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Entretien avec R. Scott Bakker !

Par Thys, le jeudi 12 janvier 2006 à 08:29:29

Alors que le troisième et dernier tome de sa trilogie Le Prince du Néant s'apprête à sortir dans quelques jours maintenant dans les librairies américaines, et que nous, francophones, attendons déjà avec une impatience certaine la sortie du second chez Fleuve Noir, voici pour vous la traduction d'un interview tout récemment accordée par l'auteur !

Interview de R. Scott Bakker

Cher Mr. Bakker,

Laissez-moi tout d'abord vous remercier de prendre du temps sur votre emploi du temps certainement chargé pour répondre à ces questions. Mais, avec la sortie imminente de The Thousandfold Thought vos fans sont très excités à l'idée de vous entendre en parler en personne.

Etant donnée la complexité de vos personnages, y en a-t-il un en particulier que vous aimez/avez aimé écrire ? De la même manière, y en a-t-il un à propos duquel vous n'aimez pas du tout écrire ? Pour quelle raison ?

Il n'y a personne au sujet duquel je n'aime pas écrire – chacun d'entre eux relève ses propres défis à des moments précis. Kellhus est le plus dur, simplement parce qu'il est difficile d'écrire de manière convaincante un personnage si intelligent. D'autres, comme Cnaiur, oscillent entre une extrême difficulté et des moments où ils s'écrivent tout seuls. Je pensais qu'il allait être le plus difficile (après Kellhus évidemment) dans The Thousandfold Thought mais grâce aux Melvins et aux Lustmord, il a fini par s'écrire tout seul. Conphas est mon favoris. Parfois je suis mort de rire en écrivant ses chapitres.

Quelle est votre force en tant qu'écrivain/conteur ?

C'est une question difficile parce que j'ai l'impression d'avoir encore beaucoup à apprendre. Je pense que ma force est que je me pose des défis explicites à moi-même – des défis extrêmes parfois. Pour chaque scène, je me demande toujours ce que je veux que mes mots fassent. La plupart du temps, je n'atteins pas mes buts, parfois je les atteins, et il y a de rares fois – comme avec une scène que j'appelle Esmenet's Song dans The Thousandfold Thought – je m'assieds et pense « Je n'ai pas pu écrire ça... »

Quel auteur admirez-vous ? Il y a beaucoup d'auteurs fantasy qui ne lisent pas beaucoup de fantasy. Est-ce que c'est aussi votre cas ?

Il y a des années, je lisais de tout, mais à mesure que je progressais à l'université, je suis devenu de plus en plus dépendant des « textes primaires ». J'ai perdu la faculté de lire pour le plaisir, mais je pense que je suis lentement en train d'en guérir. Dans le genre, celui que j'admire le plus est probablement George RR Martin, pas seulement pour ses talents de conteur, mais parce que ses livres me font réaliser que mon petit hobby – écrire de la fantasy complexe – pourrait très bien marquer les lecteurs. Lire ses livres a été une révélation. Plus récemment, j'ai fini House of Leaves de Mark Danielewski qui est brillant.

De nombreux critiques et puristes de la fantasy épique vous considèrent maintenant comme l'un des meilleurs auteurs du monde. Cela rajoute-t-il une pression supplémentaire lorsqu'il faut écrire un nouveau chapitre de la série ?

Ca devient. Difficile. De respirer...

C'est fou. Vous êtes sérieux ?

Bon, tout d'abord, vous devez savoir que je n'écris pas de fantasy – seul les littérateurs écrivent de la fantasy. Mes livres traitent du triomphe de l'esprit humain, ce qui s'avère être tout ce que vous pourriez trouver dans La Roue du Temps...

Tiens. Vous voyez les dégâts que vous avez causé ?

Sérieusement, je me suis mis à flipper parfois. Je ne suis pas la personne au monde la plus solide psychologiquement parlant. Je me fais l'effet d'un imposteur en répondant à de telles questions, et je sais que cette casquette est trop grande pour moi. J'ai enduré quelques moments de dépersonnalisation et de déréalisation...selon le jargon.

Mais lorsqu'une histoire me prend – je ne sais pas trop comment l'expliquer – les vieilles priorités s'imposent d'elles-mêmes on dirait. La grande tentation, lorsque vous commencez à être reconnu, est de se mettre à écrire pour vos critiques, ce qui peut avoir de désastreuses conséquences. On écrit pour ses lecteurs. Ce n'est pas si simple, mais c'est à ça que je m'attache.

Sans compter que The Thousandfold Thought met la barre assez haut. Ecrirez-vous The Aspect-Emperor différemment maintenant que vos talents d'écritures ont atteint (à mon avis) un autre niveau de qualité ?

Merci, Pat. Je pense que mon écriture est devenue plus forte avec chaque livre, et j'espère mettre ces nouveaux talents en œuvre dans The Aspect-Emperor. Je suis excité à cette idée, d'abord parce que l'intrigue est tellement plus importante – tellement plus (pas de grognement, merci) Tolkiennesque. L'histoire est toujours la même que lorsque je l'ai conçue il y a 20 ans, mais alors je désespérais de jamais réussir à lui rendre justice (après si longtemps, le scénario de The Second Apocalypse m'apparaît avec une sorte de fétichisme religieux), je sens maintenant que j'ai les outils pour le faire.

Mais lorsque je pense au Prince du Néant, je m'inquiète parfois. Malgré tous les défauts, ça m'a hérissé tout du long, ça m'apparaît comme un monument, comme quelque chose d'iconique. Cela a une magie particulière, comme un sort qu'un auteur ne peut espérer jeter plus d'une fois dans sa vie. C'est comme ça que ça m'apparaît.

C'est assez mélodramatique, n'est-ce pas ?

Qu'est-ce qui vous a semblé le plus dur dans l'écriture du Prince du Néant ? Chaque nouveau volume ajoute plus de profondeur à un cycle qui a déjà montré sa richesse et sa complexité. Quelle a été l'étincelle qui vous a poussé, au début, à écrire cette série ?

Je pourrai vous parler encore et encore de cette complexité. J'ai passé tant de temps à installer des choses dans ce monde et cette histoire – ça me semble presque géologique quand j'y pense. La trame vient d'une tentative de « faire quelque chose » de tout le travail que j'ai fait pour mes campagnes de Donjons&Dragons dans les années 80. L'histoire s'est construite autour du personnage de Kellhus qui est né de la plus grosse révélation de ma première année de fac en 1986 : la réalisation que les systèmes de croyances sont plus un produit de la fonction sociale que de la « vérité ».

Lorsque l'on est dans un système de croyance donné, les affirmations canoniques semblent toujours une évidence, à tel point que nous les utilisons comme des repères pour d'autres systèmes de croyance, tout en restant conscient du fait que d'autres font exactement la même chose avec la même conviction. Il semble que nous oubliions qu'avoir une conviction, peu importe qu'elle soit mélancolique, significative ou rédemptrice, est autant indicateur de tromperie que d'exactitude. L'ignorance est invisible, après tout. Merci aux mécanismes psychologiques tels que la confirmation partiale, l'attribution d'erreur fondamentale et l'auto-exceptionnalisme, nous sommes assez satisfaits avec la notion embarrassante que par chance nous sommes arrivés dans le seul vrai système de croyance. Et pourquoi pas, lorsque c'est le seul repère que nous ayons ? Tout le reste est insuffisant. Ceux qui n'en font pas partis sont jugés déficients.

Lorsque l'on considère le rôle pivot que joue la conviction sur les actes et la manière dont les systèmes sociaux dépendent de la répétitions d'actions interdépendantes pour exister (si tout le monde commence à faire des choses différentes en même temps – tels que les employés des transports de New-York décidant de rester devant la télé plutôt que d'aller travailler – la société s'effondre) alors vous pouvez voir que la fonction principale des systèmes de croyance est de conserver les actes, pas d'être « vrai ». C'est pourquoi les systèmes sociaux s'effondrent lorsque la foi en eux disparaît, ce qui est ce qui s'est passé dans l'ancienne Union Soviétique.

Etant donné cela, je me suis demandé à quoi un artiste martial qui utilise la fonctionnalité de conviction aussi bien que son épée et ses mains ressemblerait, et j'ai fini avec Kellhus.

Si vous aviez le choix, préféreriez-vous être bestseller du New York Times ou remporter un World Fantasy Award? Pourquoi ?

Je prendrais le bestseller du New York Times, parce qu'alors, je pourrai me payer un World Fantasy Award – peut-être même deux ou trois. Je voudrais partir de ce petit appartement crasseux, acheter un écran plat, et ça serait sympa d'avoir une voiture avec un autoradio, mais à part ça, ma préoccupation principale est d'être lu. Mon but est de me confronter à autant de personnes que possible : je pense vraiment que nous entrons dans une phase de l'histoire dans laquelle nous allons avoir besoin d'autant de flexibilité conceptuelle que possible. Et si je peux faire passer quelques exercices d'accroissement philosophique, j'aurai pris part à la solution, je pense.

Je mentirai en disant que je n'étais pas curieux à la perspective de remporter des prix – oui, j'ai été assez vain pour penser que j'avais une chance – mais lorsque Autrefois les Ténèbres n'est même pas renté dans la liste pour les Sunburst Awards, ici, au Canada...Mon agent m'avait prévenu : la fantasy épique ne remporte pas les prix importants. Je voudrai l'ajouter à la craie au complexe d'infériorité que font les écrivains fantasy. Il semble parfois que les récompenses vont à ceux qui ajoutent des éléments fantastiques au format littéraire, et bien sûr, j'essaye de faire tout le contraire. Mais c'est une justification flatteuse.

Peut-être simplement que mon travail n'est pas assez bon.

De toutes manières, la vie est une question d'honneur, pas d'honneurs. Donc, le cliché persiste.

Avez-vous progressé dans Neuropath ? Que pouvez-vous nous dire sur les prémisses de l'histoire ? Y a-t-il quelque chose de neuf que vous voudriez partager avec vos fans ? Quelque chose pour leur ouvrir l'appétit...

Je travaille sur la réécriture, et je devrais avoir quelque chose à donner à mon agent vers février. Sur de nombreux points, je fais la même chose qu'avec Le Prince du Néant, j'embrasse le genre, racontant un thriller classique, pour explorer ses significations depuis l'extérieur.

J'ai un bonne impression à propos de ce livre.

Quelles recherches avez-vous dû faire pour écrire Le Prince du Néant ?

Ce n'était pas tellement le problème de faire des recherches spécifiques – comme j'ai fait pour Neuropath par exemple – puisque j'ai passé 20 ans en tant qu'étudiant et junkie de l'information. Je m'intéresse à tout. En dehors de la philosophie, je suis aussi superficiel qu'une patinoire.

La série est devenue culte pour de nombreux fans, mais certains doutent qu'elle devienne un jour un classique. En gardant cela à l'esprit, est-il gratifiant de réaliser le succès passé et présent de la série ?

C'est probablement trop difficile de devenir aussi culte que Martin ou Jordan. Tout ce que je sais c'est que cela a déjà dépassé mes prévisions pessimistes du début. J'ai des regrets, surtout à propos des difficultés avec Autrefois les Ténèbres, parce que je sais qu'elles résultent en grande partie de mon immersion dans le monde et mon inexpérience de conteur. Mais le fait est que je paye mon loyer, tous les éditeurs sont très contents des chiffres, et les gens qui apprécient les livres les aiment vraiment. Espérer plus est compréhensible, mais attendre plus serait présomptueux et trompeur. J'ai commencé à travailler dans les champs lorsque j'avais 9 ans, j'ai réussi à aller à l'université en travaillant la nuit dans une épicerie pendant 14 ans. Droguerie était mon second prénom. Actuellement, ma vie s'est calmée – je le sais mais je ne veux pas anticiper.

Je sais que Autrefois les Ténèbres a été traduit en Français. Combien de ventes à l'étranger avez-vous fait pour le moment ?

Hmm. Comme c'est aussi traduit en Espagnol, Allemand, Polonais, Tchèque, Roumain et Russe, je crois que je m'en tire pas mal pour un nouveau venu.

Le fait que vous ayez votre propre forum sur Internet nous indique que vous accordez de l'importance à l'échange avec vos lecteurs. Comment est-ce d'avoir la chance d'interagir directement avec vos fans ?

C'est très cool, mais je mentirai si je ne vous disais pas que ça a été inégal. Le web est un endroit précaire pour un auteur. Si vous saviez que deux personnes chuchotaient à votre sujet dans la pièce voisine. Que feriez-vous ? Les ignoreriez-vous en continuant à faire ce que vous faisiez ou retiendriez-vous votre respiration pour essayer d'entendre ce qu'elles disent ? Je pense qu'il est dans la nature humaine de choisir la dernière option, même s'il y a quelque chose de malsain là-dedans. Le web est un chuchotement géant, et lorsque vous avez tendu l'oreille pour écouter, il devient très difficile d'arrêter. Dans mon cas, en tout cas, c'était devenu une sorte de pollution sonore psychique, et cela interférait avec la clarté qui est tellement nécessaire à mon écriture. Le problème est que plus je me connecte, plus je succombe à la curiosité morbide à propos de cette vox populi – même si après coup, ça me fait l'effet de m'enfoncer moi-même des aiguilles.

Il y a des gens qui ne m'aiment vraiment pas.

D'un autre côté, l'interaction actuelle n'a pas de prix – il n'y a pas de meilleur moyen de vous faire une idée sur un sujet que d'en débattre sur un forum. Et puis, il y a l'envie de rendre quelque chose aux gens qui passent une partie de leur vie – parce que c'est ce qu'est l'argent : ce que nous récoltons en cédant une partie de nos vies sur des chaînes de montage, des cuisines, des autoroutes, ou quelque soit votre occupation – à partager vos pensées et vos histoires. Et le web est l'endroit idéal pour faire cela, même si vous passez votre temps à vous répéter, que vos lecteurs ne cessent de souligner les détails que vous avez manqué, les erreurs que vous avez faites, ou semblent penser que vos excès imaginatifs offrent des indices sur votre vie sexuelle ou psychologique ou...

Autant dire qu'il faut rester honnête !

Etes-vous surpris par le peu de support que vous avez reçu des médias Canadiens ? Steven Erikson et vous êtes parmi les meilleurs écrivains fantasy là-bas, et pourtant, aucun de vous n'est très reconnu dans votre propre pays.

Ne me lancez pas là-dessus. Tout vient de la classification. Nous avons un cerveau qui rentre dans une boite à chaussure dans un univers si immense qu'il défait la vitesse de la lumière. Au final, nous simplifions les choses constamment en utilisant des étiquettes – qui identifient, interprètent, diminuent en même temps. La fantasy épique, malheureusement, est l'une de ces étiquettes. Et malgré mes premiers espoirs et mes ambitions littéraires démesurées, mon travail n'a pas réussi à s'en défaire.

Grâce à Penguin, j'ai pu attirer un peu d'attention ici et là, et je voudrais parfois pouvoir combiner toute cette attention pour réussir la même chose que Rob Sawyer en terme de médiatisation locale. A mon avis, une partie du problème vient du fait qu'ici au Canada la littérature est très nationaliste – ce qui n'est pas étonnant lorsque l'on considère l'influence écrasante de la culture de masse Américaine – ce qui nous a mené à une introversion presque académique. La seule manière de se faire remarquer est d'écrire à propos du Canada, ce que je n'ai pas encore fait.

Si j'atteins jamais un succès commercial, j'imagine que les choses changeront. Les Canadiens aiment leurs compatriotes qui réussissent à battre les Américains à leur propre jeu. Si j'échoue à cela, j'imagine que je pourrai tenter les implants mammaires ou me mettre à parler de mon cul. Travailler pour Pamela Anderson et Jim Carey.

Après avoir lu The Thousandfold Thought, j'ai dit à tous ceux qui voulaient l'entendre qu'il s'agissait du meilleur roman fantasy à sortir en 2006. Pour ceux qui ne l'ont pas encore lu, et sans trop en dire, que voudriez-vous dire à vos fans à ce sujet ?

Merci pour ça, Pat. Le bouche à bouche a été le premier moteur du Prince du Néant au début. Tout ce dont je peux vous parler et de ce que j'espère avoir accompli. Je voulais créer un monde aussi profond et consistant que la Terre du Milieu, mais aussi insensible et imparfait que le monde réel. Je voulais écrire quelque chose de véritablement épique et fantastique, quelque chose qui soit fidèle au genre, mais en même temps complètement différent de ce que les fans ont lu auparavant. Je voulais raconter une histoire qui, lorsqu'elle sera finie, laisse les lecteurs de tous bords comme s'ils avaient gravi une montagne, même si la véritable dimension de l'ensemble leur échappe.

The Thousandfold Thought est le sommet.

Certains lecteurs ont remarqué qu'il y avait une quantité démesurée de semence dans les séries. Y a-t-il une raison à cela ?

J'ai lu quelque part que l'homme moyen produit assez de sperme dans sa vie pour remplir une baignoire. D'après mes propres estimations, le livre ne contient qu'un petite partie de tout cela – un quart à peu près. Donc, ces lecteurs se trompent...

La semence était magique pour nos ancêtres, bien qu'elle soit devenu un vrai tabou pour nous. Pensez à l'Ancien Testament, qui utilise beaucoup d'encre à parler de la « semence ». Le mot en lui-même nous vient du vieux Français qui vient lui-même du mot Latin pour « semence ». De manière suggestive, le mot en Grec Ancien, s'ma, signifie signe, gage ou signal. Il appartient à un réseau de significations qui sont conceptuellement cruciales, d'après moi. Mais, plus important, c'est le lien visible entre les générations, la corde qui nous lie tous à la génération d'avant et à notre animalité partagée. Quant vous pensez à cela dans le contexte d'Esmenet, qui est le point central de la plupart des références, je pense que vous verrez rapidement que le choix de mes mots est loin d'être gratuit.

Au cours de la trilogie, vous avez montré votre envie d'amener votre histoire sur des chemins peu empruntés. Le lieu du Moyen-Orient, tout comme ses aspects religieux et philosophiques, sont de bons exemples de la manière dont vous amenez la fantasy épique sur des chemins différents. Etait-ce quelque chose sur quoi vous vouliez vraiment travailler, ou est-ce que ça c'est juste présenté comme ça ?

Je pense que c'est simplement venu ainsi. Je voulais quelque chose de cosmopolite, donc l'est de la Méditerranée Hellénistique s'est imposé comme la carrière d'où j'ai extrait la plupart de mes pierres.

Cela vous a-t-il surpris que Penguin Books Canada, qui n'est pas particulièrement connu pour publier de la fantasy, vous donne votre première chance ?

Je ne m'y attendais vraiment pas, mais lorsque vous considérez qu'ils ont publié la Tapisserie de Fionavar de Guy Kay, cela prend tout son sens. Ils font un peu office de laboratoire lorsqu'il s'agit de SF et de fantasy Canadienne.

Comme il n'y avait pas de glossaire dans The Warrior-Prophet, j'ai été un peu surpris d'en voir un dans The Thousandfold Thought. A-t-il été difficile d'imposer l'idée à vos éditeurs ?

Pas du tout, bien qu'ils m'aient demandé de le conserver aussi concis que possible. C'était prévu depuis le tout début. Un coup de chapeau au Retour du Roi.

C'est soit ça, soit du bon vieux vol.

Va-t-on en apprendre plus à propos du Consult ou de l'Inchoroi des rêves de Seswatha, où y aura-t-il plus d'informations dans les prochaines séries ?

Il y aura beaucoup, beaucoup plus d'informations. Je crois que je l'ai dit avant, une plus grande part du monde, surtout lorsqu'il s'agit de Sranc et des Nonmen, sera mise en lumière par la narration. J'en suis étourdi rien que d'y penser.

En parlant des prochaines séries, que pouvez-vous nous dire à propos de The Aspect-Emperor ?

Comme le savent ceux qui fréquentent Three Seas Forum, je suis assez parano au sujet des spoilers potentiels. Je suis du genre à me boucher les oreilles et à chantonner n'importe quoi lorsque l'on parle de quelque chose que je veux lire ou voir. Tout ce que je peux dire est que ça commencera à peu près 20 ans après la fin de The Thousandfold Thought.

Avez-vous des détails au sujet d'une possible tournée de signature pour promouvoir la sortie de votre nouveau roman ? Les fans sont curieux de savoir si vous vous arrêterez près de chez eux ?

Pas pour le moment. Je sais que j'irai à Calgary et Vancouver, mais pas plus.

Honnêtement, pensez-vous que je genre fantasy sera un jour reconnu comme de la véritable littérature ? Pour dire la vérité, je pense qu'il n'y a jamais eu autant de livres de qualité que maintenant, et pourtant, il y a toujours aussi peu de respect (pour ne pas dire aucun) accordé au genre.

Si j'ai mon mot à dire.

J'ai quelques ambitions complètement folles et ébranler la littérature bornée en vogue est l'une d'entre elles. Laissons-les s'agenouiller devant nos prie-dieu pour changer. Amener un genre commercial dans le courant principal de la littérature c'est utiliser le genre comme ressource littéraire pour des lecteurs littéraires. Amener la littérature au genre commercial c'est utiliser la littérature comme une ressource pour des lecteurs populaires. Je ne suis pas intéressé pour chanter dans le chœur, je veux écrire pour des gens qui seront potentiellement offensés par ce que j'ai à dire. Je veux entamer des discussions, pas les ressasser ou mener les gens en bateau. L'ironie, bien sûr, est que c'est ce que la littérature est censée faire, ouvrir des perspectives, pas les boucher. Quelque part en chemin, nous avons perdu de vue cet objectif.

Je suis convaincu que la fracture entre le commercial et le littéraire est artificielle, et que les universités sont à la base de ça, pas les médias (ce qui ne les innocente pas). Les mêmes barrières qui fournissent aux communautés académiques la liberté d'explorer ce qu'elles veulent ont produit des standards de mérite artistique très différents de ceux de la seule culture populaire. Isolez n'importe quelle conversation assez longtemps et elle finira par devenir ésotérique au point d'être incompréhensible. Loin d'être le sommet de la culture contemporaine, les universités sont devenues des vides qui aspirent les individus possédant le talent et la sensibilité dont la culture de masse a tellement besoin, en utilisant des pressions institutionnelles pour formater leurs priorités et leurs goûts (essayez simplement du discuter des vertus de la fantasy épique dans un cours de littérature), et en les mettant au travail là où tout le monde peut râler collectivement sur la commodification de la culture et la crétinisation des masses. Ils nous volent d'une main et osent nous pointer du doigt de l'autre « Regardez comme vous êtes pauvres. »

Il faut souvent prendre sur soi.

Encore merci pour avoir accepté de nous répondre. Je vous souhaite beaucoup de succès pour la sortie de The Thousandfold Thought.

Merci, Pat. Ce fut un plaisir.

Article originel par Patrick St-Denis, le 27 décembre 2005. Un immense merci pour lui !


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