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Babel

ISBN : 978-237876358-9
Catégorie : Aucune
Traduction : Michel Pagel
Auteur/Autrice : R.F. Kuang (Proposer une Biographie)

Nommé au prix Elbakin.net 2024 du meilleur roman de fantasy traduit

1828.
Un jeune orphelin chinois est recueilli à Canton par un professeur et conduit à Londres. Rebaptisé Robin Swift, le jeune garçon consacre ses journées à l’étude des langues dans l’optique d’intégrer le prestigieux Institut royal de traduction de l’Université d’Oxford, plus connu sous le nom de Babel. Berceau de l’argentogravure, les étudiants y exploitent le sens perdu des mots à l’aide de barres d’argent enchantées.
Dès ses premiers jours à Oxford, Robin prend conscience que ces travaux confèrent à l’Empire britannique une puissance inégalée et servent sa soif de colonisation, au détriment des classes défavorisées de la société et de ses territoires. Servir Babel revient donc à trahir sa patrie d’origine.
Peut-il espérer changer Babel de l’intérieur ? Ou devra-t-il sacrifier ses rêves pour faire tomber cette institution ?

Critique

Par K, le 28/12/2023

Deuxième roman de R.F. Kuang paru en français après La guerre du pavot, Babel, édité par De Saxus, s’est fait remarquer en remportant de nombreux prix Imaginaire, dont le Nebula et le Locus. 
L’intrigue se déroule dans le Royaume-Uni des années 1830, lors de l’apogée de l’Empire britannique. Un empire quelque peu particulier car si la description de ses mœurs et modes de pensée ne surprendra guère le lecteur accoutumé à cette époque, les sources de sa puissance sont tout autre. L’originalité de Babel repose en effet sur son système de magie : l’argentogravure. Des barres d’argent enchantées, ornées chacune d’un mot gravé dans deux langues différentes. Car, et c’est tout l’aspect brillant de la trouvaille, la magie de Babel repose sur les nuances entre les sens, les traductions, sur les subtiles différences entre les langues et la polysémie. Plus précisément, la magie de l’argentogravure consiste à exploiter la difficulté de toute personne ayant déjà buté contre une version :  elle produit comme effet le sens perdu lors du passage d’une langue à une autre. Plus celles-ci sont éloignées, plus l’effet en est efficace et l’on découvre avec un plaisir certain les appariements effectués par l’auteur. 
Toute la puissance de l’empire britannique reposant sur son contrôle de l’argent et son usage des langues, des jeunes gens originaires de pays colonisés ou étrangers se retrouvent exploités pour leur maîtrise de leur langue maternelle et amenés à travailler au sein de l’institut royal de traduction de l’Université d’Oxford : Babel. 
R.F. Kuang dépeint à ce sujet avec bonheur l’ambiance des recherches et études universitaires littéraires ce qui ne sera pas sans rappeler quelques souvenirs à certains. La description d’Oxford même, malgré quelques libertés prises par l’auteur pour les besoins du roman, se veut autant que faire se peut fidèle retranscription de ce qu’elle était au début du XIXème siècle. C’est dans ce cadre qu’évolue le personnage principal et narrateur, Robin Swift, jeune garçon chinois de Canton et étudiant de Babel, plongé dans la société britannique et bourgeoise, au cœur même de la puissance impériale. C’est en effet de l’impérialisme, des relations entre colonisateurs et colonisés qu’il sera question tout du long de cet ouvrage, au premier comme en arrière-plan. 
Reposant - outre son système de magie particulièrement original - sur des personnages attachants apportant finesse et  nuance à une trame pouvant autrement sembler relativement convenue, Babel constitue au bout du compte une lecture hautement recommandable, qui plaira sans nul doute à tous ceux aimant jouer avec mots et langues.
Un mot tout de même sur l’édition française au passage : entre une carte beaucoup plus sombre que dans la version originale, une tranche qui ne semble pas appelée à supporter les affres du temps, ainsi qu’un jaspage qui bave sur les doigts, on ne peut que faire la moue devant le travail de De Saxus, qui ne se prive pourtant pas de vendre ses livres au prix fort… 

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