplicité : des visages aux yeux réduits à de simples points, des silhouettes épurées, presque schématiques. Mais cette économie de moyens cache une indéniable virtuosité dans la composition, la couleur, le rythme. L’auteur maîtrise les codes de la bande dessinée aussi bien que ceux de l’illustration jeunesse ou de l’animation (dont il est issu), et construit des planches d’une belle richesse visuelle.
L’usage de couleurs pastel contribue largement à l’atmosphère du récit : des teintes froides pour les scènes contemporaines, plus vives et contrastées pour les souvenirs, les légendes ou les visions. Les échos du passé remontent à la surface au gré de chapitres courts, dans une narration fragmentée mais toujours lisible, avec des effets de style jamais gratuits, à l’image d’un certain accident de la route.
L’un des atouts majeurs de Downlands se trouve précisément dans ces liens entre le présent et un passé toujours bien là, même chez ceux qui font semblant de détourner le regard sur les souvenirs : le chien noir, les figures anciennes, les récits de la vieille voisine présentée comme une sorcière, tout cela est donné au lecteur comme un matériau brut, un fil rouge empreint de légende. James, le jeune héros, progresse dans une enquête qui représente surtout un chemin vers l’acceptation. Ne cherchez pas de génie du Mal aux plans machiavéliques. La relation entre James et avec Mme Walker permet d’amorcer cette reconnexion avec un passé plus ancien que sa propre douleur. Les adultes sont absents, ou dépassés ; les enfants, eux, entendent encore les voix des victimes de la folie des uns et des autres, ou d’un simple coup du sort.
Avec Downlands, Norm Konyu signe un récit mélancolique, intelligemment construit et visuellement accrocheur. Si l’élément fantastique y reste discret avant le grand final vers lequel on se dirige au fil de petits cailloux savamment semés, le tout sert un propos profondément humain sur la perte, l’histoire et les liens que l’on tente de préserver face à l’oubli.
Un album cartonné de 300 pages tout de même, sans une de trop, et qui mérite largement d’être découvert sur le fond comme sur la forme.

Discuter de Downlands sur le forum.



Dernières critiques

Derniers articles

Plus

Dernières interviews

Plus

Soutenez l'association

Le héros de la semaine

Retrouvez-nous aussi sur :